__
EDF à la hausse... des défauts sur ses réacteurs
Sur les 58 réacteurs nucléaires en activité sur le territoire ce sont finalement à ce jour 46 réacteurs qui comportent des pièces défectueuses fabriquées par Areva-Creusot Forge. La mise à jour de la liste des défauts par EDF fait apparaître pas moins de 1.775 "anomalies" et 449 "non-conformités" au 17 juillet 2018. En février 2018 EDF en était à 1.063 "anomalies"et 233 "non-conformités". Soit 553 "anomalies" de plus et 103 "non-conformités" de plus qu'en... septembre 2017. EDF : toujours à la hausse !
Pas une centrale atomique n'est épargnée. Et les vérifications que EDF et Orano-Areva ont été contraints de réaliser sur l'ensemble des dossiers des équipements fabriqués à l'usine du Creusot (Saône-et-Loire) ne sont pas achevées. Les pièces des 12 réacteurs restants doivent être contrôlées d'ici... la fin de l'année. Ça urge mais on prend son temps depuis septembre 2016.
Les « constats d'anomalie au référentiel » indiquent qu'une pièce n'est pas conforme aux prescriptions et exigences de fabrication contractuelles ou réglementaires édictées officiellement. Les « constats de non-conformité au référentiel » signifient que les pièces ne sont pas conforment aux exigences internes du fabricant ou de l'exploitant lui-même.
Falsifications et omerta
Areva qui est soupçonnée d’avoir falsifié et caché pendant des décennies des tests de composants nucléaires utilisés dans de nombreuses centrales à travers le monde avait racheté la forge du Creusot au frère du patron de Canal+ Bolloré. EDF s'est vu attribuer à son tour, l'an dernier, la forge d'Areva pour cause de faillite et en a profité pour changer le nom honni de "Areva NP" en "Framatome". Jeux financiers et arrangements comptables obligent. Chacun y a gagné quelque chose. Sauf les contribuables qui se voient ponctionnés de 9 milliards d'euros par le gouvernement et, pas plus la santé et la vie de la population.
2016_anomalies_usine_Creusot_Areva-EDF-Framatome.jpgÉvidemment la nucléocratie tente de minorer le désastre et l'ampleur des falsifications et des risques en tous genres. Elle entonne, à l'image de Dominique Minière, en charge du parc nucléaire chez EDF, une énième fois sa litanie du "nous contrôlons la situation, rien de grave avec ces écarts, on peu continuer à faire fonctionner les équipements (turbiner les vieilles casseroles)".
Et EDF qui ne recule devant rien, et surtout pas son arrogance, espère mettre en service un second réacteur EPR en France d’ici 2030. Bon pour ça il faudrait déjà que son premier, celui de Flamanville qui accumule lui aussi les pièces défectueuses et non des moindres tout comme des mauvaises soudures en pagaille et défauts de fabrication, puisse démarrer. Mais comme de toute façon ce ne sont ni les gouvernements ni les élu-es qui décident de la politique énergétique de la France, ni l'ASN qui n'a pas plus le pouvoir réel de décision, mais le lobby nucléaire... C'est si vrai que EDF n'a pas hésité à affirmer en janvier dernier qu’elle attendra 2029 pour arrêter d'autres réacteurs que la doyenne Fessenheim; celle qui devait être mise à l'arrêt définitif en 2017 et continue bel et bien de tourner tant bien que mal. Et Hulot de valider la tambouille, et Hollande de s'être renié, et Macron de faire acte d'allégeance..
Plutôt que de lever le pied on accélère
Malgré ces graves défectuosités mettant en jeu le fonctionnement des réacteurs nucléaires et les risques qu'ils font courir au pays l'ASN, docile, a jusqu’à présent donné son feu vert au redémarrage de 31 des 58 réacteurs disséminés sur le sol français (1). Moyennant quelques prudences toutefois quant à la montée en puissance et au pilotage des engins de morts. Quid des chocs thermiques en cas d'arrêt d'urgence ? Mystère et boule de gomme pour les experts. Tiendra ? tiendra pas ?
nucleaire_opposition.jpgA cela s'ajoutent, révélées en septembre 2017, 95 anomalies et 16 non-conformités sur les équipements de l'EPR de Flamanville qui cumule une explosion de son budget prévisionnel (passé de 3 milliards à 10 milliards d'euros) et un retard de près de 10 ans ... Et depuis avril 2018 également des mauvaises soudures sur le circuit secondaire principal de l’EPR.
"On maîtrise on vous dit !"
__
(1) Les 31 réacteurs qui ont obtenu à ce jour l'approbation de l'ASN sont : Paluel 1 (1 330 MW), Paluel 2 (1 330 MW), Paluel 4 (1 330 MW), St Laurent 2 (915 MW), Penly 1 (1 330 MW), Dampierre 3 (890 MW), Chooz 2 (1 500 MW), Chinon 3 (905 MW), Nogent 1 (1 310 MW), Cruas 3 (915 MW), Bugey 3 (910 MW), Gravelines 2 (910 MW), Belleville 2 (1 310 MW), Tricastin 3 (915 MW), Tricastin 4 (915 MW), Fessenheim 2 (880 MW), Cattenom 1 (1 300 MW), Cruas 2 (915 MW), Blayais 2 (910 MW), Gravelines 4 (910 MW), Cattenom 3 (1 300 MW), Dampierre 2 (890 MW), Bugey 4 (880 MW), Civaux 2 (1 495 MW), Blayais 3 (910 MW), Penly 2 (1 330 MW), Chinon 4 (905 MW), St Laurent 1 (915 MW), St Alban 2 (1 335 MW), Gravelines 5 (910 MW) et Tricastin 1 (915 MW).

source : agence de presse montelnews.com (Chris Eales/Guingamp/20 juil 2018/10:39 CET . Aia Helena Brnic/London/18 juil 2018/17:04 CET)