L’intrusion des ONG dans la politique des États
La multiplication des articles offensifs sur Georges Soros est révélatrice d’un changement de paradigme et de la mise en place d’un vrai affrontement idéologique au niveau mondial avec d’un côté les partisans d’un libéralisme libertaire et de l’autre les partisans d’un conservatisme étatique.
Longtemps Soros via sa fondation Open Society Foundations (OSF), créée en 1993 en référence à l’ouvrage de Popper « La Société ouverte et ses ennemis » a été dominant dans la diffusion de la pensée libérale libertaire et presque sans opposition du point de vue de la guerre informationnelle.
Mais cette emprise de Soros liée à une parfaite maîtrise des médias et à une utilisation optimale des organisations non gouvernementale comme arme métapolitique est en recul du fait d’une convergence d’éléments :
- les révélations de Wikileaks et DCleaks,
- l’accroissement de la méfiance des populations vis-à-vis des médias mainstream,
- l’émergence de médias alternatifs influents,
- le Brexit,
- l’élection de Donald Trump
- ainsi que les résurgences nationalistes des pays d’Europe de l’Est.
Les tensions récentes sur l’immigration au sein de l’union européenne semble cristalliser cette fracture idéologique.
Si l’enjeu de ce combat est d’abord une lutte pour l’avènement d’un modèle, les intérêts de l’industrie financière américaine des hedges funds à la globalisation d’une Union Européenne qui ne maîtrise plus sa dette pourraient être dévastateurs.
Il est détaillé par la suite d’une part l’installation de l’idéologie libérale libertaire et son infiltration via les ONG européennes, d’autre part les réactions parfois radicales des peuples et des Etats.
La fin de la position dominante de Georges Soros dans le débat
le politologue et historien russe Sergei Stankevich
L’objectif de Soros est expliqué par le politologue et historien russe Sergei Stankevich dans un entretien publié sur le site internet de l’agence de presse RIA Novosti accordé au chroniqueur Russe Vladimir Ardaev
« Léon Trotsky voulait une révolution mondiale, il croyait que le temps était venu d’unir l’humanité sous des valeurs communes, une idée commune et un gouvernement unique. Trotsky considérait les états nationaux comme obsolètes …George Soros part d’une idée très similaire: il croit que les États nationaux sont un anachronisme et il est convaincu que le moment est venu d’unir l’humanité sous des valeurs démocratiques et libérales et sous une seule direction libérale et démocratique ».
Le but affiché de l’OSF est d’accompagner partout l’avènement d’une « société ouverte », littéralement sur son site internet[1]
« construire des démocraties vivantes et tolérantes dont les gouvernements sont responsables devant leurs peuples, et ouverts à la participation de tous ».
Ses opposants dénoncent un concept libéral-libertaire de déconstruction des nations, des souverainetés démocratiques, des religions et des structures familiales.
Georges Soros
Afin de bien comprendre l’influence que Georges Soros exerce sur le paysage médiatique américain et européen, il faut sonder autant le champ des médias de masse que celui d’internet et des médias. L’un des objectifs de la stratégie média de l’OSF étant la formation et le soutien de nombreux journalistes présentés comme indépendants et aptes à créer un réseau d’influence médiatique informel dans un but politique. Soros met sa puissance financière au service de l’influence via l’OSF.
Les dépenses totales effectives de l’OSF depuis sa création ont été de 13 milliards de dollars pour 33 années d’activité et le budget de l’OSF est en hausse à plus de 930 millions de dollars en 2016.
Il a surtout transféré 18 milliards de dollars à sa fondation fin 2017.
Ce dernier a soutenu le parti démocrate puis la candidate Hillary Clinton pour au moins 25 millions de dollars au cours des dernières années et a injecté 103 millions de dollars entre 2000 et 2014 dans des groupes médiatiques proches du parti démocrate et de ses objectifs politiques.
Sur ces 103 millions investis dans les médias libéraux, 61 millions financent neuf groupes médiatiques qui ont soutenu directement la candidate Hillary Clinton.
George Soros a aussi directement aidé des centaines de médias, d’associations, d’écoles de journalisme aux États-Unis et à l’étranger avec des dons allant de 5000 $ à 32 millions de dollars. Dans le détail aux US, il a aidé
le Center for Investigative Reporting[2] (CIR) à hauteur de 3 millions $, ONG californienne ouvertement opposé à Trump qui rassemble tout un ensemble de micro-médias qui diffusent leur contenu en ligne, à la radio ou par écrit ;
le New America Media[3] à hauteur de 3 millions $, réseau de médias en ligne et de journaux se présentant comme le rassemblement de 3 000 agences d’informations ethniques à travers les US. Ce réseau médiatique multiculturaliste s’est spécialisé dans le lobbying visant à libéraliser la politique d’immigration aux US ;
The American Prospect Revue[3] à hauteur de 1,4 millions $ située à gauche du camp démocrate et fortement opposé à Trump.
Le Media Research Center[4] a précisé
« les solides liens financiers, honorifiques et personnels avec Columbia. Les fondations Open Society de Soros ont donné 9 708 486 $ à l’Université Columbia depuis 2000»
et pour plus de 400 millions de dollars au financement de collèges et d’universités dans le monde entier. Avec son influence considérable, la Columbia est devenue une force pour l’OSF afin d’orienter les lignes éditoriales du journalisme de demain.
