Les forces US quittent al-Tanf… et la Syrie : la Russie va demeurer au Levant
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Par Elijah J. Magnier: @ejmalrai
Traduction : Daniel G.
Des conseillers russes en visite dans la capitale syrienne Damas sont convaincus que les forces US vont quitter al-Tanf et se retirer complètement du nord de la Syrie (provinces d’Hassaké et de Deir Ezzor) dans les six prochains mois.
Selon des preneurs de décisions haut placés basés à Damas, le président des USA Donald Trump fait pression sur son administration pour qu’elle approuve un plan de retrait complet préalablement établi. Malgré sa connaissance limitée de la politique étrangère et son inconscience des conséquences de ses décisions sur la scène internationale, lorsque son administration lui a fait un exposé de la situation, d’après les sources qui ont demandé à garder l’anonymat, Trump n’a pas été convaincu que les forces US retireraient quoi que ce soit du maintien de leur présence en milieu hostile sans subir d’attaques. La plus grande crainte de Trump, c’est de voir les forces spéciales US déployées au nord de la Syrie et de l’Irak revenir au pays dans des « housses mortuaires ». Il aurait alors sûrement du mal à offrir une explication plausible à la poursuite de l’occupation américaine au Levant après la défaite de Daech (le groupe armé « État islamique) ou de ce qu’il en reste en Syrie et en Irak.
Trump a également remarqué que l’hostilité à l’endroit de ses forces en Irak est en hausse. Les forces de sécurité irakiennes (Hachd al-Chaabi) ont réclamé vengeance contre les USA à la suite de la destruction, par des avions non identifiés (soupçonnés d’être israéliens), de leur centre de commandement et de contrôle à la frontière irako-syrienne, elles qui avaient reçu l’ordre précis de stopper et de détruire les groupes terroristes de Daech qui tentaient d’entrer en Irak.
Les sources croient que le président Trump, malgré son soutien indéfectible à Israël, n’est pas prêt à voir les forces US payer le prix d’un jeu auquel Israël excelle depuis des décennies. C’est qu’Israël a l’habitude d’accepter les coups résultant des conséquences de ses actions contre ses voisins.
Des sources russes participant aux préparatifs en vue du sommet Poutine-Trump, prévu ce mois-ci en Europe, croient que le président russe peut offrir suffisamment de garanties au président américain pour que ses forces quittent le Levant avant que les USA ne s’enlisent dans le bourbier syro-irakien. La clé pour atteindre cet objectif est que Trump dispose, dans son esprit, de suffisamment d’éléments pour garantir la sécurité d’Israël, sans déploiement de forces iraniennes ou du Hezbollah sur la zone de désengagement de 1974. La Russie ne peut toutefois évidemment pas garantir que la Syrie se gardera de réclamer la restitution de son territoire occupé sur les hauteurs du Golan.
Dans les faits, Damas ne se soucie guère d’offrir la moindre garantie à Israël. Cependant, comme le gouvernement central n’aura plus besoin du soutien d’unités étrangères amies déployées dans le pays une fois que tout le territoire syrien occupé après 2011 sera libéré (y compris le nord), le président syrien Bachar al-Assad pourra garantir le contrôle de l’armée syrienne sur l’ensemble du pays. La seule exception concerne la frontière entre le Liban et la Syrie, où une collaboration étroite avec les forces de facto sur le terrain est requise des deux côtés pour empêcher la contrebande d’armes et le passage de djihadistes de part et d’autre de la frontière.
Les Russes sont d’avis que les USA et Israël ont accepté l’échec de leur objectif de « changement de régime » en Syrie et que cette tentative ratée, après plus de sept ans de guerre, n’a fait que renforcer « l’Axe de la résistance » malgré les milliards de dollars investis pour retrancher la Syrie de cet « axe ». Ils savent aussi que c’est l’administration Obama qui a laissé Daech prendre de la vigueur sans intervenir au moment opportun pour l’empêcher, créant ainsi une force populaire locale en Irak hostile aux USA.
L’administration américaine craint que la présence des forces US en Syrie à la frontière avec l’Irak va nuire davantage aux relationsaméricano-irakiennes qui sont encore « sous contrôle » avec le premier ministre Haidar Abadi au pouvoir. La menace proférée par le Kataeb-Hezbollah Irak contre les forces US, dont le chef du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah a d’ailleurs parlé, inquiète sérieusement le personnel militaire et les dirigeants politiques américains, dont l’objectif est d’éviter une répétition de l’expérience vécue de 2003 à 2011 (être la cible d’attaques des sunnites et des chiites durant leur occupation de l’Irak).
Par ailleurs, l’administration américaine veut obtenir de la Russie son soutien à son initiative « d’accord du siècle » ayant trait aux Palestiniens. La Russie la perçoit comme une manœuvre américano-israélienne irréaliste d’échange de la Syrie contre la Palestine. La Russie n’a pas le pouvoir d’imposer aux Palestiniens un accord mort-né. De plus, si les Russes déploient des forces régulières en Syrie et font sortir Assad de « l’Axe », ils auront en main une carte morte. L’importance de la Syrie est due à sa frontière avec Israël et à ses connexions avec les Palestiniens, l’Iran et le Hezbollah. Si la Russie enlève à la Syrie la position privilégiée qu’elle occupe au Moyen-Orient, Moscou contrôlerait un pays dénué de toute influence.
Les USA et la Russie savent que Trump attend impatiemment que son administration accepte de retirer ses forces de la Syrie. Par conséquent, il est inutile d’exiger des concessions que la Russie est incapable de remplir. Moscou veut maintenir de bonnes relations avec Washington, ce que de nombreux responsables russes ont relayé à Damas et Téhéran. En outre, la Russie et les USA savent très bien que les forces de la résistance syrienne et irakienne n’auront qu’un objectif en tête au cours des prochaines années : s’attaquer aux forces US.
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