Malgré le scandale auquel doit faire face Volkswagen aux Etats-Unis, le constructeur veut néanmoins y poursuivre son offensive dans le diesel. C’est en effet ce qu’a indiqué cette semaine Matthias Müller dans un entretien accordé à l’hebdomadaire allemand Wirtschaftswoche. « Il n’y a pas de raison de ne pas au moins essayer » a ainsi déclaré le nouveau patron de VW, arguant du fait que « les moteurs diesel modernes » soient « très efficaces et peu polluants ».
Surfant sur la vague de la COP21, il estime par ailleurs que « sans le diesel il sera pratiquement impossible pour notre industrie d’atteindre ses objectifs en matière de réduction des émissions de CO2″ . Malgré les scandales, le diesel propre semble donc toujours être le maître mot, demeurant selon lui un des moyens les plus efficaces à l’heure actuelle pour protéger notre planète autant que faire se peut. En vue d’argumenter ses propos, Matthias Müller a par ailleurs ajouté qu’il n’entrevoyait une augmentation de la demande pour les véhicules électriques qu’entre 2020 et 2025. Affirmant que le marché aura besoin de moteurs diesel au moins jusqu’à cette période. La stratégie de VW pour conquérir les Etats-Unis, fondée sur une volonté d’y imposer des véhicules diesel moins émetteurs de CO2 que les modèles à essence, ne semble donc pas être remise en cause.
Reste que la route de la conquête de l’Amérique sera longue pour les véhicules diesel de Volkswagen. Selon les chiffres publiés mardi, les ventes de VW y ont reculé de 5% sur l’ensemble de l’année 2015. Un net recul dû au gel de la commercialisation des modèles équipés de moteurs diesel de 2 litres et de 3 litres accusés par les Etats-Unis d’être équipés de logiciels truqués.
« Le réajustement du groupe durera deux à trois ans et ne sera pas un jeu d’enfant », a par ailleurs affirmé – lucide – Matthias Müller, pour qui la mise en place des nouvelles structures demeure une étape fondamentale.
Pour tenter de conquérir l’Amérique, VW est prêt à mettre le paquet. En vue de redorer son blason et de se refaire en quelque sorte une virginité, Volkswagen pourrait racheter la bagatelle de 115 000 voitures aux Etats-Unis – soit environ un cinquième des voitures concernées sur le territoire américain – croit savoir le Süddeutsche Zeitung. L’opération pourrait se faire sous forme d’argent sonnant et trébuchant – impliquant des sorties de trésorerie – ou sous forme d’un échange contre un nouveau véhicule assorti d’une très forte remise pour le client, VW faisant alors fi de sa marge au passage.
A noter que ces propos et annonces interviennent alors que les autorités américaines viennent d’intenter une action au civil contre Volkswagen et ses filiales Porsche et Audi pour « violation » des lois américaines antipollution. Une affaire qui pourrait entrainer des charges d’au moins 20 milliards de dollars pour le groupe.
VW a par ailleurs indiqué que Matthias Müller se rendra aux Etats-Unis la semaine prochaine en vue de rencontrer « des dirigeants politiques ». Le journal « L’Expansion » précise quant à lui que le nouveau dirigeant de VW présidera dimanche un rassemblement médiatique à Detroit. Après demande de sa part, il rencontrera ensuite mercredi à Washington Gina McCarthy, la responsable de l’agence environnementale américaine (EPA) qui dirige l’enquête contre les logiciels incriminés.
Sources : AFP, Süddeutsche Zeitung, Wirtschaftswoche, L’Expansion
Elisabeth Studer – www.leblogfinance.com – 08 janvier 2016
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