lundi 15 mai 2017

Nomination d'Édouard Philippe, quid de l'affaire UraMin-Areva?
Édouard Philippe vient d'être nommé premier ministre. Il a été directeur des affaires publiques d'Areva entre 2007 et 2010. Pour la recherche de la vérité dans l'affaire UraMin, pour laquelle deux instructions judiciaires sont ouvertes, un obstacle, ou bien une chance ?
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Emmanuel Macron vient de nommer Edouard Philippe premier ministre.  Certains imaginent déjà que les responsabilités passées du nouveau premier ministre chez Areva, soit directeur des affaires publiques du groupe entre 2007 et 2010, représentent un problème potentiel.
Pour être immergé personnellement dans le dossier UraMin depuis des années, je peux affirmer que jamais le nom d'Édouard Philippe n'est apparu à aucun moment dans le dossier, et surtout que jamais Édouard Philippe n'a été en position de décision dans l'acquisition des trois gisements africains fantômes d'uranium. Certes, le nouveau premier ministre exerçait des responsabilités chez Areva pendant la période critique de post-acquisition d'UraMin, certes il rendait compte de ses activités à la présidente du directoire, Anne Lauvergeon, mais son domaine de compétences ne s'étendait en rien à cette OPA, et à ses conséquences. J'en profite pour écrire ici à nouveau que les victimes immédiates de l'affaire UraMin sont d'abord les 40.000 salariés d'Areva, en rien responsables des errements de management, salariés qui sont restés fiers des capacités de leur entreprise publique, et qui les premiers souffrent de la dégradation financière de leur groupe, de son irrémédiable démantèlement, mais encore de l'image abîmée d'une grande ambition française.
Cependant, la question qui prévaut aujourd'hui sur ce dossier demeure la volonté de l'État de faire toute la lumière dans cette affaire exemplaire des dérives de la Vème République. Notre nouveau premier ministre, incarnant comme le président de la République, le renouveau, voire la renaissance, saura-t-il imprimer les efforts nécessaires pour aller au bout des instructions ouvertes, c'est-à-dire apporter à la justice les moyens adéquats pour poursuivre le travail en cours ? Ne perdons jamais de vue que l'État a perdu plus de 3 milliards d'euros dans cette opération. C'est donc à l'État, à la hauteur des pertes et à celle du naufrage industriel, de soutenir la recherche de la vérité dans l'affaire UraMin. Et de garantir aussi, l'indépendance du cours de la justice.
Je me suis souvent ému, ici, et dans mon ouvrage-document publié sur cette acquisition ("Une affaire atomique") des proximités troublantes et déconcertantes que François Hollande continuait d'entretenir avec Anne Lauvergeon, mise en cause dans l'affaire, proximités pouvant remettre en cause justement le principe d'indépendance de la justice, et pouvant apparaître comme un instrument de pression sur les enquêteurs, mais encore sur les témoins. L'un des objectifs d'Emmanuel Macron est de fermer le chapitre de "l'ancien monde", celui du mélange des genres. L'une des premières lois présentées devant le Parlement par son gouvernement sera celle de la moralisation de la vie publique, qui ne peut exclure la moralisation de la conduite des entreprises publiques. C'est là une chance unique de tourner une page peu glorieuse de notre gouvernance des entreprises d'État. Faire toute la lumière dans le dossier UraMin, y compris celle qui pourrait bousculer les intérêts de l'État, représenterait un signal fort, emblématique, au service aussi de la crédibilité de notre filière énergétique.
Comme de nombreux Français, je suis séduit par les espoirs générés par l'élection d'Emmanuel Macron. Mais j'ai coché une case grise sur le questionnaire à encore remplir. À la ligne UraMin. Cette affaire demeure une bombe à retardement, l'un des dossiers radioactifs abandonnés par l'ancien régime au nouveau pouvoir. Considérant le poids des réseaux, celui d'intérêts opaques, celui des secrets d'un lourd passé, la résolution du cas UraMin représente un véritable défi. Un de plus, pour Emmanuel Macron, et son premier ministre, plus encore concerné, puisqu'étant passé par de hautes responsabilités chez Areva.
Chiche ? En marche, aussi, vers la vérité de l'affaire UraMin ?

(Ah, ouais, Areva a acquis trois mines fantômes d'uranium, sans compter celle du Canada qui a plombé ses comptes et ils sortent de l'Ena les dirigeants qui se succèdent à sa tête. Et, ils vont rendre des comptes à qui ses beaux messieurs et dame, anne lauvergeon, responsable de ce dernier achat. note de rené)

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