(Cette histoire devient ennuyeuse. note de rené)
Dans l’affaire Skripal, la police métropolitaine britannique a fait une déclaration manifestement fausse ; elle a affirmé ne pas savoir avec quel type de visa Boshirov et Petrov voyageaient. Comme elle savait quels passeports ils utilisaient et qu’elle en avait des images prises à l’aéroport, c’est impossible. La police de la frontière pourrait le leur dire en 30 secondes.
Saga Skripal : le cas incroyable des visas de Boshirov et Petrov
Par Craig Murray
Paru sur le blog de l’auteur sous le titre The Incredible Case of Boshirov and Petrov’s Visas
Paru sur le blog de l’auteur sous le titre The Incredible Case of Boshirov and Petrov’s Visas
Dans l’affaire Skripal, la police métropolitaine britannique a fait une déclaration manifestement fausse ; elle a affirmé ne pas savoir avec quel type de visa Boshirov et Petrov voyageaient. Comme elle savait quels passeports ils utilisaient et qu’elle en avait des images prises à l’aéroport, c’est impossible. La police de la frontière pourrait le leur dire en 30 secondes.
Pour obtenir un visa britannique, Boshirov et Petrov avaient dû aller au centre de demandes de visas du Royaume-Uni à Moscou. Non seulement leurs photographies ont dû y être prises comme elles le sont toujours – c’est la procédure – , mais leurs empreintes digitales ont aussi dû être prises et, si c’était au cours des dernières années, leur iris a aussi dû être scanné. La police métropolitaine a donc naturellement pu obtenir leurs empreintes digitales auprès du centre de demandes de visas britannique de Moscou.
Une chose dont nous pouvons être certains, c’est que leurs empreintes digitales ne se trouvaient ni sur le flacon de parfum, ni sur l’emballage trouvés dans la maison de Charlie Rowley. Nous pouvons en être certains parce qu’aucune accusation n’a été portée contre ces deux personnes relativement à la mort de Dawn Sturgess, or nous savons que la police a leurs empreintes digitales. Le fait qu’aucune preuve crédible, selon la Metropolitan Police ou le Service des poursuites judiciaires de la Couronne, ne puisse les relier à l’empoisonnement d’Amesbury a de profondes implications.
La raison pour laquelle la police métropolitaine est si réticente à révéler le type de visa détenu par les deux Russes est un mystère de plus. Pourquoi leur a-t-on donné ces visas au départ, et quelle histoire ont-ils racontée pour les obtenir ? Il n’est pas facile pour un citoyen russe, en particulier un homme économiquement actif, de passer la frontière britannique. Le processus de demande de visa est très intrusif. Ils doivent fournir des preuves de leur situation familiale et professionnelle, y compris leur emploi et leur adresse, des preuves de fonds, y compris au moins trois mois de relevés bancaires, et donner les motifs de leur voyage. Ces détails sont ensuite vérifiés par le département des visas.
S’ils avaient raconté au département des visas la même l’histoire qu’ils ont racontée à Russia Today, à savoir que c’étaient des commerçants indépendants de produits de fitness souhaitant visiter la cathédrale de Salisbury, on leur aurait refusé leurs visas, parce qu’ils seraient apparus comme des candidats à l’immigration illégale. On aurait jugé qu’ils n’avaient pas d’emploi suffisamment stable en Russie pour être surs qu’ils y repartent. Quelle histoire Petrov et Boshirov ont-ils racontée pour leur demande de visa, pourquoi leur a-t-on donné un visa, et quel type de visa ? Et pourquoi les autorités britanniques ne veulent-elles pas que nous sachions la réponse à ces questions ?
Ce qui nous amène aux affirmations du site de propagande néocon Bellingcat. Il affirme, tout comme le site Web Russia Insider, avoir obtenu des preuves selon lesquelles les passeports de Petrov et Boshirov n’étaient délivrés qu’à des espions russes, et que leurs demandes donnaient comme adresse personnelle celle du siège du GRU.
L’analyse de Bellingcat soulève quelques questions. La première est qu’il cite également le site russe fontanka.ru comme source, mais fontanka.ru dit exactement le contraire de ce que Bellingcat prétend — à savoir que la série des numéros de passeport est typiquement civile et que les civils ont des passeports de cette série.
Selon Fontanka.ru, également, que les deux hommes aient des numéros de passeport proches n’a rien d’étrange — cela veut seulement dire qu’ils ont présenté leur demande ensemble. Sur d’autres points, fontanka.ru confirme le récit de Bellingcat sur un officier présumé du GRU qui a des numéros de série proches de ceux de Boshirov et Petrov.
