jeudi 5 janvier 2017

Les ultrasons à l'essai pour traiter les tumeurs bénignes du sein

Iris Joussen

Journaliste source : Sciences et avenir


La Haute autorité de santé (HAS) a donné son feu vert pour le remboursement provisoire d'une nouvelle technique pour traiter des tumeurs bénignes du sein, sans chirurgie, conçue et développée par une entreprise française.

La HAS dit oui à l'échothérapie pour le traitement des tumeurs bénignes du sein
La Haute autorité de santé (HAS) a donné son feu vert pour ce nouveau traitement des tumeurs bénignes du sein, sans chirurgie. 
©THÉRACLION


Sciences et Avenir l'avait annoncé le 23 novembre 2016 et la décision vient de tomber : la Haute autorité de la santé a délivré le 7 décembre 2016 le label forfait innovation à Théraclion pour sa technique alternative à la chirurgie pour opérer les tumeurs bénignes du sein. Le principe ? Utiliser des ultrasons focalisés de haute intensité (HIFU pour High Intensity Focused Ultrasound) guidés par un appareil d’échographie. C'est un traitement rapide et totalement non invasif : sans incision ni cicatrice, ni hospitalisation et sous simple anesthésie locale.
Cela fait de Théraclion la première entreprise française à profiter de ce tout nouveau forfait-innovation, créé par la loi de financement de la Sécurité sociale de 2015. Il s'agit d'un remboursement forfaitaire dérogatoire et temporaire, en attendant la réalisation d'une étude visant à en confirmer l'intérêt. Concrètement, cela signifie que "l'accès à l'échothérapie sera remboursé dans le cadre d'une étude randomisée en cours sur 300 femmes. En outre, même après la période de recrutement de patientes pour cette étude - qui va s'étaler sur 12 mois -, les sites offrant l'échothérapie comme traitement pourront proposer cet acte à des femmes sous remboursement", nous explique David Caumartin, directeur général de Théraclion. Pour faire partie de l'étude, ce dernier rappelle que plusieurs facteurs sont pris en compte : notamment l'âge (moins de 45 ans), l'importance de la tumeur (avoir constaté une augmentation du volume les trois derniers mois), la certitude du caractère bénin de la tumeur, la douleur et l'anxiété. Ce remboursement est provisoire puisqu'il faudra attendre l'accord des partenaires sociaux après récolte de toutes les données dans le cadre de cette étude. Mais si le recrutement dure déjà un an, le directeur général estime qu'il en faudra à minima 3 ans pour attendre la fin des discussions. Soit 3 ans de prise en charge assurée pour ce traitement des adénofibromes. 

Et pour les nodules thyroïdiens ? 

Théraclion utilise également sa technique pour les nodules thyroïdiens (petites protubérances au niveau de la glande thyroïde concernant 6 millions de personnes, dont 75% de femmes). Et, là aussi, l'entreprise peut se féliciter de certaines avancées puisque le mercredi 4 janvier 2017, elle annonçait un partenariat avec l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière. L'échothérapie est donc à présent disponible dans l’unité Thyroïde – Tumeurs endocrines dirigée par le Professeur Laurence Leenhardt. Pour le moment, le procédé n'est pas remboursé et il faudra encore attendre quelques années pour solliciter ce forfait-innovation. Mais les enjeux sont encore plus importants : "Déjà en termes de volume : sur 60.000 adénofibromes diagnostiqués, 10.000 sont opérés et donc concernés par cette technique. Pour les nodules thyroïdiens, cela représente 40.000 actes, soit 4 fois plus de situations. Et les complications des nodules thyroïdiens sont plus cruciales : il s'agit de l'ablation d'un organe provoquant un dérèglement et une prise de médicaments à vie. Les médecins opèrent à reculons la thyroïde", estime David Caumartin. En Allemagne, la technique est déjà remboursée et largement utilisée. 

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