Les États-Unis seront perdants s'ils se lancent dans une guerre commerciale avec la Chine
le Quotidien du Peuple en ligne | 15.02.2017 15h07
Un docker chinois surveille de près le déchargement de conteneurs dans le port de Qingdao, dans la province du Shandong. |
Pendant sa campagne électorale, le Président américain Donald Trump a menacé d'imposer des droits de douane de 45% sur les importations chinoises pour contraindre la Chine à renégocier sa balance commerciale avec les États-Unis. Le résultat immédiat serait une guerre commerciale féroce que les États-Unis perdraient presque certainement. Et même si nous ne savons pas encore si Donald Trump mettra cette menace à exécution, son abandon de l'Accord de partenariat trans-pacifique au cours de ses premiers jours de mandat est néanmoins une indication qu'il n'est pas du genre à ne pas respecter ses promesses de campagne.
Pour l'heure, la Chine a décidé d'attendre que les États-Unis fassent le premier pas. Une guerre commerciale serait problématique pour la région Asie-Pacifique, notamment pour l'Asie du Sud-Est, qui serait la plus susceptible de subir les retombées négatives en tant que partenaire commercial majeur des États-Unis comme de la Chine. Mais ce ne serait pas un désastre pour la Chine, principalement parce que les États-Unis ont plus besoin de la Chine que l'inverse.
Malheureusement pour Donald Trump, nous ne sommes plus dans les années 1980. Il y a trente ans, la situation aurait pu être différente. La Chine était sous-développée et voulait avoir accès aux technologies de fabrication. Mais aujourd'hui, la Chine possède la plus grande partie de ce dont elle a besoin, et ce qu'elle n'a pas, elle peut facilement l'obtenir de fournisseurs autres que les États-Unis. Si le le marché américain semblait séduisant il y a quelques décennies, il est relativement mature, et aujourd'hui les nouvelles économies de marché émergentes sont devenus beaucoup plus intéressantes pour Beijing.
Les marchés en croissance la plus rapide pour les meilleurs produits que la Chine fabrique, comme les ordinateurs portables et les téléphones cellulaires, se trouvent dans des régions en développement comme l'Inde et les pays d'Amérique latine et d'Afrique.
Par ailleurs, la Chine est un marché que les États-Unis peuvent difficilement se permettre d'ignorer. À la fin de 2015, les consommateurs chinois avaient acheté environ 131 millions d'iPhones. Pendant la même période, les ventes totales aux clients américains se sont élevées à 110 millions de téléphones. Les ventes d'iPhone d'Apple en Chine sont en concurrence avec les fabricants locaux chinois. Et les iPhones ne représentent qu'une petite partie des exportations américaines : Boeing, qui emploie 150 000 ouvriers aux États-Unis, estime que la Chine achètera quelque 6 810 avions au cours des 20 prochaines années et que ce marché pèsera plus de 1 000 milliards de Dollars US. De même, les Chinois ne feraient aucune difficulté à transférer cette somme colossale dans de futurs achats d'avions à Airbus, une société européenne qui construit déjà une usine en Chine pour assembler de gros avions à deux couloirs. Et ce serait la même chose pour les automobiles, la plupart des Chinois pourraient tout aussi rapidement choisir une Mercedes, une BMW ou une Lexus qu'une Ford.
Si Donald Trump commençaient une guerre commerciale, les effets les plus immédiats seraient probablement ressentis par des entreprises comme Walmart qui importent des milliards de Dollars de produits bon marché qui sont principalement achetés par des gens qui ont porté Donald Trump au pouvoir. Les prix de la quasi-totalité de ces articles se trouveraient rapidement hors de portée des classes économiques inférieures, non en raison des coûts de fabrication, mais en raison des droits de douane. Le résultat serait une guerre économique d'attrition à laquelle la Chine est infiniment mieux préparée pour gagner.
Les réserves de devises étrangères de la Chine se situent maintenant à un peu moins de 3 000 milliards de Dollars US. En revanche, les réserves de change des États-Unis oscillent autour de 120 milliards de Dollars US. Les droits de douane envisagés par Donald Trump entraîneraient automatiquement des sanctions contre les États-Unis au sein de l'Organisation mondiale du commerce, ce qui entraînerait aussi des droits plus élevés sur les exportations américaines.
Le système politique des États-Unis est relativement mature avec des contrôles et des équilibres, mais avec un président qui agit souvent uniquement sur la base de ses propres croyances au sujet des questions complexes, on peut envisager presque tout.
Bien que cela puisse prendre un certain temps pour que cela se produise, la tourmente serait catastrophique pour les entreprises et l'emploi américains. La Chine, en revanche, en sortirait relativement indemne.
L'auteur est le directeur régional Asie du Sud-Est et Océanie pour l'Ecole de commerce IMD.
(Rédacteurs :Yishuang Liu, Guangqi CUI)
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