Free Press[5] qui œuvre pour la neutralité du web jour Free Press est l’un des outils des groupes de Soros les mieux financés car il est relié au Center for American Progress[6] (CAP), un influent think-tank de gauche soutenu à hauteur de 7,3 millions de dollars par George Soros.
Le New York Times a également révélé[7] via la journaliste Asra Nomani que George Soros soutient financièrement plus de 50 « partenaires »de la Marche des femmes qui a lieu à Washington le jour de la prise de fonction du nouveau président américain.
Pour le journal, cette marche de protestation présentée comme une « marche des femmes » est en fait une marche des femmes qui sont anti-Trump.
L’OSF a aussi financé aussi le Media Development Investment Fund [8]à hauteur de 32 millions $, fonds qui investit dans les médias indépendants à travers le monde principalement dans des pays où l’accès à « des médias libres et indépendants est menacé ».
Le MDIF a ainsi investi plus de 153 millions de dollars dans plus de 100 entreprises d’information indépendantes dans 39 pays depuis 1996.
L’ONG internationale de cyber militantisme Avaaz [9] lancée en 2007 a été financée par Soros jusqu’en 2009 à hauteur de 1,2 million $, le journaliste américain John Hanrahan ancien journaliste du Washington Post précise dans un article concernant Avaaz intitulé « Duping progressive into War »[10], l’ONG avait joué un rôle important dans la mobilisation en faveur d’une zone d’exclusion aérienne en Lybie dont les conséquences ont été une guerre civile, une montée de l’extrémisme et un afflux de migrants sur le continent européen.
De même sur son site internet Avaaz a à nouveau publié le 14 mars 2018 une pétition [11] signée à ce jour par 888 000 personnes pour un boycott de la coupe du monde en Russie
« En tant que citoyens du monde entier, nous vous exhortons à ne pas participer à la Coupe du monde en Russie tant que les bombardements d’enfants syriens n’auront pas cessé. Aucun pays, aucune équipe, aucun joueur ne devrait cautionner cette violence en chantant les louanges du régime russe pendant la Coupe du monde. Nous vous demandons de veiller à ce que le sport soit au service de la paix, pas de la guerre».
La montée des résistances aux ONG intrusives
Sergei Stankevich
Dans l’entretien de Vladimir Ardaev Sergei Stankevich indique
«toutefois, ses activités font face à une résistance de plus en plus féroce des gouvernements nationaux. Ce qui s’est passé en Russie se passe aujourd’hui dans beaucoup d’autres pays, et le nombre de ces pays est en croissance».
En Russie, OSF depuis 2015 est considéré comme indésirable et ses activités ont été interdites.
Son implantation avait eu lieu dans les années 1990, lorsque le pays s’était engagé sur la voie des réformes libérales et démocratiques.
En Israël, le ministère israélien des Affaires étrangères a publié une déclaration en rapport avec Soros, déclarant que
« cet homme a encore et encore essayé de saper le gouvernement démocratiquement élu d’Israël en soutenant diverses organisations qui répandent des mensonges contre lui…et essayer de le priver du droit de légitime défense».
En Hongrie, une loi sur l’éducation a été adoptée, qui a permis la fermeture de l’Université d’Europe centrale (CEU), fondée et parrainée par Soros. Malgré des manifestations, la loi a été promue par le premier ministre hongrois Viktor Orbán, qui avait accusé à plusieurs reprises des dizaines d’institutions financées par l’OSF d’essayer d’influencer la politique de son pays, en particulier sa position son programme sur l’immigration.
Par ailleurs, les autorités polonaises ont décidé de bloquer les transferts du fonds Batory, financé par Soros, qui implantée Norvège ONG polonaises pour parvenir à un changement de gouvernement d’ici 2020. Rien qu’en 2014 Batory a distribué parmi les institutions en Pologne environ 31,7 millions d’euros.
Les autorités polonaises soulignent que malgré la «promotion de la démocratie parlementaire» comme objectif, ces ONG attaquent les valeurs catholiques traditionnelles qui sont soutenues à la fois par la majorité de la population et par le gouvernement.
Milos Zeman,
À son tour, le président de la République tchèque, Milos Zeman, a accusé l’OSF de tentatives d’interférer dans les affaires intérieures du pays européen.
En Roumanie, les fondations Soros financent environ 90 organisations engagées dans des activités politiques douteuses et organisent des manifestations. À cet égard, le Parti socialiste de Roumanie appelle déjà à des contrôles plus stricts sur les organisations non gouvernementales.
Des politiciens de Bulgarie, de Serbie et de Slovaquie ont également fait des déclarations similaires.
En Israël, la Knesset, débat actuellement d’un projet de loi que les médias locaux appellent la «loi Soros». S’il est approuvé, il bloquera le flux d’argent vers plusieurs organisations à but non lucratif de l’OSF.
En Italie, le Président du Conseil Giuseppe Conte a annoncé qu’une enquête allait être menée sur le financement des ONG pro-immigration, notamment par l’OSF.
Les dernières élections américaines ainsi que le Brexit ont montré que l’influence de l’OSF est moins efficace car les révélations récentes de Wikileaks et DCleaks et l’écho des médias alternatifs ont affaibli leur crédibilité.
Le contre-pouvoir aux ONG et à la globalisation se met donc progressivement en place mais l’Union Européenne est déjà fracturée.
Fabien Denis
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