dimanche 26 avril 2020

(Sérieux, mais, eux, ils finissent par faire n'importe quoi ! A vouloir être avant tout le monde, ils vont tous nous enfoncer la tête dans le cul ! note de rené)



Le Royaume des singes OGM (Chine)

source : France Diplomatie

Chine
« Générer des modèles pathologiques à partir de primates » tel est l’un des objectifs majeurs du gouvernement chinois, présenté pour la première fois dans 12ème le plan quinquennal (2011-2015).

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De gauche à droite : Les 5 bébés singes clonés et présentant une dérégulation du rythme circadien (Crédit : Chinese Academy of Sciences)/ Un membre du personnel nourrit les nouveau-nés à l’Institut de neuroscience de Shanghai. (Crédits Xinhua)

La Chine qui abrite plus d’un 10ème de la population des primates non-humain, dispose en abondance d’une espèce particulièrement utilisée en laboratoire : les macaques rhésus (Macaca Fascicularis). Avant 2011, sa contribution à la recherche sur les primates se limitait à approvisionner des laboratoires étrangers. Aujourd’hui dans un environnement bien moins hostile à la recherche animale, la Chine dispose de plusieurs centres de recherche spécifiquement dédiés aux singes. [1]
Le plus étendu d’entre eux est le Laboratoire clé pour les recherches biomédicales sur les primates (Yunnan Key Laboratory of Primate Biomedical research) de l’institut de Zoologie de Kunming établi sous la tutelle de l’Académie des Sciences chinoise (Chinese Academy of Science, CAS) qui se concentre majoritairement sur la création de modèles d’étude des pathologies cérébrales ou cardio-musculaires telles que la dystrophie, l’autisme, Parkinson et certains types de cancers. [1]
Ce laboratoire de pointe est à l’origine de la première utilisation de CRISPR sur des macaques en 2014 et obtenait la même année 25 millions de yuans (environ $3,9 millions) dans le cadre du plan de développement national chinois. Ce financement a permis à son directeur, le Pr. Ji Weizhi d’agrandir ses équipes de recherche et d’augmenter le nombre d’animaux. Soutenus par plusieurs collaborations dynamiques avec des équipes de recherches européennes et américaines, le laboratoire abrite aujourd’hui plus de 4000 singes. [1] En 2019, un article publié dans Science décrivait l’un des protocoles utilisés pour créer des singes génétiquement modifiés : « Les ovules sont d’abord récoltés avant d’être artificiellement fertilisés, puis lorsqu’un embryon est obtenu, on introduit l’outil d’édition génétique CRISPR assez rapidement pour que l’édition génétique se répercute dans toutes les cellules du futur individu. » L’embryon implanté par la suite donnera, 5 mois plus tard, un primate génétiquement modifié selon les besoins de l’expérimentateur. Le laboratoire implante en routine des embryons chez 50 à 100 femelles. Par comparaison, Jon Hennebold du centre national de recherche sur les primates de l’Oregon témoigne en avoir implanté une dizaine au cours de sa carrière. [2]
Parmi les autres structures de recherche de cette envergure on trouve l’Institut des Neurosciences (Institut of Neuroscience) de Shanghai, dont la dernière expérimentation a fait la une en Janvier 2019 suite à la naissance de 5 bébés singes clonés et dont le génome présente un knock-out du gène BMAL1. [3] [4] L’expérimentation avait pour objectif d’obtenir des individus au rythme circadien dérégulé. Elle s’inscrit dans l’un des projets majeurs de la Chine : le Projet cérébral chinois (China Brain Project) dont l’un des objectifs majeurs est de permettre l’avancement de la compréhension du fonctionnement du cerveau et des pathologies associées. [5] Cette expérimentation est loin d’être la première de ce type chez des primates. Le tableau en annexe détaille les modifications déjà effectuées, la modification de deux autres gènes (SRGAP2 et FOX) est également envisagée. [6] Si le niveau des expérimentations menées par les centres de recherche chinois est généralement qualifié d’impressionnant car elle nécessite l’entretien d’une population animale conséquente, leur approche scientifique est souvent comparée à de la « force brute ».
