Sénégal: Vaccination contre la fièvre jaune, voici les véritables raisons du recul du ministre Maimouna Ndoye Seck
L’aéroport international Blaise Diagne de Dakar va accueillir une unité médicale chargée de faire vacciner les passagers à l’arrivée. Cette décision entreprise par le ministre de la santé publique et de l’action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, a été signifiée au ministre des transports aériens, Maïmouna Ndoye Seck, en vue de son exécution. Cette semaine, par le canal des syndicats des agences de voyages et de tourisme, un communiqué a été envoyé à tous les acteurs du domaine comme aux travailleurs de l’aéroport pour les informer du nouveau « dispositif de vaccination des voyageurs contre la fièvre jaune à l’arrivée de l’AIBD. »
Voulant se «conformer aux recommandations du règlement sanitaire international (RSI)», le ministre Maïmouna Ndoye Seck voudrait que tous les passagers soient soumis à une vérification systématique de leur carnet sanitaire, pour voir s’ils ont déjà reçu une dose de vaccin contre la fièvre jaune. « Les passagers non détenteurs de carnet de vaccination ou dont le carnet n’est pas à jour« , montrant la prise effective de ce-dit vaccin doivent être soumis à une injection à Dakar.
Si elle venait à être mise à exécution, cette décision du gouvernement sénégalais risque d’être attaquée devant les tribunaux. Et elle va ouvrir la porte à toutes sortes de dérives. Nulle part, au monde, on a vu un pays rendre obligatoire la vaccination pour rentrer sur son territoire. Comme, il est de notoriété publique que nul ne peut inoculer une substance quelconque à autrui sans son consentement. Alors, face à ces deux principes fondamentaux des droits inaliénables de l’homme, que peut faire le Sénégal ? Doit-il interdire l’entrée du territoire à ses nationaux résidents à l’étranger et voulant revenir au pays sans le carnet de vaccination ? Ou va-t-il les faire vacciner de force ; au cas ils ne voudront pas de ces doses dont ils ne connaissent rien? Telles sont les grandes questions dont la réponse va, inéluctablement, engager la survie de cette mesure.
Aussi, considérée comme une infection bactérienne en voie d’éradication, la fièvre jaune ne fait plus parties des urgences épidémiologiques de l’OMS. Elle a complètement disparu du globe terrestre depuis plusieurs années; en dehors de quelques rares pays où des risques réels existent: Afghanistan, au Pakistan, en Angola, en Argentine, en Côte d’Ivoire…et au Brésil.
C’est à ce dernier pays que l’Organisation mondiale de la santé a, d’ailleurs, consacré sa dernière alerte, en novembre dernier, avec la découverte de deux cas confirmés dont l’un a été mortel. Mais, malgré l’existence de cas avérés, dans ce pays, l’OMS a conclu que « le risque de propagation à l’échelle régionale est considéré comme faible compte tenu du haut niveau de couverture vaccinale dans les pays voisins. » Et aucun pays au monde n’a « décidé » de faire vacciner tous les passagers dont le carnet sanitaire ne porte pas la mention « fièvre jaune ». En dehors du Sénégal où le ministre « décide », dans tous les pays de droit, les rédacteurs des communiqués parlent plutôt de « conseils » et de « recommandations. » Ce sont là, des termes courtois qui permettent de faire passer des arrêtés ministériels destinés à l’opinion.
Pourtant, même en Amérique latine où de nombreux cas isolés ont été signalés, ces derniers temps, l’OMS n’a pas envisagé de forcer les citoyens à s’inoculer ce vaccin contre la fièvre jaune. Jugé efficace contre tout le groupe des endémies ciblées par le PEV, le programme élargi de vaccination, « le vaccin antiamaril confère une protection qui se prolonge pendant la vie entière du sujet vacciné. Aucun rappel de vaccination n’est nécessaire. » Comme au Sénégal, les citoyens de la plupart des pays du monde ont déjà reçu ce vaccin, et on ne comprend pas qu’à Dakar on veuille le leur faire à nouveau. Parce que, si l’on en croit cette annexe 7 du Règlement sanitaire international (2005), -référence du ministre sénégalais-« une seule dose de vaccin antiamaril suffit pour être immunisé à vie. »
Pour ne pas être amené à refaire ce vaccin, inutilement, ou faire face à des tracasseries policières qui peuvent avoir des conséquences fâcheuses, Mariama Diallo, -une professionnelle de la santé résidant en France- recommande aux candidats au séjour de Dakar de « se rendre auprès de leur médecin traitant et faire un bilan de santé afin d’obtenir un certificat de contrôle de l’immunité de la fièvre jaune. C’est une prise de sang simple ; au cours de laquelle le médecin va mesurer le taux d’anticorps du patient. Et voir si il est toujours sous immunité de la fièvre jaune. » N’étant pas sans conséquence, les vaccins sont susceptibles de créer de nouvelles pathologies aux personnes à la santé fragile.
Aussi, l’un des tous derniers scandales, mettant en exergue des connivences suspectes et des conflits d’intérêts entre des lobbies pharmaceutiques, l’Oms et des gouvernements africains, est encore frais dans les mémoires. En 2009, pour écouler des vaccins qui ne trouvaient pas d’acquéreurs, l’Oms avait créé une fausse pandémie de grippe A (H1N1). Face à la gravité des déclarations alarmistes des médecins, les médias avaient amplifié la peur poussant tout le monde à s’acheter le fameux vaccin « pour ne pas mourir de cette maladie dangereuse. » Au terme d’une course folle pour s’inoculer ce vaccin, des experts révoltés avaient cassé le deal ; en mettant en cause des hauts responsables de l’OMS impliqués dans un complot visant à s’enrichir par nos peurs.
Sous la direction de Mme Marguerite Chan, l’Oms s’était défendue de connivence et a promis de faire toute la lumière sur cette nébuleuse. Mais, depuis lors, aucun résultat de l’enquête n’a été présentée à l’opinion. Pour la petite histoire, alors que la France était empêtrée dans ce scandale qui allait perdre Nicolas Sarkozy -avec l’achat de stocks évalué à plus 1000 milliards d’Euros dépensés pour acquérir des doses inutiles-, Roseline Bachelot avait réussi la prouesse de fourguer une partie de ces produits au ministre de la santé du Sénégal. Fier de son chef d’œuvre, Modou Diagne Fada avait invité les journalistes sénégalais pour leur présenter sa trouvaille : faire vacciner tous les Sénégalais contre une grippe aviaire qui n’a jamais existé.
Par Babacar Touré ( kewoulo)
(Une bonne raison de ne pas aller au Sénégal. note de rené)
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