mercredi 1 avril 2020

(Les peuples sont en train de se faire avoir dans les grandes largeurs et la pandémie accentue le phénomène en réduisant les peuples au silence. Cela me rappelle une histoire que me racontait le vieux Michel Wabéalo à la tribu d'Oundjo en Nouvelle Calédonie, "Les blancs sont venus avec la parole de Dieu, après, ils nous ont dit qu'il fallait construire une grande case pour qu'elle y demeure. Lorsque la grande case fut terminée, ils l'appelèrent église et nous invitèrent à y entrer pour prier Dieu. Quand la prière fut finie et que nous sortîmes, les blancs avaient construit des barrières tout autour de l'église nous dirent que désormais, le petit arpent de terre autour de l'église était à nous".
Les peuples ne se reprennent pas en main, les tenants de la mondialisation sont en train de leur tisser un réseau ténu de réglementations législatives qui les maintiendra dans l'impuissance. note de rené)

Les Français dessinent les contours du "nouveau monde" et prennent les élites à contre-pied

La place de l'Etoile, vide en raison des mesures de confinement prises contre le coronavirus.
Selon un sondage Viavoice pour Libération, les Français ont des idées précises sur les changements nécessaires pour l’après crise, et ce ne sont pas celles que prônent les défenseurs du marché.
Quand certains parlent du « nouveau monde » à construire après la double crise de la finance et du coronavirus, ils se gardent bien d’en dessiner les contours, ce qui ouvre une porte salutaire pour se contenter d’un changement a minima. A contrario, si l’on en croit un sondage Viavoice pour Libération les Français ont des idées très précises sur le sujet. Ces idées vont pour l’essentiel à contre-courant de la vulgate répétée en boucle par les élites, les experts autoproclamés et autres éditorialistes, confirmant que cette caste arrogante ne représente qu’elle-même – ceci expliquant cela.
Qu’on en juge. Les personnes interrogées se prononcent pour la relocalisation en Europe des filières de production installées en Asie (84%) ; pour reprendre la construction européenne sur de nouvelles bases (70%) ; pour réduire l’influence des actionnaires et de la finance sur la vie des entreprises (70%) ; pour ralentir le productivisme et la course à la rentabilité (69%) ; pour nationaliser les secteurs stratégiques tels que le transport, l’énergie, l’eau (68%) ou la pharmacie (60%) ; pour instaurer un protectionnisme aux frontières de l’Europe (65%) et même à l’échelle de la France (54%). Enfin quand on leur demande s’il faut que l’Etat soutienne les entreprises nationales ou pas, les sondés répondent de manière positive (56%).

RECONQUÊTE DE LA SOUVERAINETÉ COLLECTIVE

Bref, c’est la convergence des exigences, ainsi résumées par Viavoice : reconquête de la souveraineté collective, dépassement de la société de marché, sanctuarisation des biens communs indispensables à tous.
Certes, le sondage n’échappe pas au biais européiste qui fait de l’Union Européenne le seul et unique espace d’existence d’une souveraineté qui s’exprime pourtant d’abord dans le cadre national. Ainsi est-il étrange de n’envisager les nécessaires relocalisations qu’à l’échelle du vieux continent sans envisager l’hypothèse du champ national.
Cette question, étrangement, n’a pas été posée. La chose est d’autant plus surprenante que les Français interrogés se prononcent majoritairement pour des nationalisations. Jusqu’à preuve du contraire qui dit nationalisation dit nation. Or ce mot semble encore écorcher des âmes sensibles qui y décèlent aussitôt la trace du nationalisme, voire du fascisme. De même, la problématique de l’aide aux entreprises demeure ambiguë car elle passe sous silence les critères d’utilisation des fonds publics versésPassons.

UN DÉSAVEU POUR LES "ESPRITS SUPÉRIEURS"

Reste l’essentiel, à savoir la défaite en rase campagne de tous ceux qui ont prétendu formater les esprits en expliquant jusqu’à plus soif que les délocalisations sont inéluctables ; que les financiers jouent le rôle de Moïse guidant son peuple ; que la main du marché remet tout en ordre par magie ; que les actionnaires sont une race d’intouchables ; que l’Etat ne sait pas gérer à la place du privé, expert en la matière ; et que le protectionnisme est le mal absolu.
Après plusieurs années de bourrage de crâne, les Français pensent majoritairement le contraire. Comme le déclare à Libération Stewart Chau, consultant pour Viavoice« les résultats sont frappants par leur ampleur ». Il s’agit bel et bien d’un quasi plébiscite et donc d’un désaveu pour les esprits supérieurs qui prétendent faire l’opinion en assénant jusqu’à plus soif des fausses évidences édictées telles des vérités d’Evangile.

IL FAUT TOUT CHANGER

Voilà qui éclaire le débat sur le fameux « jour d’après », lorsqu’il faudra repenser et refonder le modèle de croissance. Pour nombre de commentateurs, la plupart des valeurs validées par le sondage font le terreau du « populisme ». A ce compte-là, même Emmanuel Macron, avec son hymne à la « souveraineté », serait un dangereux provocateur.
Dès que l’on évoque la nationalisation, le protectionnisme (européen ou pas), la sécurité (sanitaire ou pas), le besoin d’un Etat régulateur, ils y voient une concession à Marine Le Pen, un alignement sur le premier ministre hongrois Viktor Orban, voire un cadeau à Poutine. En vertu de quoi ils déroulent le tapis rouge aux petits malins (suivez mon regard) qui parlent d’autant plus facilement du « nouveau monde » qu’ils rêvent de sauver l’ancien, fut-ce au prix de quelques aménagements de circonstance.
Or il faut tout changer, en creusant certaines des pistes ouvertes par un sondage qui vient confirmer que les Français ne correspondent en rien à la caricature dressée ici et là. Loin d’être bornés, égoïstes, repliés sur eux-mêmes et prêts à s’offrir au premier « homme fort » venu, les citoyens ont des attentes parfaitement recevables, des suggestions parfaitement réalistes, et des esquisses de solutions parfaitement adaptées aux circonstances. Alors qu’on les décrit comme hostiles à toute réforme, ils ont le culot de défendre des « réformes révolutionnaires », pour reprendre l’expression de Jaurès.

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