Des expérimentations similaires sont également menées par l’Institut sur la cognition et les maladies cérébrales (Brain Cognition and Brain Disease Institute) de Shenzhen ainsi que l’Institut de génétique et du développement biologique (Institute of Genetics and Developmental Biology) de Pékin.
L’exaltation de la recherche chinoise pour ce sujet contraste beaucoup avec la frilosité de ses homologues occidentaux. La recherche sur les primates y rencontre depuis quelques temps une certaine résistance illustrée par un déluge de nouvelles régulations, des contraintes financières et une pression croissante de la part du public. [7] Aussi depuis 2008, le nombre de singes utilisés pour la recherche dans les pays occidentaux a considérablement diminué. Devant faire face à une diminution croissante des financements, certains scientifiques ont progressivement déménagé leurs travaux vers des contrées plus obligeantes. Au début de cette année, un neuroscientifique allemand, Nikos Logothetis, qui a déjà été visé par des activistes anti-expérimentation animale a décidé de déménager son équipe dans un nouveau centre international de recherche sur les cerveaux des primates qu’il codirigera avec Poo Mu-Ming, directeur de l’Institut des Neurosciences dans le district de Songjiang à Shanghai. [8]
Certains laboratoires chinois n’hésitent plus à promouvoir leur infrastructure de recherche de pointe et l’accès à des primates pour attirer leurs collègues « réfugiés ». « Ces structures sont comparable à celles du CERN en Suisse, où de larges infrastructures sont accessibles pour les chercheurs désirant récolter des données particulières » témoigne Stefan Treue, un neuroscientifique travaillant au sein du Centre allemand de recherche sur les primates à Göttingen. Inquiets, certains spécialistes dénoncent le retard pris par les pays occidentaux dans ce domaine. [7]
La mise au point de modèles animaux est cruciale pour le développement de traitements médicaux comme les vaccins ou thérapies cellules souches. Si la souris est un modèle répandu, il ne suffit point lorsqu’on s’intéresse aux maladies cérébrales ou encore à certaines maladies infectieuses auxquelles les souris sont naturellement résistantes. Le retard pris par l’occident pourrait conduire à une dangereuse dépendance de leurs chercheurs auprès des laboratoires chinois.
Les singes sont d’ailleurs loin d’être les seuls animaux concernés par les ambitions chinoises : chien, souris, rats, cochon et lapins sont déjà passés sous le microscope et existent en format CRISPR. Si la stratégie aujourd’hui adoptée par la Chine est encore critiquée pour son manque de finesse, son investissement massif dans ce domaine et l’importance accordé à la science et à la technologie finira probablement par payer. C’est d’ailleurs une position que soutien Jennifer Doudna, de l’Université de Californie et co-développeuse de CRISPR. [2]
Sources :
• [1] Monkey Kingdom – 26/04/2016 – Nature
• [2] China’s CRISPR push in animals promises better meat, novel therapies, and pig organs for people – 31/08/2020 - Science
• [3] Chinese effort to clone gene-edited monkeys kicks off - 29/01/2019 - Nature
• [4] China has tweaked genes to create five mad monkeys. Is that ethical ? – 27/01/2019 – South China Morning Post
• [5] China Is Genetically Engineering Monkeys With Brain Disorders – 08/06/2019 – The Atlantic
• [6] Scientists added human brain genes to monkeys. Yes, it’s as scary as it sounds – 12/04/2019 - Vox
• [7] As Primate Research Drops in Europe, Overseas Options Appeal – 21/08/2018 – The Scientist
• [8] Monkey facility in China lures neuroscientist – 31/01/2020 – Science

Illust: Tableau récapitulatif, 147.4 ko, 1211x428
Tableau récapitulatif des gènes déjà ciblés

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