L'Ontario annule une expérimentation du revenu de base (Canada)
08/08/2018 07:00
Le revenu de base ? Très peu pour le nouveau gouvernement conservateur de l’Ontario. Un mois après son arrivée au pouvoir, les autorités de cet Etat du Canada ont annoncé la fin de l’expérimentation mise en place par le gouvernement précédent. Ce projet concernait 4 000 personnes en situation de précarité.
Peut-être n’aurons-nous décidément jamais le fin mot de l’histoire : si l’idée du revenu universel n’est pas nouvelle et connaît plusieurs formes, les expérimentations à « grande » échelle et à long terme menées par un gouvernement sont rares. Et donc précieuses lorsqu'il s'agit de savoir si une telle initiative ou ses dérivés (revenu de base, revenu minimum garanti...) sont viables sur le long terme. Le sujet est pourtant plus que jamais d’actualité : il serait donc temps de savoir s’il est à ranger définitivement dans le placard des utopies.
Réduire la pauvreté
Telle était bien l’intention du gouvernement libéral, au sens anglo-saxon du terme, qui dirigeait la province de l’Ontario jusqu’en juin. Les autorités de l'époque ont décidé la mise en place de l’une des plus importantes expériences de revenu de base.
Convaincu que réduire la pauvreté serait rentable économiquement, le gouvernement a sélectionné 4 000 individus parmi quatre villes au nord-est de Toronto pour participer à l’expérience. Parmi eux, les personnes célibataires pouvaient économiser, sous la forme d'un crédit d'impôt, 17 000 dollars canadien par an (soit 942 euros par mois), et les couples 24 000 dollars canadien (soit 1 330 euros mensuels). Les conditions de vie de ces personnes avaient en amont été jugées précaires, étant entendu que le but du projet était de faire franchir en sorte que les participants à l'expérience sortent de la pauvreté. Le projet piltote disposait d'un budget de 50 millions de dollars canadien par mois. Sous cette forme, la diffusion de ce revenu de base dans l’ensemble du pays a été chiffré à 43 milliards de dollars canadien.
Le revenu de base à l'eau
Malgré tout l’argent déjà investi, le nouveau gouvernement provincial élu en juin a décidé de faire machine arrière. La ministre de l’Ontario en charge des services sociaux, Lisa MacLeod, a annoncé le 31 juillet que le projet prendrait fin.
C’est quelques mois à peine après l’arrêt de l’expérience finlandaise, le gouvernement ayant jugé que le dispositif n’incitait pas les bénéficiaires à chercher un emploi. Après avoir laissé entendre au cours de sa campagne qu’il n’y toucherait pas, le gouvernement canadien assure, de son côté, que ce programme n’est pas viable car trop onéreux. « Ce n’est clairement pas la solution pour les familles de l’Ontario », insistait MacLeod lors de l’annonce publique.
Aucun chiffre ni étude n’accompagnait l'annonce, et aucune nouvelle proposition n'était faite pour réduire la pauvreté. Simplement une promesse que le gouvernement ferait en sorte de mettre fin au programme de manière « éthique ».
De maigres résultats
Si l'expérience aura été trop courte pour en tirer des conclusions définitives, les témoignages recueillis par la MIT Review semblent indiquer que les bénéficiaires de cette manne financière en faisait un usage raisonné.
Certains assurent ainsi que cette somme mensuelle a grandement soulagé leur quotidien, que ce soit pour acheter de la nourriture de meilleure qualité ou pour permettre à leur commerce de se maintenir à flot. D’autres ont investi cette somme dans un projet à long terme ou ont pris le temps de se former et changer d'orientation professionnelle. D’autres encore ont fait le choix de conserver un emploi épanouissant mais qui ne rapportait pas assez pour vivre correctement.
En 2016, 1 enfant canadien sur 5 vivait dans la pauvreté / Crédit : Shutterstock
L'expérimentation de ce revenu minimum garanti n'était donc pas pensée pour pallier aux enjeux (controversés) de l’automatisation à venir d'un certain nombre d'emploi en raison du développement des technologies. Le montant canadien est trop faible pour permettre aux foyers de ne pas travailler du tout, dans le cas où l’automatisation serait aussi massive qu’il faudrait trouver une manière de faire vivre une très large partie de la population sans emploi.
Pourtant, des acteurs importants de la Silicon Valley tels que le co-fondateur de Facebook Chris Hugues ou encore Mark Zuckerberg se sont récemment prononcés pour une forme de revenu universel. Il leur faudra encore attendre avant de pouvoir accéder à des chiffres fiables pour penser le futur de manière efficace, puisque aucun des essais n'a encore été mené jusqu'à son terme.
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