samedi 5 janvier 2019


(Traduction de garantir une agriculture durable : Pour préserver l'agriculture chimique industrielle et les bénéfices de l'agro-business. note de rené)

« Le budget de la PAC doit être maintenu pour garantir une agriculture durable » (Union Européenne)
Par : Sarantis Michalopoulos | EURACTIV.com | translated by Marion Candau
 4 janv. 2019

Stavros Arachovitis [European Union]                                                                                                        
Si un juste équilibre n’est pas trouvé entre les ressources et les obligations de la politique agricole commune (PAC) après 2020, l’avenir de l’agriculture et de l’espace rural européen sera incertain, estime Stavros Arachovitis.
Stavros Arachovitis est le ministre grec du Développement agricole et de l’Alimentation sous le gouvernement d’Alexis Tsipras. Il s’est entretenu avec Sarantis Michalopoulos.
Comment voyez-vous le nouveau modèle de mise en œuvre de la PAC, qui laisse plus de souplesse aux États membres pour mettre en œuvre leurs propres stratégies ? La Grèce a-t-elle déposé son propre plan ?
Le nouveau modèle de la PAC présente des avantages pour notre pays, mais il cache aussi certains « pièges ». Le plus grand avantage est la flexibilité. Le fait qu’au cours des périodes de programmation précédentes, nous ayons eu des modèles « rigides » de la PAC basés principalement sur les besoins des pays du Nord a créé plusieurs problèmes dans la pratique. L’une d’entre elles était la définition du pâturage, qui était en suspens depuis de nombreuses années et n’a été résolue qu’en 2017, à l’initiative du ministère grec du développement rural et en coopération avec la Commission européenne dans le règlement dit omnibus.
Cependant, les inconvénients du nouveau modèle de mise en œuvre de la PAC sont encore plus de bureaucratie pour les États membres. En outre, nous parlons d’un processus totalement nouveau qui, pour réussir, aura absolument besoin du soutien technique des services de la Commission ainsi que d’une période de transition pour résoudre tous les problèmes liés à sa mise en œuvre.
Le plan grec est en phase de préparation, sur la base des propositions de règlement présentées par la Commission européenne, mais ne pourra être finalisé ou soumis pour approbation que si les textes des règlements sont finalisés. Les groupes de travail du pays ont été mis en place et sont déjà en train d’élaborer les premiers détails du projet.
La Commission a proposé de réduire le budget de la nouvelle PAC en tenant compte de nouvelles priorités telles que la défense et la sécurité. Quelle est la position d’Athènes sur ce dossier ? Quels pays sont en ligne avec votre position ?
Notre position, telle qu’elle a été exposée dès la publication des propositions de la Commission, est que le budget de la PAC devrait être maintenu au moins au même niveau que le budget actuel, même après 2020 en termes réels. Nous l’avons communiquée tous azimuts et avons déjà rencontré depuis le 31 mai les délégations des États membres qui partagent ce point de vue.
La Grèce, ainsi que la France, l’Espagne, l’Irlande, le Portugal et la Finlande, ont signé une déclaration commune sur le cadre financier pluriannuel et la PAC, d’une part, pour exprimer notre déception face à la réduction du budget de la PAC et, d’autre part, pour sonner l’alarme sur la durabilité de l’agriculture européenne. Par la suite, Chypre et la Bulgarie nous ont également rejoints.
Nous pensons que si nous ne parvenons pas à un juste équilibre entre les ressources et les obligations, l’avenir de l’agriculture et de l’espace rural européen sera incertain.
En outre, la suffisance de denrées alimentaires sûres et saines répondant à des normes élevées pour les consommateurs européens, la protection de l’environnement et le respect des engagements de l’Union en matière d’environnement, ainsi que l’atténuation des effets du changement climatique ne peuvent être assurés que si la production primaire et le secteur agroalimentaire européen reçoivent un soutien suffisant en général. 
Pourquoi êtes-vous en désaccord avec la convergence externe des paiements directs ? Comment cela pourrait se traduire pour un pays comme la Grèce ?
Il y a eu trop de discussions sur la convergence externe. Récemment, les députés baltes sont intervenus auprès des institutions européennes. C’est simple, comme le disent la « communication sur la PAC » et le « document de réflexion de la Commission sur l’avenir des finances de l’UE », les paiements directs couvrent en partie l’écart entre le revenu agricole et le revenu dans les autres secteurs économiques.
La proportion de ces revenus est spécifique à chaque État membre et reflète l’équilibre atteint en son sein. Cela permet de maintenir l’activité agricole à un certain niveau. En Grèce, par exemple, le revenu agricole représente 54,9 % du revenu médian, tandis qu’il est de 61,5 % en Lituanie, 78,9 % en Bulgarie, 88 % en Slovaquie et 138 % en Estonie.
Il est donc évident que dans beaucoup de pays qui poussent à la « convergence externe » sur la base de l’aide à l’hectare, le rapport du revenu agricole au revenu moyen est plus favorable pour le revenu agricole que celui de la Grèce.
Par ailleurs, la Grèce possède une structure agricole particulière. La plupart de ses exploitations sont de petite ou très petite taille, ce qui explique le fait que la plupart des paiements directs sont destinés à ces exploitations. Au total, 80,7 % des aides directes vont à des exploitations de moins de 50 hectares, c’est-à-dire inférieures à la moyenne européenne. Le soutien moyen par exploitation agricole n’est que de 3 000 euros, ce qui correspond à 49 % seulement de la moyenne de l’UE et place la Grèce dans l’une des dernières positions du tableau des aides par exploitation.
La mesure d’une convergence externe des subventions entre les États membres signifierait une forte réduction des subventions que les agriculteurs grecs reçoivent depuis de nombreuses années et grâce auxquelles ils ont organisé leurs exploitations et ont réussi à s’adapter aux besoins d’un marché toujours plus concurrentiel.
La Grèce présente des handicaps évidents par rapport aux pays en quête de convergence externe, tels que la fragmentation et le pourcentage élevé de terres arides, une diversification marquée du paysage géographique, etc. 
En collaboration avec le ministère de la Politique numérique, vous avez présenté un plan de numérisation pour l’agriculture grecque. Où en sommes-nous ? Comment mettre en œuvre un modèle d’agriculture de précision en Grèce compte tenu de la fragmentation des terres que vous venez de mentionner ?
Nous travaillons en étroite collaboration avec le ministre de la Politique numérique, Nikos Pappas, et son équipe pour répondre aux besoins du monde rural en matière d’applications numériques et d’accès Internet. Je tiens à préciser que l’agriculture de précision n’exige pas de grands champs ni d’exploitations agricoles individuelles.
Les logiciels sont conçus pour des petites et des grandes superficies, même sur des parcelles individuelles, c’est ce qu’on appelle l’« agriculture de précision ». C’est quelque chose dont l’agriculteur-propriétaire grec d’une ferme avec de nombreux champs a besoin pour adapter ses techniques de culture aux différentes conditions microclimatiques, gradients de terrain et, bien sûr, aux différents produits.
Notre planification concerne le développement d’une infrastructure publique qui produira des données publiques, auxquelles nos agriculteurs auront libre accès et sur laquelle un système moderne de conseil agricole sera basé.

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