Les images qui se succèdent depuis la réapparition du prince héritier saoudien, Ben Salmane projettent une image bien différente de celle à laquelle nous avait habituée MBS.
Les sources américaines ont confirmé que la fusillade du 21 avril a été un coup d’État manqué et que ce coup de force raté a effectivement fait beaucoup peur au prince héritier. Mais les raisons de la profonde appréhension du prince pourrait ne pas être celles qu’évoquent les sources américaines.
« La fusillade du 21 avril dans le palais royal à Riyad a été une tentative de coup d’État qui a effrayé le ministre de la Défense et homme fort du royaume wahhabite, Mohammed ben Salmane. Depuis cette tentative, il n’a fait aucune apparition publique.
Le quotidien Rai al-Youm citant des sources occidentales, a rapporté que le dauphin saoudien, ayant été pris de panique après le coup d’État raté du 21 avril, aurait décidé de s’éclipser.
38 jours après la fusillade dans le quartier d’al-Khuzama à Riyad, les dimensions occultes de cet événement et la situation de MBS continuent de faire les gros titres des médias.
L’édition électronique du vendredi 1er juin de Rai al-Youm se référant à une source d’information occidentale a écrit que le prince saoudien n’avait pas été blessé dans la fusillade du 21 avril, mais qu’il en a sévèrement été éprouvé voire affecté. La source occidentale qui se dit proche de la famille royale saoudienne confirme aussi que la fusillade du 21 avril était loin d’être « une opération terroriste ordinaire ».
« Le prince héritier a échappé à cette fusillade. Mais il a été très surpris, car il ne s’imaginait pas que le palais royal qui fait partie de l’une des places fortes de tout le royaume, fasse l’objet d’une telle attaque et ceux qui sont chargés de la sécurité trament des complots contre lui », a-t-elle expliqué et de poursuivre : « Depuis, personne n’a vu le prince héritier, ni dans les photos, ni dans les vidéo et aussi aucune apparition publique ».
Plus loin dans ses propos, la source occidentale relève une information qui suscite des doutes : « Il va sans dire que ces gardiens qui ont attenté contre la vie de MBS étaient d’origine saoudienne. Mais actuellement ce sont les étrangers qui assument sa sécurité. Ben Salmane répond rarement aux appels par crainte que sa résidence soit découverte par ses ennemis ».
À en croire le journal Raï al-Youm certains responsables saoudiens ont préconisé à MBS de se montrer le plus rarement possible en public et de s’abstenir de recourir aux propos aptes à provoquer ses ennemis à l’intérieur et à l’extérieur du pays.
Ces sources ont aussi prescrit à MBS de ne pas se comporter comme un roi et d’attendre son intronisation.
Selon le journal, Mohammed ben Salmane a suscité l’animosité à son encontre dans diverses parties de l’Arabie Saoudite, en particulier dans le secteur de la sécurité et au sein de l’armée. Il a fait arrêter des centaines de fonctionnaires qu’il a limogés au profit de jeunes dépourvus d’expérience.
« En raison de ces décisions, une « armée » d’opposants a été formée à son encontre. Divers individus au sein du royaume wahhabite cherchent à se venger de MBS, parce qu’il a arrêté les adjoints des princes saoudiens et les a humiliés, écartés et surtout dépossédés de leur fortune. De surcroît il a insulté des centaines de fonctionnaires qui ont servi leur pays pendant des années », écrit Raï al-Youm.
Après la diffusion des nouvelles sur le sort du fils et successeur désigné du roi saoudien les médias du pays ont essayé de mettre fin aux rumeurs sur sa blessure, mais son absence en public nourrit l’idée qu’il a fait l’objet d’une attaque personnelle.
Certaines sources ont du mal toutefois à cautionner cette hypothèse estimant que le prince Ben Salmane serait tombé en disgrâce aux yeux de ses maîtres américains par manque de résultats concrets dans des dossiers dont il a la charge. Depuis l’engagement direct des Américains dans la guerre au Yémen et l’intention du Pentagone de s’emparer du port d’al-Hudaydah, MBS est presque absent et ce sont les Émirats qui ont été chargés par les Américains de prendre la première ligne de l’offensive. Ces mêmes analystes font remarquer que la garde rapprochée de MBS est composée depuis longtemps de forces spéciales étrangères, bien avant que la fusillade du 21 avril ait lieu. « Il pourrait s’agir effectivement d’un coup de semonce US à l’endroit d’un prince malhabile qui aime trop se donner des grands airs », ajoutent ces analystes.