Rwanda : les exportations textiles vers les USA lourdement taxées par l’administration Trump
(Ecofin Hebdo) - En réponse à la décision de Paul Kagame de taxer les importations américaines de vêtements d’occasion, Wahington a suspendu les avantages commerciaux dont bénéficiait aux USA le secteur textile rwandais.
Les États-Unis taxent les importations de vêtements rwandais
La guerre commerciale lancée par Donald Trump n’épargne pas l'Afrique. Les Etats-Unis ont suspendu, le 30 juillet 2018, les avantages commerciaux dont bénéficiaient les vêtements importés du Rwanda. Une réponse à la décision de Kigali d’imposer des droits de douanes sur les importations de vêtements d’occasion qui inondent la région et empêchent l’émergence d’une industrie textile locale.
Une décision de Donald Trump «suspend l'octroi de dispense de droits de douane à tous les produits d'habillement originaires du Rwanda», a annoncé le bureau du Représentant américain au Commerce dans un communiqué lundi 30 juillet 2018.
Décidé à renforcer son industrie textile, le Rwanda avait multiplié par 12 en 2016 les droits d'importation sur les vêtements d'occasion (et par 10 sur les chaussures de seconde main), qui viennent principalement des Etats-Unis.
3% des exporations rwandaises
L’Afrique de l’Est importe 1/8e des vêtements déjà utilisés dans le monde selon une étude de l'agence américaine USAid.
La consommation de produits textiles de seconde main est très forte en Afrique. Ils représenteraient plus de 80% de tous les vêtements vendus dans des pays comme le Kenya, le Mozambique, le Nigeria, l’Ouganda, le Rwanda, le Zimbabwe... Même si les habitants ont de plus en plus l’envie et les moyens de s’acheter des habits neufs.
Le Rwanda importe chaque année pour 15 millions de dollars de ce type de textile. Si le pays ne parvient pas à fournir les consommateurs locaux, ce sont les produits chinois à bas coût qui risquent d'en profiter.
Le président rwandais n’a pas cédé
Dès juin 2017, le président rwandais faisait savoir que la menace américaine n’influerait en rien sur la décision de son pays. «Nous sommes mis en situation de devoir choisir: soit d’être le destinataire de textiles de seconde main (…), soit de développer notre industrie textile, ce à quoi les Rwandais ont droit même si c’est au détriment de notre participation à l’AGOA», avait déclaré Paul Kagamé dans le journal tanzanien The Citizen.
Le Rwanda bénéficie d'avantages à l'exportation vers les Etats-Unis dans le cadre de l'AGOA (African Growth and Opportunity Act), un accord commercial mis en place en 2000 pour faciliter les échanges commerciaux entre les USA et l'Afrique. L’accord promeut, dans les domaines de l’agriculture, du textile et de l’artisanat, le commerce et l'investissement dans la partie subsaharienne du continent, grâce notamment à un accès libre de droits de douane au marché américain.
Cavalier seul
Ce n'est donc plus le cas des vêtements produits au Rwanda mais les autres productions de ce pays ne sont pas concernées par la mesure de rétorsion américaine: «Le Rwanda peut encore bénéficier d'avantages hors produits d'habillement», a assuré le Représentant adjoint au Commerce, C.J. Mahoney, cité dans le communiqué.
Kigali fait cavalier seul dans ce combat. Initialement, les pays d'Afrique de l'Est étaient unis dans la lutte contre ce marché de l'occasion mais l'alliance s'est craquelée. Le Kenya, la Tanzanie et l'Ouganda ont reculé devant la crainte d'être sanctionnés par Washington.
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