Les investisseurs futés se préparent au prochain événement de crédit
« Il semblerait que nous soyons à 12 mois de cet événement, mais nous pourrions jouer les prolongations » : voici le sous-titre raisonnant comme un avertissement de cet article de Wolf Richter, publié le 19 juin 2018 sur WolfStreet.com :
« Alors que la dette des entreprises aux États-Unis a atteint des sommets dangereux, et que les risques s’accumulent, les investisseurs futés se préparent vu cet environnement fait de taux qui grimpent et d’une FED résolument agressive.
Les investisseurs futés («smart money») se préparent à la désertion sur le marché exubérant des obligations pourries, lorsque la liquidité sur les obligations des entreprises surendettées s’asséchera pour provoquer l’effondrement de leurs obligations. Ces gestionnaires intelligents se préparent maintenant, car il faut lever des milliards de dollars, ce qui prend du temps.
Les créances en difficulté sont des obligations de type pourries dont les taux sont supérieurs d’au moins 10 % par rapport aux obligations américaines à la même échéance.
Les investisseurs qui achètent des créances en difficulté peuvent faire un véritable massacre en achetant des obligations pour une bouchée de pain (quelques centimes pour une valeur d’un dollar) durant les périodes de tensions, pour autant que l’entreprise traverse la tempête sans faire faillite. Dans un tel scénario, l’investisseur peut bénéficier d’une remise de 60 % sur la valeur nominale. Et lorsque la tempête est passée, le titre récupère sa valeur nominale, disons 2 ans plus tard. Il s’agit donc, en ce laps de temps, d’un éventuel profit de 200 % si on prend en compte les intérêts et la plus-value.
Mais il n’y a pas encore d’étranglement du crédit tellement le marché des obligations pourries a été prospère. Les dernières minutes de gloire de ce marché sont les plus dangereuses alors que les « investisseurs idiots » chassent les rendements. Pour l’instant, il n’y a rien d’attractif pour les investisseurs intelligents. Mais ce n’est qu’une question de temps.
Le US High Yield Corporate Distressed Bond Index permet de jauger la santé de ces actifs. L’indice a atteint son pic au début du mois de juillet 2014, juste avant la chute du cours du pétrole. Durant les 18 mois suivants, il a plongé de 56 % alors que les soucis du brut faisaient de gros dégâts parmi les obligations des sociétés gazières et pétrolières. Mais le 11 février 2016, l’indice a enregistré un plus bas. Les investissements affluèrent à nouveau vers ce secteur, les banques ont recommencé à lui prêter. Les survivants ressuscitaient. L’indice a ensuite bondi de 113 % dans les 28 mois suivants. Soit le double de la performance du S&P 500.
Les investisseurs qui se sont lancés sur le marché au bon moment ont empoché de gros profits. L’hypothétique investisseur à long terme a vu la valeur de son investissement plonger pour ensuite se redresser, tout en restant tout de même en perte de 6 %.
Aujourd’hui, les fonds d’investissement se positionnent pour la prochaine liquidation du marché des obligations pourries, sur base de la dynamique du graphique ci-dessus.
D’après le Financial Times, ces fonds spécialisés dans les créances en difficulté ont levé 15,4 milliards de dollars jusqu’à présent. GSO Capital Solutions Fund III, qui a fermé les souscriptions en avril, a collecté 7,4 milliards de dollars. (…) Selon Sheru Chowdhry, « je pense que nous sommes à 12 mois de cet événement, mais nous pourrions jouer les prolongations ».
Cela dit, réussir un tel investissement exige une expertise spécifique. Lorsque le plus bas approche, les créances en difficulté deviennent un marché illiquide. On peut faire des affaires incroyables lorsque les petits investisseurs deviennent nerveux et veulent se débarrasser de leurs titres. Mais le risque de perte totale est grand.
Des équipes analysent le type de dette, le secteur économique concerné, le collatéral disponible, etc. Mais c’est pour ça qu’on les appelle les investisseurs futés. Et ils se préparent pour le prochain événement de crédit.
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