lundi 13 août 2018

Incendies en Californie : les Etats-Unis face aux conséquences de leurs actes

via Agoravox
Incendies Californie
La nature semble s'acharner sur l'Oncle Sam, à moins que ce ne soit l'inverse… Depuis la fin du mois de juillet, la Californie fait face à la pire série d'incendies de son histoire. Dix-huit foyers (dont huit majeurs) font rage : ils auraient dévoré à l'heure actuelle plus de 120 000 hectares. Le plus grand incendie, baptisé "Mendocino Complex Fire" a ainsi dévasté une surface équivalente à la ville de Los Angeles et sa périphérie : environ cent kilomètres sur soixante-dix. Un record qui bat celui de l'incendie Thomas ayant ravagé 114 000 hectares en octobre 2017. Ce nouvel incendie, qui a déjà fait dix morts et une trentaine de blessés, risque de durer encore plusieurs semaines d'après Cal Fire, le service californien de lutte contre le feu : "dans le meilleur des cas, nous devrions le contenir d'ici septembre", déclarait Scott McLean, porte-parole de l'organisation. En attendant, plus de 20 000 personnes ont été évacuées, tandis que 7 000 ont vu leur logement devenir la proie des flammes. Le coût financier de cette nouvelle série meurtrière pourrait dépasser les deux milliards de dollars. Les dommages causés par l'incendie Thomas s'élevaient à 1,8 milliards auxquels s'ajoutaient 177 millions de dépenses pour la mission des pompiers tout au long du mois d'octobre. La Maison Blanche a d'ores et déjà décrété l'état de catastrophe naturelle et débloqué des fonds fédéraux.
Pour tenter d'enrayer ce monstre de feu, Canadairs et hélicoptères larguent du "retardant" (mélange d'eau et de fertilisants) sur la végétation autour de l'incendie. Devant l'étendue des dégâts, l'État de Californie aurait doublé ses stocks de retardant : 5 millions de gallons (soit 19 millions de litres) au lieu de 2 millions l'année dernière. L'État a également du faire appel à un Boeing 747 capable de contenir 72 000 litres du fameux liquide. Pour rappel, 30 000 pompiers sont dépêchés sur place et luttent jour et nuit avec un rythme de 24 heures en mission et 24 heures de repos.
L'Ouest états-unien fait face depuis plusieurs années à ces "méga-feux" dévastateurs qui peuvent durer des semaines, voire des mois, et engendrer un coût colossal tant sur le plan humain et financier qu'environnemental. "C'est une nouvelle normalité avec laquelle nous devons composer", a déclaré Jerry Brown, le gouverneur de l'État de Californie, pour décrire la multiplication inquiétante de ces incendies depuis 2015, et en a profité pour dénoncer le changement climatique qu'il tient pour responsable du phénomène.
De fait, plusieurs raisons expliquent la résilience de ces méga-incendies. Le climat méditerranéen de la Californie, particulièrement chaud et sec en été, trouve un combustible de choix dans les larges étendues boisées de la côte Ouest. Car, contrairement à l'Europe où les siècles d'activité humaine ont réduit et fragmenté les forêts, l'Amérique possède des espaces forestiers non-altérés et d'une taille conséquente. Le changement climatique, indéniable au vu des statistiques météorologiques, a effectivement accru la prégnance du phénomène. Si la "saison des incendies" était contenue entre juin et septembre à la fin du siècle dernier, il s'étend désormais de début mars à fin octobre. Enfin, l'Agence Nationale de l'Environnement note une fonte croissante du manteau neigeux dans les sommets montagneux de Californie. Pour rappel, le président Trump a retiré son pays de l'Accord de Paris, en prétextant que le réchauffement climatique serait une "fake news".
La végétation californienne est également propice à l'embrasement. La côte Ouest est en effet couverte de chaparrals (équivalent de la garrigue française) un ensemble d'herbes et de buissons très fins qui sèchent extrêmement vite (surtout face aux vents secs de Santa Anna soufflant en été) et deviennent dès lors un combustible de choix pour l'extension des incendies. Il faut aussi compter les arbres morts suite aux vagues successives de sécheresse qu'enregistre la Californie depuis le début du siècle. Scott McLean, porte-parole du département californien des Eaux et Forêts estime leur nombre à 129 millions. Or, en raison du climat spécifique californien, l'humidité présente dans ces arbres morts n'excède pas 4% (alors qu'il est de 10 à 14% dans un bois desséché normal), ce qui contribue encore plus à attiser les incendies et à favoriser leur expansion fulgurante. Il faut aussi rappeler que ces incendies peuvent s'auto-entretenir grâce au vent : des tourbillons de feu se forment et envoient des particules incandescentes à des endroits où le feu n'a pas encore pris, ce qui crée de nouveaux foyers. "Un foyer de quelques centimètres peut passer à cinquante mètres en 30 secondes", affirme un pompier états-unien à nos confrères d'Europe 1.
