(Moi, la question que je me pose est "Est-ce que la génétique peut permettre de cibler une population particulière grâce à ses caractéristiques génétiques avec un virus modifié ?" Ca, c'est une question qui l'intéresse. note de rené)
Covid-19 : les formes asymptomatiques expliquées par la génétique ?
En identifiant une variation génétique chez certaines personnes asymptomatiques, les chercheurs pensent avoir mis la main sur un mécanisme qui permet une reconnaissance plus efficace du virus SARS-CoV-2 par le système immunitaire.
Serions-nous enfin capables d'expliquer pourquoi certaines personnes ne tombent pas malades du Covid-19 après avoir été infectées ? Des chercheurs de l'université de Californie à San Francisco et de l'Université La Trobe, en Australie, ont repéré un variant génétique qui empêcherait de développer des symptômes caractéristiques de la maladie, tels qu'un écoulement nasal ou un mal de gorge. Cette découverte, publiée dans la revue Nature , est la première preuve qu'il existe une base génétique aux formes asymptomatiques du Covid-19.
Surnommés les «super esquiveurs» (de l'anglais «super dodgers»), certains des 20% de personnes infectées par le Sars-CoV-2, mais ne présentant aucun symptôme du Covid-19, pourraient en fait détenir un atout génétique rare. Selon les chercheurs, ils sont plus de deux fois plus susceptibles de porter une variation génétique spécifique qui facilite l'élimination du virus. Cette variation, connue sous le nom de «HLA-B*15:01», est portée par l'un des gènes responsables de la production de l'antigène leucocytaire humain (HLA), une protéine jouant un rôle clé dans la reconnaissance des agents pathogènes par le système immunitaire.
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Les chercheurs soupçonnaient le rôle du HLA car ses variations génétiques dans la population déterminent l'efficacité avec laquelle le système de défense des individus combat les maladies infectieuses, dont le Covid-19 mais aussi le HIV par exemple. «Jusqu'à présent, on n'avait pas spécifiquement regardé le rôle du HLA dans les formes asymptomatiques car les études se sont d'abord intéressées aux formes graves», explique Laurent Abel, directeur du laboratoire génétique humaine des maladies infectieuses à l'Inserm. Le problème est que aucun individu ne portant les mêmes variations génétiques du HLA, ou variants HLA, localiser les différences reste fastidieux. Or pour les receveurs et les donneurs d'organes, l'identification de ces variants HLA est systématique car cela permet de prédire la compatibilité du greffon. C'est pourquoi les chercheurs se sont intéressés à 30.000 Américains inscrits sur la liste de donneurs de moelle et pour lesquels ils avaient donc déjà accès aux variants HLA.
20% des super esquiveurs porteurs du variant
Lors de la première année de pandémie, ces 30.000 personnes ont régulièrement été testées alors qu'il n'existait pas encore de vaccin. Les chercheurs ont ainsi pu identifier 1428 personnes positives au Covid-19 entre février 2020 et fin avril 2021. Parmi elles, 136 sont restées asymptomatiques. En comparant les variants HLA des personnes ayant ou non développé des symptômes, l'équipe a pu constater que 20% des individus asymptomatiques étaient porteurs d'au moins une copie du variant HLA-B*15:01, contre 9% des personnes ayant eu des symptômes. Les porteurs des deux copies du variant étaient, eux, huit fois moins susceptibles de développer des symptômes.
Pour comprendre comment cette variation génétique permet aux super esquiveurs de ne pas être malades, les chercheurs se sont intéressés à la manière dont leur système immunitaire réagit au virus responsable du Covid-19. Supposant un lien probable avec l'action des lymphocytes T mémoires, les cellules immunitaires capables de se souvenir des précédentes infections pour mieux les combattre, ils ont pu démontrer leur hypothèse: «Les lymphocytes T des supers esquiveurs portant la variation HLA-B*15:01 et n'ayant jamais été exposées au virus du SARS-CoV-2, semblent être capables de reconnaître rapidement le virus en raison de sa similarité avec d'autres espèces de coronavirus précédents, comme le HCoV-HKU1», explique le Pr Seiamak Bahram, directeur de l'unité Immuno Rhumatologie Moléculaire à l'Inserm et chef de service d'immunologie des hôpitaux universitaires de Strasbourg.
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Cette reconnaissance précoce chez les super esquiveurs permettrait de déclencher une défense plus rapide et efficace contre le virus. Preuve finalement que nous ne sommes pas tous égaux face aux infections. «C'est un peu comme si ces individus avaient bénéficié d'une vaccination naturelle, constate Laurent Abel. Ce qui paraît étonnant en revanche c'est que ces personnes “naturellement vaccinées” devraient aussi faire des formes moins graves. Or cela n'est pas encore vérifié.»
Les auteurs soulignent aussi qu’ils ne sont pas non plus certains de l’implication de cette découverte pour le développement de vaccins ou de traitements. «C'est un effet protecteur relatif. Les vaccins actuels contre le Covid-19 protègent beaucoup plus», souligne le Pr Abel. «Les résultats restent très intéressants pour mieux comprendre la réponse individuelle à une infection, note pour sa part Seiamak Bahram. Mais l'on se doute bien que même après vérification sur d'autres cohortes, les formes asymptomatiques du Covid-19 reposent probablement sur une très grande diversité de facteurs qui ne se limitent pas aux variations du HLA.»
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