mercredi 21 février 2018

Violents combats dans la Ghouta, près de Damas : mais qui assiège qui ? (VIDEO)

Violents combats dans la Ghouta, près de Damas : mais qui assiège qui ? (VIDEO)
Un panache de fumée s'élève dans le quartier d'Hamouriyeh, dans la Ghouta, près de Damas le 21 février 2018, photo ©Bassam Khabieh/Reuters
Les tirs de mortier qui ont lieu depuis le 18 février dans l'est de Damas témoignent de la réactivation d'al-Nosra et de groupes armés islamistes anti-Damas mais les médias occidentaux préfèrent se concentrer sur les répliques de l'armée syrienne.
La bataille autour du récit du conflit syrien reprend de plus belle en même temps que les milices djihadistes tentent de réactiver le conflit après les défaites de Daesh en 2017, notamment dans la région de la Ghouta, à l'est de l'agglomération de Damas.
Les médias occidentaux brossent ainsi le tableau de «quartiers assiégés par le régime». «Pour la quatrième journée consécutive, les avions du régime ont largué bombes et barils d'explosifs sur le fief rebelle de la Ghouta orientale près de Damas tuant au moins 24 civils, malgré les protestations internationales pour stopper le bain de sang», rapporte ainsi l'AFP ce 21 février.
«Depuis le début dimanche d'une nouvelle campagne aérienne contre cette enclave où sont assiégés quelque 400 000 habitants», affirme encore l'agence reprenant le chiffre de la population totale de la vaste région de la Ghouta, qui comprend des zones urbaines et de vastes terrains agricoles. «296 civils, dont 71 enfants et 42 femmes, ont été tués et quelque 1 400 blessés», poursuit l'agence qui prend ses informations, encore et toujours, auprès du controversé Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), basé à Londres, et qui lui-même reprend des informations... données sur le terrain par les rebelles ou encore l'organisation humanitaire également très controversée des Casques blancs.

Tirs «rebelles» de mortiers sur des quartiers résidentiels, Damas réplique

Pourtant cette version des combats semble omettre quelques éléments de compréhension d'événements plus complexes. Contactée par RT France, la journaliste de la télévision publique syrienne Rabab al-Dahak, décrit une situation un peu moins manichéenne. «La journée a été sanglante à Damas : neuf civils ont été tués et 43 autres blessés par les roquettes et les obus de mortier tirés par les groupes armés [rebelles] positionnés dans la Ghouta-Est», a-t-elle témoigné le 20 février, interrogée par RT France.

«Des dizaines de roquettes se sont abattues sur les places principales de la ville [...] ainsi que sur les quartiers. La banlieue de Damas a également été prise pour cible [...] des colonnes de fumées ont été vues en plusieurs endroits», affirme encore la journaliste, rapportant que des obus tirés par les rebelles avait également atterri sur des territoires agricoles de la Ghouta.
Front al-Nosra, Armée de l'islam et Ahrar al-Cham al-Islamyya
«L'offensive de grande envergure [de l'armée syrienne] a été lancée [le 18 février] pour mettre fin aux actes d'hostilité [des rebelles] depuis la Ghouta-Est», a-t-elle confirmé, désignant les groupes djihadistes à l'œuvre, selon elle : le Fatah al-Cham (alias Front al-Nosra), la Fayaq al-Rahmane («Légion du Tout miséricordieux), L'Armée de l'islam et le groupe rebelle salafiste Ahrar al-Cham al-Islamyya.

Nos partenaires occidentaux préfèrent faire du bruit sans donner les raisons de ce qui se passe aujourd'hui
S'exprimant lors d'une conférence les 19 et 20 février du Club Valdaï consacrée au Moyen-Orient, le ministre russe des affaires étrangère Sergueï Lavrov a dénoncé la narration très partielle et partiale, selon lui, des belligérants occidentaux.
«[Les Occidentaux] se focalisent sur la situation humanitaire à Idlib et dans la Ghouta orientale. Et en même temps, ils cachent le fait que les actions de l'armée syrienne visent le Front al-Nosra [renommé en 2016 Fatah al-Cham]», a-t-il affirmé. «[Ceux-ci] effectuent des tirs depuis la Ghouta orientale sur des quartiers résidentiels de Damas, y compris l'ambassade russe». «Néanmoins, nos partenaires occidentaux préfèrent faire du bruit autour de ces deux régions sans donner les raisons de ce qui se passe aujourd'hui», a-t-il encore martelé, pointant du doigt l'offensive de Fatah al-Cham et des autres groupes islamistes.

Moscou réclame une réunion d'urgence

Le 21 février, l'ambassadeur de la Russie à l'ONU Vassily Nebenzia a réclamé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité pour aborder la situation de la Ghouta.
«Cela est nécessaire [...] pour s'assurer que toutes les parties puissent présenter leur vision, leur analyse de cette situation et présenter des voies pour sortir de cette situation», a-t-il déclaré devant les 15 membres du Conseil.

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