La crise financière mondiale : une nouvelle « turquerie » ?
Publié le 5 août 2018 source : Jacqueshenry
Je ne voudrais pas être considéré comme un cygne noir mais la situation financière de la Turquie se dégrade jour après jour et il est probable que la crise financière mondiale que les analystes redoutent ne surgira pas de l’Argentine ni de l’Italie ni encore du Portugal mais de l’ensemble des banques exposées aux risques politiques et économiques de la Turquie. Depuis que Erdogan a été réélu dictateur à vie de son pays, c’est ainsi que l’on peut voir les choses et ça n’a pas vraiment l’air de plaire aux Américains, la lira turque a dévissé et elle est en chute libre jour après jour. Quels sont les pays dont les banques ont consenti des prêts à la Turquie il y a quelques années quand les perspectives de développement de ce pays paraissaient mirifiques ?
Le classement est sans appel et éloquent :
France : 40,4 Md de dollars, GB : 23,9 Md de dollars, USA : 18,9 Md, Allemagne : 15,4 Md, Japon : 11,8 Md, Italie : 8,9 MD, Suisse : 6,4 Md et Canada 1,8 Md sans oublier les participations directes hasardeuses d’Unicredit (Italie) et BBVA (Espagne) dans des banques turques alors que la lira a perdu près de 75 % de sa valeur par rapport au dollar (et à l’euro) en quelques mois avec une inflation qui n’a rien à envier à celle que connut le Zimbabwe ou celle du Vénézuela aujourd’hui … Faut-il voir dans la déconfiture de la situation financière de la Turquie une action souterraine des USA qui n’apprécieraient pas le rapprochement récent entre ce pays la Chine et la Russie ou encore avec la Syrie, je ne me hasarderai pas à faire une telle analyse, toujours est-il que de grosses banques (« too big to fail ») françaises, italiennes et espagnoles vont se trouver confrontées dans les prochaines semaines sinon les prochains jours à de très graves difficultés et on peut raisonnablement penser que la BCE ne pourra rien faire pour les tirer d’affaires sinon mettre la planche à billets en surchauffe. Et dans ce cas l’euro se dépréciera par rapport au dollar. D’un autre point de vue le rapprochement entre la Turquie et la Russie et la Chine signifie peut-être que ces deux dernières puissances pourraient mettre la main au pot pour mieux asseoir leurs visées stratégiques sur la région. Encore faudrait-il que Erdogan, de plus en plus considéré par Washington comme un despote incontrôlable, quitte l’OTAN. Or les USA disposent de deux importantes bases militaires dans ce pays … Tout se complique.
Charles Gave avait averti il y a quelques mois ses lecteurs du danger d’une turquerie imminente, elle va se concrétiser !
Illustration : « Turquerie » par Maurice Quentin de La Tour (1704-1788)
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