Sceaux et Gennevilliers interdisent le glyphosate à tout le monde (France)
Les deux collectivités ont décidé de prendre des arrêtés municipaux contre le plus décrié des herbicides. Une prise de position locale forte alors que le gouvernement a renvoyé à 2021 l’interdiction totale du glyphosate en France.
L'interdiction totale du glyphosate en France a alimenté les débats à l'Assemblée nationale l'an dernier. La majorité prés sidentielle renvoyant après 2021 la prohibition pourtant promise du très controversé herbicide, au grand dam des défenseurs de l'environnement et des partisans du principe de précaution sanitaire.
C'était sans compter sur les élus locaux, en capacité de prendre des arrêtés d'interdiction d'utilisation du glyphosate sur leurs communes. C'est le cas de Sceaux et de Gennevilliers. Car si le composant accusé d'être cancérigène n'est plus en vente pour les particuliers depuis le 1er janvier dernier, l'herbicide est toujours autorisé pour l'agriculture.
De là à l'interdire dans les Hauts-de-Seine, qui n'est pas un département spécialement réputé pour ses champs de céréales et dont les villes concernées ont déjà adopté le principe du « zéro pesticide » pour leurs espaces verts…
« C'est parce qu'il y a un flou concernant les copropriétés », explique Philippe Laurent, maire (UDI) de Sceaux, première collectivité d'Ile-de-France à avoir pris un arrêté le 20 mai, s'inspirant de celui de Dijon (Côte d'Or). « Cela peut apparaître comme une mesure symbolique en milieu urbain, poursuit-il. Mais il y a par exemple à Sceaux 150 copropriétés. Et les habitants concernés ont d'ailleurs très bien accueilli cette décision. »
Pour Philippe Laurent, les parlementaires auraient d'ailleurs dû interdire le glyphosate dans les agglomérations sans attendre 2021. « Cela aurait été un premier pas et un message fort, souligne-t-il. Je suis certain que tous les maires en zone urbaine vont le faire. Il s'agit d'une mesure à la fois environnementale et de santé publique. »
Même sur les voies ferrées…
La ville de Gennevilliers a d'ailleurs adopté à l'unanimité ce mercredi soir en conseil municipal un vœu autorisant le maire à prendre un arrêté afin de bannir non seulement l'utilisation mais aussi la vente du glyphosate sur son territoire. « Cela fait partie des petits actes locaux qui peuvent faire bouger les choses au niveau national, estime Patrice Leclerc, maire (PCF) de Gennevilliers. Si l'Etat ne prend pas ses responsabilités, les maires si. »
La ville devrait prendre son arrêté d'ici deux semaines, le temps de peaufiner tous les aspects juridiques pour que l'arrêté soit inattaquable. Cette mesure choc s'appliquera sur l'ensemble du territoire communal, y compris les voies ferrées, alors que la SNCF est l'un des premiers utilisateurs du glyphosate en France, selon une étude de la Fondation Concorde. Et que l'entreprise n'a pas encore trouvé de solution alternative. « Nous ferons des contrôles », promet Patrice Leclerc.
« IL FAUT LAISSER LA NATURE FAIRE LES CHOSES D'ELLE-MÊME »
« J'utilisais beaucoup de désherbant avant. Maintenant, pour libérer mes graviers, je le fais à la main ». Pascal, 55 ans, rencontré ce jeudi au Leroy Merlin de Gennevilliers, ne peut plus acheter de produit contenant du glyphosate depuis le 1er janvier 2019, comme tous les particuliers. « Que la ville de Gennevilliers ait étendu l'interdiction à tous les professionnels, je trouve ça bien. Quand on sait les dégâts que ça fait… » ajoute-t-il.
Un peu plus loin dans le rayon jardinage, Moya, restaurateur, va encore plus loin. « Mon père et moi sommes totalement anti-glyphosate, martèle-t-il. Il faut laisser la nature faire les choses d'elle-même. Elle les fait très bien. Le glyphosate a créé des cancers, des malformations un peu partout. Gennevilliers a totalement raison. »
Les nouveaux pesticides sans glyphosate pour particuliers seraient néanmoins beaucoup moins efficaces que les anciens. Philippe, retraité mais aussi fils de paysan, considère l'interdiction pour les professionnels illégitime. « Sur ma petite parcelle de jardin je peux faire le désherbage moi-même, à la main. Mais les agriculteurs ne peuvent pas s'en passer, je suis désolé, parce qu'il n'y a aucune alternative assez puissante. »
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