La principale responsabilité échoit néanmoins à l'être humain. D'après Cal Fire, si la foudre est responsable de certains départs de feux, 95% des incendies sont causés par des humains. Rarement de nature criminelle, ils peuvent se produire à cause "d'une ligne électrique qui tombe au sol, d'étincelles le long d’une ligne de chemin de fer ou de braises qui s'échappent d'un barbecue", déclare Thomas Curt, chercheur à l'IRSTEA. Le risque est d'autant plus grand que 15% des logements californiens sont situés à proximité d'une zone inflammable d'après le journal Wired.
D'autre part, les Yankees sont statistiquement les plus gros pollueurs au monde en matière d'émission de dioxyde de carbone : un quart de l'émission mondiale. De fait, depuis 1960, l'Oncle Sam aurait émis 272 milliards de tonnes de CO2, ce qui les classe loin devant la Chine et la Russie. Selon le Global Carbon Atlas, chaque États-Unien émettrait environ 17 tonnes de CO2 par an, soit presque deux fois plus que les Chinois. Les principales causes d'une telle surémission sont l'agriculture, la production d'énergie et bien sûr les transports. Outre la pollution ordinaire (les USA comptent environ 140 millions de voitures particulières), il y existe certaines pratiques idéologiques encourageant cette dernière : le rollin' coal, par exemple, consistant tout simplement à modifier son moteur diesel afin qu'il émette une épaisse fumée noire et donc plus de dioxyde de carbone ; cela peut aussi se faire en enlevant le filtre à particules. Cette activité serait pratiquée par plusieurs centaines de milliers d'automobilistes aux USA, en majorité des électeurs de Trump qui souhaitent "protester" contre les nouvelles normes environnementales vécues comme contraignantes, ou simplement pour choquer les conducteurs de voitures écolos en leur adressant au passage un doigt d'honneur. Polluer pour le plaisir, vous avez bien lu.
Si les États-Unis battent tous les records en termes d'émission de CO2, ils se classent également premiers dans la catégorie "pollution électronique", loin devant la Chine qui ne produit "que" 5 millions de tonnes de déchets électriques et électroniques. L'Amérique en produit 7,2 millions de tonnes chaque année. Enfin, les USA sont le plus grand gaspilleur mondial d'eau. Là où un Ghanéen consomme au mieux 10 litres d'eau par jour, un États-Unien en consomme plus de 250. Notons que parmi toutes les catégories "raciales" que compte l'Amérique, le record de la consommation et de la pollution revient aux Blancs. Ces derniers monopolisent en effet plus de trois quarts de la richesse nationale et semblent de plus peu soucieux de leur impact écologique. Les minorités (en particulier les Amérindiens) sont pour leur part plus sensibles à ces questions d'ordre environnemental. Les Navajos avaient ainsi adressé une pétition au président Obama en 2015, dans laquelle ils dénonçaient la pollution des rivières au mercure et à l'arsenic.
"Les Américains sont le seul peuple à être passé directement de la barbarie à la décadence sans passer par ce que l'on nomme ailleurs : Civilisation", disait ce cher Clémenceau qui n'aurait sans doute pas renié un iota de cette sage maxime face à de tels agissements. Comment plaindre un peuple qui, par un mélange de cupidité et d'irresponsabilité, creuse sa propre tombe ? Si "dame Nature" sort ses griffes face aux Yankees, peut-être est-ce parce que ces derniers ont trop agité le chiffon rouge devant elle.
(Les villes, l'agriculture et surtout l'exploitation de gaz et pétrole de schiste, assèchent les terres. Après, les hommes paient ce dont l'industrie est responsable. C'est un nouveau modèle de développement industriel que doivent imposer les états victimes de grands incendie. Respecter l'eau, c'est respecter l'homme. Les multinationales engrangent du fric, le peuple trinque. note de rené)

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