mardi 22 janvier 2019


Razzia sur la dette italienne
ISABELLE COUET Le 15/01 à 16:46Mis à jour à 20:33   source : Les Echos


L'Italie a reçu des souscriptions records pour son emprunt à 15 ans. Le carnet d'ordres atteint 35,5 milliards.
Le 15 janvier restera dans les annales du Trésor italien. Celui-ci a choisi cette date pour placer des emprunts d'Etat à 15 ans sur les marchés et a reçu 35,5 milliards d'euros de souscription. Jamais l'Italie n'avait affiché un livre d'ordres aussi conséquent. D'après une source de marché, la demande pour les « BTP » - le nom des titres italiens - est venue aussi bien des acheteurs domestiques (gros gestionnaires d'actifs, banques) que des investisseurs étrangers. Malgré les incertitudes économiques et politiques, l'Italie, comme nombre d'émetteurs, profite à plein  des liquidités abondantes  que les gérants de portefeuilles veulent investir en ce début d'année.
Premier emprunteur de la zone euro
L'Etat, qui hésitait à émettre sur une maturité de 30 ans, a décidé de lever 10 milliards d'euros sur cette opération, qui a été arrangée par Barclays, Citi, HSBC, JPMorgan et UniCredit. Le taux d'emprunt est ressorti à 3,41 %. « C'est une grande réussite. L'Italie n'avait pas émis par syndication depuis douze mois et le Trésor n'a même pas eu besoin de faire un roadshow pour convaincre les investisseurs », souligne Frédéric Gabizon, en charge de l'opération chez HSBC.
Les investisseurs se sont arraché les titres malgré un programme de financement très chargé en 2019. L'Italie va lever 260 milliards d'euros sur les marchés financiers et reste ainsi, de loin, le plus gros  emprunteur de la zone euro . Les annonces concernant Banca Carige - que  l'Etat envisage de nationaliser - ou Monte dei Paschi, pointé du doigt par le superviseur bancaire européen pour ses problèmes de rentabilité et de solvabilité, n'ont pas perturbé l'émission de dette.
La tension est retombée ces derniers mois sur le marché obligataire. Le taux italien à 10 ans qui évoluait au-dessus de 3,6 % en novembre s'est détendu à 2,8 % début janvier.  Le bras de fer avec Bruxellesconcernant le budget a finalement débouché sur un accord en décembre. Le gouvernement a fini par accepter de réviser à la baisse ses prévisions de déficit (à 2,04 % du PIB) et de croissance (à 1 %) pour 2019.

Coût de financement
Les milieux financiers restent sur leurs gardes. Les projections officielles semblent toujours optimistes par rapport aux scénarios des analystes. Bank of America-Merrill Lynch vient de revoir à la baisse sa prévision de PIB : il devrait croître de seulement 0,2 % cette année (contre 0,6 % anticipé auparavant). « Les statistiques sont décevantes : la confiance des acteurs économiques n'était pas bonne en décembre et la production industrielle a décliné pour le deuxième mois d'affilée en novembre », fait valoir la banque américaine. « L'incertitude politique pourrait perdurer jusqu'à la fin du semestre », ajoute-t-elle.
Le Trésor italien, lui, fera tout son possible pour empêcher une  flambée des coûts de financement . L'exercice 2018, qui a été notamment rythmé par les agences de notation, a été difficile. Le taux d'emprunt annuel s'est élevé à 1,07 % contre 0,68 % en 2017, d'après Unicredit. « Cela reste néanmoins modéré et surtout très inférieur au coût du service de la dette, qui était de 2,7 % en octobre. »
Isabelle Couet

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