Mais la question de l’authenticité des documents eux-mêmes est plus importante. Fontanka.ru est une impasse – ils ne sont pas la source des documents, ils ne font que les commenter, et Bellingcat ne fait que tenter le vieux truc du raisonnement circulaire. Pour sa part, le site Russia Insider n’est ni russe, ni un « insider ». Son nom est fallacieux. Il ne comprend que des écrits « d’experts » occidentaux sur la Russie et des réimpressions d’articles de médias russes. Il n’a aucune possibilité d’accès aux secrets ou documents du gouvernement russe, non plus que Bellingcat.
En revanche, ce que Bellingcat a est un passif conséquent de travail au service d’agences de sécurité occidentales. Bellingcat prétend que son but est de contrer les « fake news », mais le site est totalement opaque sur la source réelle de ses soi-disant documents.
Le MI6 compte près de 40 officiers en Russie, qui dirigent des centaines d’agents. La CIA en a encore bien plus. Ils mettent en commun leurs informations. Le Royaume-Uni et les États-Unis comptent tous deux de grands départements de visas dont la fonction principale est l’analyse des passeports russes, de leurs types et numéros et de ce qu’ils disent sur l’individu.
On veut nous faire croire que Boshirov et Petrov étaient des agents du GRU dont les fonctions était évidente d’après leurs passeports, qu’ils n’avaient aucune couverture crédible, mais que ni le service des visas, ni le MI6 (qui coopèrent étroitement et en permanence) ne savaient qu’ils accordaient des visas à des agents du GRU. Et pourtant, cette information aurait été facilement accessible, même à Bellingcat ?
Je ne sais pas si les deux hommes sont des agents ou juste des touristes. Mais si elle est authentique, la preuve alléguée selon laquelle c’étaient des agents signifie qu’ils auraient dû être étroitement surveillés tout au long de leur séjour au Royaume-Uni. Si l’histoire officielle est vraie, alors les défaillances du département des visas du Royaume-Uni et du MI6 sont honteux. Tout comme l’est l’absence de précautions simples qui auraient dû être prises pour assurer la sécurité des Skripal, par exemple les lacunes inexplicables de la vidéo-surveillance couvrant la maison de Sergueï Skripal, un important ex-agent et transfuge censément sous protection britannique.
Une autre réflexion. On nous informe que Boshirov et Petrov ont laissé une trace de « Novichok » dans leur chambre d’hôtel. Quelles sont les chances pour que, la veille d’une tentative professionnelle d’assassinat qui impliquait la manipulation d’un agent chimique dont tout contact pourrait tuer, Boshirov et Petrov se préparent, non pas en se reposant, mais en passant leur nuit à faire la fête avec de la drogue et du sexe ? A leur place, n’auriez-vous pas souhaité avoir la tête aussi claire que possible le lendemain ? Inviteriez-vous vraiment une prostituée dans la même chambre que du parfum assaisonné au « Novichok », et vous comporteriez-vous d’une manière qui pourrait donner lieu à des plaintes et vous attirer une visite nocturne de la police ?
N’est-il pas étonnant que personne dans les médias grand-public n’ait souligné à quel point ce comportement est improbable, alors que des dizaines de « journalistes » ont écrit que visiter Salisbury en touriste, et revenir le lendemain parce que la visite était impossible à cause de la neige n’était pas plausible ?
Pour moi, de façon encore plus concluante, des propagandistes de la Guerre froide comme l’ancien employé de la Maison-Blanche Dan Kaszeta nous ont informés que la raison pour laquelle les Skripals n’ont pas été tués est que le Novichok est dégradé par l’eau. Pour citer Kaszeta : « Le savon et l’eau sont très efficaces pour décontaminer les agents neurotoxiques ».
Dans ce cas, il est extrêmement improbable que des agents qui manipulent du Novichok, et qui en auraient eu dans leur chambre, choisissent une chambre d’hôtel sans salle de bain attenante. Si je renversait du Novichok sur moi, je ne voudrais pas avoir à faire la queue dans le couloir pour la douche. Le GRU n’est peut-être pas très soucieux de santé et de sécurité, mais l’idée que ses agents aient choisi de ne pas disposer d’installations sanitaires de base alors qu’ils manipulaient un produit hautement dangereux est tout à fait improbable.
Le seul lien entre Boshirov et Petrov et le Novichok est la trace retrouvée dans la chambre d’hôtel. Cette identification d’une trace microscopique de Novichok provient d’un seul prélèvement, tous les autres prélèvements étaient négatifs, et le test n’a pas pu être répété sur l’échantillon positif initial. Pour les raisons données ci-dessus, je doute absolument que ces deux-là aient eu du Novichok dans cette chambre. Qui ils sont vraiment, et ce que savent les services de sécurité sur eux demeurent des questions ouvertes.
Craig Murray, un proche collaborateur de Wikileaks, est historien et militant des droits de l’homme. Il a été ambassadeur du Royaume-Uni en Ouzbékistan.
Traduction Entelekheia
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire