Mesures américaines pour contrôler la frontière entre l’Irak et la Syrie : la confrontation avec les « UMP » approche
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Par Nour Ayoub
Les Etats-Unis intensifient leurs activités militaires dans le triangle frontalier entre la Syrie, l’Irak et la Jordanie, dans une nouvelle tentative de s’emparer des routes internationales et de fermer la « zone stratégique » qui constitue une passerelle vitale pour l' »axe de la résistance ». Ces démarches, que les informations obtenues par « Al-Akhbar » confirment avoir été couvertes par Haidar Abadi, démontrent nettement les zones potentielles d’engagement avec les Unités de Mobilisation Populaire (Hachd al-Chaabi) et accroissent les possibilités d’affrontement entre les deux parties.
Depuis l’annonce de la « grande victoire » sur l’organisation terroriste « Daech », à la fin de l’année dernière, par le gouvernement Abadi, Washington s’est empressé d’évoquer le repositionnement de ses forces en Mésopotamie, tout en insistant sur la nécessité d’y rester pour des raisons qui n’ont pas été réellement révélées. Par ailleurs, les victoires de l’Iran et de ses alliés ont conduit à tenir un discours parallèle, selon lequel le « croissant de la résistance » s’étendant de Téhéran à Beyrouth, en passant par Bagdad et Damas, est devenu une « évidence » et que Washington et ses alliés (et certains partisans d’organisations terroristes en Irak et en Syrie) doivent accepter la nouvelle réalité et reconnaître que l’Irak est devenu une composante majeure de l’axe de la résistance, compte tenu des réalisations des » UMP » et des factions de la résistance irakienne au cours des dernières années. Entre les deux camps, le gouvernement Abadi a adopté une position ambiguë, tant en public que lors de conversations à huis clos.
A la fin 2011, les Américains se sont retirés d’Irak, mais ils sont restés dans certaines bases militaires (2012-2014), ce qui a facilité le « repositionnement » de leurs forces avec l’annonce par Washington de la création de l’Alliance internationale contre Daech (septembre 2014). Au cours des dernières années (2014-2017), et avec le début de la défaite de Daech fin 2014, le « Commandement des Opérations Conjointes » (Joint Operations Command) a mené un débat sérieux sur l’utilité de la participation de la « coalition » dans les opérations militaires, surtout que les réalisations (planification et exécution) étaient irakiennes par excellence (avec les conseils des Gardiens de la Révolution iraniens et le Hezbollah libanais), alors que » l’aviation de la coalition » commettait plusieurs massacres (notamment dans la ville de Mossoul), entraînant la mort de centaines de civils. Face à cette situation et au cours de cette période (2014-2017), Abadi -et son gouvernement- a refusé de qualifier les forces étrangères « d’occupation », mais a en même temps confirmé sa détermination à les « dégager », parallèlement à la restauration du contrôle des forces de sécurité irakiennes sur les zones contestées dans la région du Kurdistan en novembre dernier, et puis la visite d’Abadi à Téhéran où il a été averti par le leader iranien, Ali Khamenei, de la poursuite de la présence militaire américaine en Irak.
Depuis lors, Abadi avait le sentiment qu’il resterait à son poste pour un second mandat tant qu’il maintiendrait des positions conformes aux orientations de Téhéran, tout en conservant une entente minimale avec ses alliés en Irak. Mais les élections législatives du 12 mai dernier et leurs résultats ont modifié les convictions des deux parties. La partialité d’Abadi en faveur du camp américain semblait presque acquise, alors que ses espoirs pour un second mandat s’évanouissaient. On dit que la situation du terrain en Mésopotamie est le miroir de la scène politique, et les derniers évènements mettent fin au débat quant à cette rhétorique après qu’Abadi ait accepté d’accorder aux États-Unis la liberté de redéployer leurs forces dans le désert occidental et de permettre le renforcement de leur présence à la frontière entre l’Irak et la Syrie dans la zone allant du point de passage Al-Waleed (irakien) / Al-Tanf (syrien), jusqu’au point de passage Al-Qaim (irakien) / Abu-Kamal (syrien), une zone longue d’environ 224 kilomètres.
Des sources de haut niveau dans l' »axe de la résistance » croient qu’avec une telle décision, Abadi a cherché à briser l’axe allant de Téhéran à Beyrouth en réaction au retrait du soutien de l’Iran à son égard. Le propos ici ne se limite pas à la tension politique entre Abadi et la République islamique, mais les sources affirment que le premier ministre irakien est devenu partie intégrante du projet américain à un » moment opportun » que Washington a saisi pour essayer d’investir dans les efforts de Abadi dans sa quête d’un « sponsor externe » pour son projet de second mandat. Les sources confirment à Al-Akhbar qu’au cours des derniers jours, les Américains ont déployé des renforts dans la zone d’Al-Tanf (au triangle frontalier entre l’Irak, la Syrie et la Jordanie), dans le but de fermer cette zone stratégique jusqu’au passage d’Al-Qaim au nord. Depuis le début de 2017, les Américains ont installé une grande base militaire près du point de passage d’Al-Tanf, à l’intérieur du territoire syrien. La zone occupée autour de cette base s’étend sur un rayon d’environ 60 km, et son centre est le point de passage. La nouveauté, selon les sources, est que les forces américaines ont établi plusieurs points du côté irakien de la frontière pour récupérer les routes internationales de et vers l’Irak (Irak, Syrie, Irak et Jordanie), alors qu’on reparle des sociétés de sécurité américaines qui prendront le contrôle de la route internationale entre Bagdad et Amman, sous prétexte de protéger les structures économiques qui y seront construites.
Le plan américain n’est pas nouveau, mais pour Washington, le moment est propice pour commencer son application, les Irakiens étant préoccupés par la formation du plus grand bloc parlementaire dans une vacance gouvernementale d’une part, et les Syriens soucieux de l’avenir d’Idlib et des groupes terroristes là-bas d’autre part. Le plan, dont Abadi a effectivement couvert l’implémentation, a créé des zones de conflit potentiel entre les Américains et les forces des « Unités de Mobilisation Populaire », ce qui pourrait conduire à une confrontation entre les deux parties (probablement limitée). De cette possible confrontation, Téhéran veut souligner le fait que les Américains dans la région frontalière irako-syrienne sont pris entre deux feux (le « Hachd » du côté irakien, et l’armée syrienne et ses alliés de l’autre). Dans le même contexte, il est impossible d’ignorer les agissements de « Daech » enregistrés ces deux derniers jours, et sa revendication de l’attentat qui a ciblé un barrage sécuritaire dans la zone d’Al-Qaim, tuant huit personnes et en blessant 15 autres. Selon les sources qui ont parlé à Al-Akhbar, des questions sont soulevées à propos de « l’itinéraire du bus piégé qui n’était pas loin des regards Américains ».
Article en arabe :
(On ne sait toujours pas qui contrôle les pouvoirs aux Etats-Unis, mais, l'état profond n'a pas l'air de vouloir que la paix s'installe en Syrie. La population syrienne n'est qu'un indicateur des millions de morts des guerres américaines et du contrôle économique des USA sur les pays du Moyen Orient auquel participe la France avec son heure de gloire de l'anéantissement de la ville et de la population de Raqa en Syrie. note de rené)
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