Hempfy infuse le chanvre avec ambition
LancementMike Chernyak et Konstantin Marakhov produisent des boissons pétillantes 100% suisses avec une plante locale qui détend sans faire planer.
Ca démarre
L’entreprise est toute jeune, mais elle est dynamique. Une version de sa boisson non gazeuse se vend en sachet, deux autres existent en bouteilles de 25 cl depuis fin décembre, la bitter lime et la sweet lime, enrichie de fleur de sureau. «Nous visons les bars et les restaurants, et ça commence à bien marcher. Nous avons commencé par la région genevoise mais nous élargissons notre marché. Bientôt la Suisse alémanique, ensuite la France, l’Espagne voire le Japon suivront.» Des négociations avec Manor et Globus sont aussi en cours. Et la vente en ligne a démarré.
C’est une rencontre étonnante dans les locaux d’Œnologie à façon, à Perroy. Ici, on traite d’habitude du raisin pour en faire du vin et l’embouteiller, comme le nom de la boîte l’indique. Devant la machine, pourtant, Michael Chernyak et Konstantin Marakhov ne sont guère familiers avec le chasselas. Les deux entrepreneurs ont encore l’accent de leurs pays d’origine, Russie pour l’un, Ukraine pour le second, même s’ils sont installés à Genève depuis longtemps. Mike, numismate et antiquaire a grandi en Suisse. Konstantin, économiste, était venu travailler au Forum de Davos avant de rester ici pour investir dans des projets qui lui plaisent.
Cela fait un an que les deux garçons planchent sur un projet autour du chanvre. «La Suisse a toujours cultivé du chanvre dans son histoire même si la production est désormais très basse. Il n’y avait plus de boissons suisses à base de cette plante. La dernière s’est délocalisée en Autriche», explique Mike. «Nous avons cherché longtemps, poursuit Konstantin, avant de tomber sur un producteur d’Ecoteaux (VD), très sympathique. Olivier Sonnay a tout de suite été d’accord de participer au projet.» La famille Sonnay cultive du chanvre depuis deux siècles, mais aujourd’hui 80% de sa production (5 ha) part à l’exportation sous forme d’huile. Ses plantes sont légales, parce que leur taux de THC (la substance psychotrope) est minimal.
Les deux entrepreneurs ont ensuite travaillé pour élaborer leurs recettes de boissons. «C’est 100% naturel. Nous prenons les plants de chanvre, tiges, feuilles et fleurs, nous les broyons avant de les faire infuser dans de l’eau», explique Mike. Mais les deux producteurs ne veulent pas en dire beaucoup plus sur le procédé, par peur d’être copiés. «Il y a un peu d’infusion à chaud et un peu à froid», sourit le garçon, tout content de sa cachotterie… «Je peux juste vous dire que la fabrication prend moins de 24 heures, avec l’infusion, le filtrage puis l’ajout de gaz carbonique», ose Fabio Penta, l’œnologue en charge du processus à Perroy.
Les deux boissons sont sucrées avec du fructose, aromatisées naturellement et relevées par de l’acide citrique. «Tout est très sain», s’enflamme Konstantin. Car le credo de Hempfy tourne autour des bienfaits de ses produits. «Les gens qui consomment des boissons au chanvre se disent très détendus, assure l’économiste. Nous aimerions bien travailler avec l’EPFL pour poursuivre les recherches sur les bienfaits du chanvre pour la santé, contre Alzheimer, anti-inflammatoire…»
Vive le plaisir
Calmer, c’est bien. S’amuser, ce n’est pas mal non plus. «C’est aussi très ludique et très hipster», avoue Mike. Les deux compères sont ainsi tombés d’accord avec la distillerie Studer, à Escholzmatt (LU), pour vanter les mérites de leurs cocktails 100% suisses. Gin Hempfy, Williamine Hempfy, liqueur Hempfy. «La version bitter lime se combine mieux avec le premier, la sweet lime avec les deux autres.» Expérience faite, c’est vrai que c’est très concluant, le côté herbacé du chanvre se mariant bien avec son pendant dans le gin. Mais, vu leurs origines, ils n’ont pas fait de cocktail avec la vodka? «On n’aime pas trop cet alcool, qui n’a pas beaucoup de goût…»
En tout cas, la croix blanche sur fond rouge est indispensable aux deux fondateurs. «Tous nos produits sont suisses, les cartons et les étiquettes aussi. C’est là dessus que nous voulons bâtir pour qu’un jour Hempfy soit une icône suisse comme le Ragusa ou le Rivella.» Normal quand on vise le secteur haut de gamme avec des boissons au prix certain.
(TDG)
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