LA «CHINAFRIQUE» EN SOMMET À PÉKIN
Les "Nouvelles Routes de la soie" passent par le continent africain
source : L'Expression Samedi 01 Septembre 2018 00:00
Vu du côté africain, «le besoin d'argent chinois occupera le devant de la scène» lors du forum de Pékin, prédit M. Adeniran. L'argent, le président Xi ne demande pas mieux que d'en prêter à l'Afrique, d'ores et déjà incluse dans ses «Nouvelles Routes de la soie», un projet pharaonique de construction d'infrastructures...
La Chine, premier partenaire commercial de l'Afrique, réunit lundi à Pékin un sommet sino-africain qui sera
largement dominé par la coopération économique, à l'heure où les Chinois tentent de cimenter leur influence dans les pays en développement. Le président chinois Xi Jinping accueillera pendant deux jours ce septième «Forum sur la coopération sino-africaine», un rendez-vous qui a lieu tous les trois ans, alternativement en Chine et en Afrique. Parmi les invités confirmés, les présidents sud-africain Cyril Ramaphosa, le Nigerian Muhammadu Buhari, l'Egyptien Abdel Fattah al-Sissi ou encore l'Ivoirien Alassane Ouattara. Xi Jinping, en pleine guerre commerciale avec l'Amérique de Donald Trump, devrait profiter de la rencontre pour vanter «l'amitié» entre son pays et un continent où Pékin a multiplié les investissements, particulièrement dans les infrastructures, à coups de milliards de dollars. En Afrique, Pékin cherche à allonger «sa liste toujours plus longue de pays amis» particulièrement dans le nord et l'ouest francophone du continent, observe Adebusuyi Isaac Adeniran, expert à l'Université Obafemi Awolowo (Nigeria). A l'exception du petit Swatini (ex-Swaziland), tous les pays d'Afrique reconnaissent désormais le régime communiste, le Burkina Faso ayant rompu cette année ses liens avec le gouvernement rival de Taïwan. Et Pékin a ouvert l'an dernier à Djibouti sa première base militaire à l'étranger. Vu du côté africain, «le besoin d'argent chinois occupera le devant de la scène» lors du forum de Pékin, prédit M. Adeniran. L'argent, le président Xi ne demande pas mieux que d'en prêter à l'Afrique, d'ores et déjà incluse dans ses «Nouvelles routes de la soie», un projet pharaonique de construction d'infrastructures destinées à relier la deuxième économie mondiale à ses partenaires commerciaux. «L'initiative sera probablement étendue afin d'y incorporer la totalité de l'Afrique», prévoit Cobus van Staden, spécialiste des relations Chine-Afrique à l'Institut des affaires internationales (Afrique du sud). Lors du dernier sommet, à Johannesburg en 2015, Xi Jinping avait annoncé une enveloppe de 60 milliards de dollars en aide et en prêts à destination des pays africains. Les entreprises publiques chinoises, en mal de matières premières, ont aussi investi massivement dans des pays comme le Soudan du sud ou la République démocratique du Congo. Mais les prêts chinois soulèvent des inquiétudes pour la stabilité financière de pays qui pourraient se retrouver lestés par un lourd endettement pour de longues années. Parallèlement, la relation de la Chine avec ses partenaires africains évolue: Pékin ne voit plus seulement l'Afrique comme un marché, mais aussi comme un sous-traitant, afin de compenser la hausse de ses propres coûts de production. «La Chine cherche à investir dans des industries à fort contenu de main-d'oeuvre à mesure qu'elle s'enrichit et vieillit», explique la sinologue Lauren Johnston, de l'Université de Melbourne. L'influence croissante de Pékin provoque parfois des réactions vives. La semaine dernière, le président namibien Hage Geingob a renvoyé dans les cordes l'ambassadeur de Chine, qui tentait de lui expliquer ce qu'il faudrait dire lors du sommet. «Vous n'avez pas à nous dire ce que nous devons faire», lui a-t-il répondu. «Nous ne sommes pas des marionnettes».
largement dominé par la coopération économique, à l'heure où les Chinois tentent de cimenter leur influence dans les pays en développement. Le président chinois Xi Jinping accueillera pendant deux jours ce septième «Forum sur la coopération sino-africaine», un rendez-vous qui a lieu tous les trois ans, alternativement en Chine et en Afrique. Parmi les invités confirmés, les présidents sud-africain Cyril Ramaphosa, le Nigerian Muhammadu Buhari, l'Egyptien Abdel Fattah al-Sissi ou encore l'Ivoirien Alassane Ouattara. Xi Jinping, en pleine guerre commerciale avec l'Amérique de Donald Trump, devrait profiter de la rencontre pour vanter «l'amitié» entre son pays et un continent où Pékin a multiplié les investissements, particulièrement dans les infrastructures, à coups de milliards de dollars. En Afrique, Pékin cherche à allonger «sa liste toujours plus longue de pays amis» particulièrement dans le nord et l'ouest francophone du continent, observe Adebusuyi Isaac Adeniran, expert à l'Université Obafemi Awolowo (Nigeria). A l'exception du petit Swatini (ex-Swaziland), tous les pays d'Afrique reconnaissent désormais le régime communiste, le Burkina Faso ayant rompu cette année ses liens avec le gouvernement rival de Taïwan. Et Pékin a ouvert l'an dernier à Djibouti sa première base militaire à l'étranger. Vu du côté africain, «le besoin d'argent chinois occupera le devant de la scène» lors du forum de Pékin, prédit M. Adeniran. L'argent, le président Xi ne demande pas mieux que d'en prêter à l'Afrique, d'ores et déjà incluse dans ses «Nouvelles routes de la soie», un projet pharaonique de construction d'infrastructures destinées à relier la deuxième économie mondiale à ses partenaires commerciaux. «L'initiative sera probablement étendue afin d'y incorporer la totalité de l'Afrique», prévoit Cobus van Staden, spécialiste des relations Chine-Afrique à l'Institut des affaires internationales (Afrique du sud). Lors du dernier sommet, à Johannesburg en 2015, Xi Jinping avait annoncé une enveloppe de 60 milliards de dollars en aide et en prêts à destination des pays africains. Les entreprises publiques chinoises, en mal de matières premières, ont aussi investi massivement dans des pays comme le Soudan du sud ou la République démocratique du Congo. Mais les prêts chinois soulèvent des inquiétudes pour la stabilité financière de pays qui pourraient se retrouver lestés par un lourd endettement pour de longues années. Parallèlement, la relation de la Chine avec ses partenaires africains évolue: Pékin ne voit plus seulement l'Afrique comme un marché, mais aussi comme un sous-traitant, afin de compenser la hausse de ses propres coûts de production. «La Chine cherche à investir dans des industries à fort contenu de main-d'oeuvre à mesure qu'elle s'enrichit et vieillit», explique la sinologue Lauren Johnston, de l'Université de Melbourne. L'influence croissante de Pékin provoque parfois des réactions vives. La semaine dernière, le président namibien Hage Geingob a renvoyé dans les cordes l'ambassadeur de Chine, qui tentait de lui expliquer ce qu'il faudrait dire lors du sommet. «Vous n'avez pas à nous dire ce que nous devons faire», lui a-t-il répondu. «Nous ne sommes pas des marionnettes».
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