Pollution : la Chine veut mettre un gros coup de frein sur le charbon
Le pays espère réduire de 800 millions de tonnes ses capacités annuelles de production de charbon d'ici trois ans.
Photo prise le 20 novembre 2015 d'un ouvrier chinois travaillant pour une mine de charbon à Datong, dans le nord de la province de Shanxi.
©GREG BAKER / AFP via Sciences et avenir
La Chine s'est fixé pour objectif de réduire, d'ici à 2020, de 800 millions de tonnes ses capacités annuelles de production de charbon, selon le plan d'une agence gouvernementale rapporté samedi 31 décembre 2016 par la presse d'Etat. Parallèlement à la réduction des capacités excédentaires, la production effective de charbon s’élèvera au total à environ 3,9 milliards de tonnes en 2020, contre 3,75 milliards en 2015, a également indiqué l'agence officielle Chine nouvelle, en citant le document de la puissante agence de planification du pays. Ces objectifs visent "à améliorer l'efficacité et les conditions de sécurité dans la production de charbon", a assuré Chine nouvelle, suggérant que les mines de petite capacité pourraient être les plus concernées par les fermetures.
La Chine s'engage à stabiliser ses émissions de CO2 "autour de 2030"
L’ajustement de l’offre ira de pair avec le net essoufflement de la demande: la deuxième économie mondiale brûlera en 2020 quelque 4,1 milliards de tonnes, contre 3,96 milliards l'an dernier, selon ce plan gouvernemental, soit une progression très modérée. De façon générale, la consommation énergétique chinoise ne progresse plus que de 3% par an, contre 10% il y a quelques années. Le charbon, dont la Chine est le premier consommateur mondial, reste certes un indispensable carburant de son économie, fournissant 60% de son électricité. La consommation du pays a d'ailleurs doublé sur la décennie 2004-2014, jusqu'à dépasser 4 milliards de tonnes par an. Mais le net ralentissement de la croissance économique du géant asiatique, au plus bas depuis un quart de siècle, change la donne. Surtout, le régime a engagé un délicat rééquilibrage en faveur des services (plus de 50% du PIB désormais) et les nouvelles technologies : des secteurs peu gourmands en énergie, au détriment des industries lourdes.
Pékin est par ailleurs poussé par l'impératif environnemental, dans un pays où les villes étouffent sous un brouillard polluant endémique qui suscite l'exaspération de la population. Le gouvernement avait ainsi promis de réduire de 250 millions de tonnes cette année ses capacités de production de charbon - objectif déjà annoncé comme atteint - et d'abaisser à 62,6% en 2016 la part du charbon dans son mix énergétique. Le pays entend également moderniser d'ici 2020 ses centrales au charbon pour diminuer de 60% les émissions des "principaux éléments polluants" et il s'est engagé à stabiliser ses émissions de CO2 "autour de 2030". Les ONG écologiques se montrent néanmoins prudentes, s'inquiétant notamment de la construction effrénée de nouvelles centrales à charbon en Chine, au rythme de presque deux nouveaux chantiers par semaine pour la seule année 2015 - même si ces capacités supplémentaires pourraient rester en grande partie inemployées, faute de besoins.
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