Des employées de plantations poursuivent une entreprise britannique pour des viols
MALAWI
La maison mère britannique d'une entreprise détenant des plantations de thé au Malawi est poursuivie en justice à Londres pour des violences sexuelles à l'encontre de ses travailleuses
AFP via Le Temps
Publié dimanche 28 mars 2021 à 16:51
Modifié dimanche 28 mars 2021 à 16:51
La maison mère britannique d'une entreprise détenant des plantations de thé au Malawi, qui fournit les plus célèbres marques anglaises, est poursuivie en justice à Londres pour des violences sexuelles à l'encontre de ses travailleuses, selon l'AFP.
Ces femmes souhaitent obtenir une réparation financière de la part de leur employeur direct au Malawi, Lujeri Tea Estates, et de sa maison mère britannique PGI Group Ltd, a indiqué dimanche le cabinet d'avocats britannique Leigh Day dans un communiqué. Elles accusent devant la Haute Cour de Londres plusieurs responsables hiérarchiques des plantations de thé et de noix de macadamia où elles travaillent d'au moins dix faits de viols et d'autres violences sexuelles.
Des preuves «évidentes» de fautes
Les faits concernent entre autres une mère de famille de 39 ans qui a commencé à être harcelée sexuellement par un superviseur peu après ses débuts en tant que cueilleuse de macadamia en 2018, dans une plantation du sud du Malawi appartenant à Lujeri. Lorsqu'elle a refusé ses avances, son salaire a été retenu, dénonce Leigh Day.
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«Après plusieurs autres semaines de harcèlement, le superviseur a violé la plaignante, qui est en conséquence tombée enceinte puis a accouché d'un fils mort-né en décembre 2019», révèle le communiqué du cabinet.
Leigh Day affirme que PGI Group et Lujeri Tea Estates ont manqué à leur devoir de protection envers leurs employées. Contactés par l'AFP, PGI Group n'a pas répondu dans l'immédiat, tandis que Lujeri s'est dit «profondément troublé» par ces accusations, annonçant avoir engagé des procédures disciplinaires à l'encontre de 25 employés face à des «preuves évidentes de fautes».
Des mesures insuffisantes
Après un rapport très critique d'Oxfam en 2016 sur l'industrie du thé au Malawi, l'entreprise avait déjà institué des changements pour lutter contre les abus. «Il est clair qu'ils ne sont pas allés assez loin», a reconnu dans un communiqué son directeur général Grant Bramsen, jurant d'appliquer «à la lettre» les nouvelles recommandations formulées par un cabinet extérieur.
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Lujeri fournit en thé de célèbres marques britanniques comme Tetley, Typhoo, Lipton et PG Tips, ainsi que de nombreuses marques de distributeurs. Toutes les entreprises concernées ont assuré examiner ces accusations et plusieurs d'entre elles ont suspendu leurs liens avec Lujeri, selon le Sunday Times.
Le géant Unilever, qui détient les marques Lipton et PG Tips, a indiqué dimanche considérer tout abus à l'encontre des travailleuses comme «inacceptable».
Vers un règlement financier?
Unilever «continuera à travailler avec des groupes industriels et des partenaires pour aider l'industrie du thé du Malawi à améliorer la vie des travailleuses du thé et à mettre fin aux violences sexuelles et sexistes», a affirmé à l'AFP un porte-parole. En février, Leigh Day avait réussi à obtenir du fournisseur alimentaire britannique Camellia un accord à l'amiable d'une valeur de 6,9 millions de livres (8,1 millions d'euros) pour des accusations similaires au Kenya et au Malawi.
L'affaire visant PGI Group pourrait elle bien aller jusqu'au procès, mais ce n'est pas la piste privilégiée par le cabinet. «Un règlement financier satisfaisant serait une bonne issue», a indiqué à l'AFP l'avocate Sapna Malik, qui réclame aussi «des changements concernant les pratiques de travail dans les plantations de Lujeri».
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