(La classe politique à cause de sa corruption a ruiné l'économie et trahit son peuple. Mais, on pourrait dire cela de nombreux pays en occident où la ruine menace. note de rené)
Dépréciation record de la livre et pénuries : la rue s'agite, tensions à Tripoli et Saïda (Liban)
De nombreuses routes ont été coupées par des contestataires tout au long de la journée et sur l'ensemble du territoire.
OLJ / le 26 juin 2021 à 16h03, mis à jour à 27 juin 2021 source : L'Orient le Jour
Des heurts ont éclaté samedi en fin d'après-midi et en soirée à Saïda et Tripoli, après une journée marquée par de nombreuses coupures de routes en signe de protestation contre la dégradation toujours plus rapide des conditions de vie au Liban. Cette mobilisation importante, observée sur tout le territoire, a été provoquée par l'extrême volatilité qu'a connue la livre libanaise tout au long de la journée, qui l'a fait plonger à son plus bas historique frôlant les 18.000 LL pour un dollar sur le marché parallèle, et par les pénuries toujours plus sévères de carburant. L'essence ne se vend plus qu'au compte-gouttes depuis plusieurs semaines, provoquant des ruées vers les pompes, tandis que le mazout devient très difficile à trouver, ce qui paralyse tous les secteurs, qui comptent sur des générateurs privés pour pallier le rationnement sévère de l'électricité.
Cette nouvelle baisse de la monnaie nationale a été enregistrée alors que le Premier ministre sortant, Hassane Diab, a signé vendredi le décret autorisant la Banque du Liban (BDL) à financer pendant encore trois mois le mécanisme de subventions dont bénéficient les importateurs de carburant depuis octobre 2019, au taux de 3.900 LL pour un dollar. Si de nombreux détails sur la mise en œuvre de cette décision restent encore inconnus, il est toutefois sûr qu’elle aura un impact sur l’ensemble des prix sur le territoire libanais, à un moment où l’inflation en livres, à + 119,83 % en rythme annuel à fin mai, bat déjà tous les records.
Tirs à Tripoli, la BDL prise d'assaut à Saïda
C'est dans ce contexte très tendu qu'à Tripoli, des dizaines de manifestants ont défilé pour dénoncer la dépréciation et "les conditions de vie difficiles", s'arrêtant notamment devant les domiciles de responsables politiques pour exprimer leur ras-le-bol, selon l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle). Devant la maison du député Mohammad Kabbara, des coups de feu ont été entendus, ce qui a provoqué des heurts, obligeant l'armée à intervenir pour disperser les manifestants. D'autres ont pu arracher le portail en fer d'une agence de la Banque du Liban et pénétrer dans la cour extérieure, mais l'armée les a empêchés d'atteindre le bâtiment. Les façades de plusieurs banques de la ville ont été vandalisées et des contestataires ont également mis le feu au portail du Sérail, le siège du mohafazat du Liban-Nord, selon une correspondante de l'AFP. Des secouristes ont affirmé à notre publication jumelle en anglais, L'Orient Today, que quatre activistes avaient dû être soignés pour des blessures superficielles, qui n'étaient pas dues à des tirs.
A Saïda (Liban-Sud), des protestataires sont parvenus à entrer dans le hall du siège local de la Banque du Liban et de l'Office des eaux, selon notre correspondant local Mountasser Abdallah, avant d'être repoussés par les forces de l'ordre. Dans la journée, de nombreux commerces de la ville avaient fermé leurs portes. "Derrière chaque acte de corruption, il y a un peuple qui dort" et "Un peuple sans dignité ne mérite pas de vivre", pouvait-on lire sur un panneau accroché sur le volet tiré d'un magasin. Six manifestants avaient en outre été blessés dans l'après-midi dans des échauffourées survenues avec des soldats qui tentaient de rouvrir les accès à la place des Martyrs de la ville. Des photos envoyées par notre correspondant montrent des protestataires le visage en sang ou inconscients et portés à bout de bras par des camarades. Quatre personnes ont été arrêtées par la troupe en marge de ce sit-in.
A Beyrouth, la place des Martyrs dans le centre-ville a été longuement fermée par des barrages de pneus enflammés, tout comme la route de Corniche Mazraa ainsi que plusieurs axes de la banlieue-sud, fief du Hezbollah. Un peu plus au nord, l'autoroute a été bloquée au niveau de Zouk Mosbeh.
"Nous n'attendrons pas les élections"
Face à cette situation de plus en plus chaotique, responsables politiques et figures se revendiquant de l'opposition ont lancé des mises en garde et fustigé la classe dirigeante, embourbée dans une crise gouvernementale qui s'éternise depuis de longs mois.
"Nous n'attendrons pas les élections (prévues en mai 2022, ndlr), votre départ est devenu la condition de notre survie", a twitté le chef du parti Kataëb Samy Gemayel, qui a réclamé la démission des députés et du président du Parlement Nabih Berry, celle du chef de l'État Michel Aoun et la récusation du Premier ministre désigné Saad Hariri. "A tous les acteurs souverainistes du changement nous disons : notre unité fait notre force", a-t-il ajouté.
Le secrétaire général du Bloc national, Pierre Issa, a de son côté déploré "la hausse folle du taux du dollar par rapport à la livre, la pénurie de carburants et les fermetures des commerces". "La chute que nous connaissons n'a pas d'égal et les partis au pouvoir refusent toujours d'admettre leur échec", a-t-il ajouté, les appelant à "laisser la place à ceux qui ont un projet pour construire un État".
Pour sa part, le député Assem Araji, député du Courant du Futur de Saad Hariri, a estimé que le pays est "au bord d'un volcan qui pourrait entrer en éruption à tout moment".
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire