dimanche 12 août 2018


Facebook veut récupérer les données bancaires de ses utilisateurs
Guillaume Ledit Usbek & Rica 07/08/2018 10:00


Selon le Wall Street Journal, le réseau social aurait entamé des négociations avec plusieurs grandes banques américaines. L'objectif ? Collecter des informations bancaires liées à la situation de ses utilisateurs, comme le solde sur compte courant ou les transactions effectuées par carte. Le tout pour améliorer son application Messenger.
« Réseau social, 1,3 milliard utilisateurs, échange données personnelles de ses utilisateurs contre données bancaires ». Voici l'annonce qu'aurait pu faire passer Mark Zuckerberg auprès des banques.

Après les répercussions du scandale Cambridge Analytica, le réseau social au plus de 1,3 milliard d'utilisateurs ne semble pas décidé à mieux protéger les données de ses utilisateurs, contrairement à ce qu'il laisse croire à grand renfort de spots de publicité sur les écrans américains et britanniques.
Un Messenger pour les gouverner tous 
Il faut ici rappeler que le modèle économique de Facebook en fait un glouton de vos données personnelles, qu'il utilise afin de vous proposer de la publicité ciblée. Et selon des informations révélées lundi 7 août par le Wall Street Journal, le réseau social compte franchir un cap dans l'immixtion dans les affaires de ses utilisateurs.
Facebook serait en effet entré en discussions depuis 2017 avec les plus grandes banques américaines, comme Citgroup, Wells Fargo ou JPMorgan Chase afin de créer de nouveaux services sur sa messagerie Messenger. Rappelons ici que des accords existent déjà aux Etats-Unis, notamment avec des compagnies aériennes, afin de permettre aux utilisateurs du réseau social de réserver un vol via Messenger. 
Facebook Messenger permet également de recevoir sa carte d'embarquement après avoir réservé un vol. Ici, l'exemple de la compagnie KLM, repéré sur The Verge
Et dans le cadre des ces négociations, Facebook aurait demandé à accéder à une partie des données détenues par les banques sur leurs clients. Au menu de ce repas de data : les transactions effectuées par carte bancaire ou encore le solde des comptes courants des clients des banques concernés. Il faut dire qu'il serait bien pratique de connaître la solvabilité d'un utilisateur avant de lui proposer d'acheter un nouveau canapé.
Sauvés par les banques ?
Parce que oui, Facebook a annoncé fin juillet le déploiement de messages publicitaires sur son application Messenger. Par ailleurs, signer un contrat avec certains établissements bancaires pourrait permettre au réseau social de proposer à ses utilisateurs de régler leurs achats directement dans Messenger.
Selon le Wall Street Journal, le réseau social estimerait qu'un tel partage de données personnelles permettrait aux clients de connaître en temps réel l'état de leur compte bancaire via la messagerie de Facebook. Trop sympa. Et en échange, les banques disposeraient d'un accès privilégié afin de cibler aux mieux leurs offres publicitaires. Vraiment trop sympa.
Toujours selon le quotidien économique américain, les banques ne seraient pas enchantées par la proposition du réseau social. Surtout après la polémique liée au scandale Cambridge Analytica, qui aurait notamment fait reculer JPMorgan Chase.

De son côté, et comme d'habitude lorsque des révélations similaires sont portées à la connaissance du public, Facebook dément. « Ce n'est pas vraia affirmé une porte-parole de l'entreprise à CNN. Comme beaucoup d'entreprises, nous avons des partenariats avec des banques et des sociétés de cartes de crédit pour offrir des services de chat. L'idée, c'est que converser avec une banque via un chat est parfois préférable au téléphoneEt l'utilisateur donne son consentement à chaque fois. »
Il est vrai que des fonctionnalités similaires existent déjà sur Messenger, et permettent aux utilisateurs de payer via la messagerie grâce à des partenariats avec American Express, Mastercard ou encore PayPal.
Suffisant pour rassurer les investisseurs, puisqu'à Wall Street, la valeur de l'action Facebook a augmenté de 4,45 % ce lundi, sa plus grand progression depuis la dégringolade de fin juillet. Il reste donc encore un peu de travail pour achever de convaincre une majorité d'utilisateurs que Facebook, comme le résumait John Oliver dans son émission Last Week Tonight, est d'abord et avant tout « un système de surveillance déguisé en réunion de lycéens ».
Facebook est loin d'être le seul à vouloir s'approprier les données bancaires de ses utilisateurs. Les concurrents du réseau social lorgnent également dessus. Amazon ou Google, notamment, souhaiteraient pouvoir associer de telles données à leurs nouveaux joujoux : les assistants vocaux. La guerre pour vos données bancaires ne fait donc que commencer.

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Image à la une : Shutterstock 

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