Les assureurs allemands confrontés au dilemme des taux bas
source : Les Echos
La Cour fédérale de justice de Karlsruhe (photo) vient de donner un coup de pouce aux assureurs allemands. Les juges les ont autorisés mercredi à réduire la part de leurs profits réalisés sur les marchés grâce à l'argent de leurs clients et reversée à ces derniers à l'expiration de leur contrat. - SIPA
Plus d'un tiers des assureurs du pays pourraient rencontrer des difficultés financières en raison de l'environnement des taux bas. Une décision de justice leur donne un peu d'air.
Comment continuer de verser les confortables rendements prévus par les anciens contrats d'assurance-vie lorsque les taux d'intérêt restent coincés à des niveaux très bas ? C'est le dilemme auquel sont confrontés les assureurs allemands, à qui la Cour fédérale de justice de Karlsruhe vient de donner un coup de pouce.
Les juges ont autorisé mercredi les assureurs à diminuer certains versements complémentaires octroyés à leurs clients au moment de la fermeture de leur contrat. Ces versements correspondaient à des profits réalisés par les assureurs en plaçant l'argent des épargnants sur les marchés. Jusqu'à une loi de 2014, les assurés percevaient ainsi à l'expiration de leur contrat la moitié de ces profits, en plus de leur capital garanti.
Derrière le jugement, une question d'équité entre générations : la Cour confirme la validité de cette loi - mise en cause par les assurés - qui visait à aider les assureurs à verser le capital garanti à l'ensemble des assurés, alors même que l'environnement de taux bas rend l'exercice beaucoup plus compliqué.
Mort du modèle commercial
La décision de justice permet donc aux groupes d'assurance de garder la main sur un magot d'environ 132 milliards d'euros, notamment composé de vieilles obligations souveraines dont la valeur a été récemment gonflée par la faiblesse des taux et qu'ils auraient été contraints de céder pour verser leurs parts à leurs clients.
Les juges offrent ce faisant à la branche « une marge de manoeuvre » pour « enterrer convenablement un modèle commercial qui n'existe plus », estime la « Frankfurter Allgemeine Zeitung ».
Si l'ensemble du secteur souffre de la faiblesse des rendements sur les marchés, « les assureurs allemands et autrichiens sont plus touchés car les contrats d'assurance-vie y sont traditionnellement proposés avec des taux d'intérêt garantis », rappelle Klaus Wiener, chef économiste à la fédération allemande de l'assurance (GDV).
Surveillance de la Bafin
Un rapport publié mercredi par le ministre allemand des Finances précise l'ampleur du problème : 34 des 84 assureurs allemands risquent de rencontrer des problèmes financiers « sur le moyen à long terme » et font l'objet d'une « surveillance renforcée » de l'autorité allemande des marchés financiers (Bafin). Pour soulager la pression financière qui pèse sur les assureurs , le ministère propose de revoir le mode de calcul d'une cagnotte créée en 2011 pour les aider à respecter leurs obligations financières en dépit des taux bas. Cette réserve obligatoire s'élevait à près de 60 milliards d'euros en 2017.
Pauline Houédé
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