"L’industrie textile française est l’une des plus propres au monde"
Entretien avec Paul de Montclos, président du label Vosges Terre textile et pionnier de la Fédération France Terre Textile qui compte aujourd’hui une centaine d’entreprises agréées. "Alsace Terre Textile", "Nord Terre Textile", les différents labels régionaux certifient des productions en circuit court ou somme toute françaises : avec un cahier des charges strictes, il est le plus exigeant du secteur textile.
Que garantit le label régional Terre Textile ?
Il garantit aux consommateurs que 75 % des opérations sont faites dans la région ou en France selon le label. L’idée est de mettre en valeur la production en circuit court de la filière textile, puisque nous sommes persuadés que l’avenir du secteur sera non seulement vert, mais aussi territorial. Pour comprendre, il faut prendre en compte le fait que celui-ci concerne d’une part des marchés très divers (l’habillement, le linge de maison, le tissu technique...) et de l’autre, il compte énormément de métiers différents très segmentés : des filateurs, des tisseurs, des tricoteurs, des ennoblisseurs, des confectionneurs... Et chacun d’eux est un peu dans son coin. Donc il faut avoir une lecture verticale du processus : tout cela était assez complexe à coordonner et en créant France Terre Textile, nous voulions mettre en avant tout l’amont de la filière.
Le cahier des charges fonctionne donc par système de points et intègre aussi bien la création des matières premières, que le tissage, l’ennoblissement, le tricotage, la confection, la logistique... Nous n’avons pas voulu fixer la barre à 100 % car on aurait eu trop peu de produits labellisés. Ce que l’on cherche, c’est avant tout à défendre la filière textile en étant intelligent : 75 % des opérations faites en France c’est un bon niveau de lecture pour tout le monde, c’est très vertueux et assez difficile à obtenir. Enfin, c’est surtout cohérent par rapport au paysage industriel. Chaque entreprise est également auditée pour vérifier que la traçabilité est juste.
Ce n’est pas la peine d’inventer des modèles économiques sophistiqués alors qu’il suffit simplement de garantir un produit authentiquement français."
L'industrie textile a pourtant mauvaise réputation...
Elle a une très mauvaise image en termes de pollution cependant, l’industrie textile française est la plus propre au monde. La raison est très simple : nous utilisons de l’énergie électrique donc très peu polluante puisqu’elle est décarbonée et nous sommes aussi extrêmement contrôlés sur l’utilisation de l’eau et des produits chimiques avec le programme européen REACH.
Ce n’est donc pas la peine d’inventer des modèles économiques sophistiqués alors qu’il suffit simplement de garantir un produit authentiquement français. C’est tout l’enjeu pour nous de sensibiliser à la fois les pouvoirs publics mais aussi les consommateurs, qu’ils puissent être acteurs et imposer à l’industrie une traçabilité complète. D’où vient le fil ? Le tissu ? Où est-il tissé ? Ennobli ? Confectionné ? Et en fonction de tous ces éléments, donner un indicateur de performance tant environnemental que social et éthique.
Est-il possible de trouver des produits 100 % français dans le secteur textile ?
C'est possible oui, mais c’est relativement marginal. Il faut être clair, on n’est pas producteur de matières premières, ni de pétrole donc cela élimine pas mal de pistes. Il y a beaucoup de marques qui utilisent des appellations locales alors qu’elles ne produisent pas ou peu localement : c’est une affaire de marketing à laquelle il faut faire attention. Donc il y a trois catégories : un "made in-washing" qui n’a pas de valeur concrète, la mention "made in" qui n’est pas tout à fait complète et ensuite la labellisation. Il faut arriver à combiner tout ça.
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