lundi 14 mai 2018

Législatives en Irak : les deux listes antisystème en tête, le premier ministre distancé

Selon des résultats partiels, l’alliance du chef religieux chiite Moqtada Al-Sadr et des communistes arrive en tête dans six provinces sur 18.
Le Monde.fr avec AFP et Reuters |  • Mis à jour le 
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Des partisans du chef religieux chiite Moqtada Al-Sadr (en portrait encadré), à Bagdad, après l’annonce des résultats des législatives, le 14 mai.

Les Irakiens ont marqué leur rejet de la classe politique en plaçant en tête des législatives du samedi 12 mai deux listes antisystème lors des premières élections organisées depuis la victoire militaire sur le groupe Etat islamique (EI)fin 2017. Les listes ont devancé celle du premier ministre sortant Haïder Al-Abadi, selon des résultats partiels diffusés dans la nuit de dimanche à lundi.

La marche pour les réformes, alliance inédite du chef religieux chiite Moqtada Al-Sadr et des communistes sur un programme anticorruption, arrive en tête dans six des 18 provinces, dont Bagdad, et en seconde position dans quatre autres. Ses partisans, qui manifestent chaque semaine contre la corruption à travers le pays, étaient rassemblés dimanche à Bagdad pour célébrer « la victoire sur les corrompus » et « une nouvelle étape pour le peuple irakien ».
L’Alliance de la Conquête du Hachd al-Chaabi, supplétif de l’armée proche de l’Iran, prend, elle, la tête dans quatre provinces, dont la ville méridionale de Bassora. Elle est en seconde position dans huit autres.
Des employés de la commission électorale examinent l’impression des résultats provenant des machines à voter, à Najaf, le 13 mai.
Dans un premier temps donné en tête par différents responsables politiques, le premier ministre est devancé dans toutes les provinces à l’exception de celle de Ninive, dont le chef-lieu est Mossoul, l’ancienne « capitale » de l’EI, d’où M. Abadi avait annoncé la « libération » en juillet 2017.

Forte abstention

Selon la commission électorale, 44,52 % des inscrits ont voté, soit la participation la plus basse depuis la chute du régime de Saddam Hussein en 2003.
« On n’a plus confiance », a expliqué à l’AFP Naufel Nafea, 24 ans, qui n’a pas voté. « Avant les élections, les candidats nous contactaient, j’ai même encore des messages d’eux sur mon téléphone », raconte cet Irakien chômeur malgré son diplôme d’ingénieur pétrolier. Mais, « dès la clôture du vote, ils ont éteint leurs téléphones ». Dans un pays où les jeunes représentent 60 % de la population, ils ont été les grands absents de ce scrutin.
Indépendamment de leur province ou leur confession, ceux qui ont voté ont dit vouloir de « nouvelles têtes » pour amener du sang neuf dans une classe politique inamovible depuis 15 ans. L’abstention a été moindre parmi les Kurdes et à Mossoul, nouvellement libérée du joug des djihadistes.
Dans la province multi-ethnique de Kirkouk, les rivalités entre Kurdes, Arabes et Turkmènes ont suscité des échauffourées et pourraient mener à un recomptage manuel des voix.
La liste du vice-président laïc Iyad Allaoui, bien placée dans les régions sunnites, reste la première force représentant cette minorité.
Mais ailleurs, notamment à Bagdad, où la participation n’atteint que 32 %, selon des sources à la commission électorale, « les Irakiens avaient le sentiment que les jeux étaient faits, les élections étaient pré-packagées », affirme Karim Emile Bitar, directeur de recherches à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).

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