Une mutation génétique permet aux Amish de vivre plus vieux
Une étude a examiné les gènes des membres d’une communauté amish du nord-est des Etats-Unis.
De la communauté des Amish, cultivant les gestes pratiqués en Suisse, en Alsace et aux Pays-Bas aux XVIIe et XVIIIe siècles, on pourrait imaginer qu’ils tirent leur durée de vie – 85 ans en moyenne, contre 78 ans pour un adulte américain- d’une mise à l’écart des sociétés modernes et de leurs pollutions diverses. C’est en fait une mutation génétique très rare qui expliquerait leur longévité.
Une étude, menée par la faculté de médecine Feinberg de l’université Northwestern de Chicago, et parue mercredi dans la revue Science Advances, a examiné les gènes de 177 Amish, âgés de 18 à 85 ans, de la communauté de Berne, dans l'Indiana (nord des Etats-Unis). Parmi eux, 43 étaient porteurs d’une mutation du gène Serpine1, responsable d'une forte réduction de la production de la protéine PAI-1. Or cette protéine joue un rôle significatif dans le processus de coagulation sanguine. « Un déficit de PAI-1 ne conduit pas à l’hémorragie, il ne peut pas faire saigner, mais il doit aider à prévenir le développement de l’athérosclérose », la perte d’élasticité des artères, explique au Parisien le généticien Axel Kahn, spécialiste de thérapie génique. Chez les souris, une PAI-1 plus élevée conduisait à des signes de vieillissement prématuré.
Cette baisse de PAI-1 a pu aboutir à protéger les télomères, ces capuchons fixés au bout des chromosomes, et qui sont rabotés par les divisions cellulaires tout au long de la vie. Sans connaître le mécanisme qui a conduit à la préservation des télomères, l’étude a en effet constaté que ceux des 43 Amish étaient plus longs de 10%. En compulsant les registres de décès, les chercheurs ont pu déterminer que les ascendants de ces 43 porteurs du gène mutant avaient vécu dix ans de plus que les autres membres de la communauté dont les enfants ne présentaient pas de mutation.
« Une occasion unique d'étudier les effets biologiques de cette mutation génétique »
Voilà longtemps que la science essaie de comprendre pourquoi, dans telle famille, on vit plus vieux que dans d’autres. 320 000 Amish vivent actuellement en Amérique du Nord, et si la population double tous les vingt ans, elle se mélange très peu. L’absence de métissage rend leurs caractéristiques génétiques homogènes. « De fait, il y a moins de risque que leur longévité soit due au hasard, et plus de chances qu’elle vienne de cette mutation génétique », estime encore le spécialiste de la thérapie génique. C’est le hasard qui a conduit à cette étude, quand, il y a une vingtaine d’années, une membre de la communauté de Berne, a été conduite à l’hôpital pour recoudre une plaie à la tête. La jeune fille, qui avait failli mourir, hébergeait deux copies mutantes de Serpine1.
« Le groupe d'Amish de Berne offre une occasion unique d'étudier les effets biologiques de cette mutation génétique et de la réduction de la protéine PAI-1 sur la longévité des humains », ont souligné les chercheurs américains. « Il faut maintenant vérifier leurs observations dans la population générale, moins homogène », précise Axel Kahn. « Nous pensons que ce médicament peut avoir un double effet en agissant sur les processus moléculaires du vieillissement mais aussi sur les maladies qui y sont liées », a indiqué le professeur Vaughan, qui a dirigé l’étude.
Aux Etats-Unis, des chercheurs espèrent lancer l’essai clinique d’un inhibiteur de PAI-1 chez des patients obèses. Un essai est en cours au Japon, auprès de patients diabétiques présentant une maladie rénale. Des souris traitées avec la molécule TM5614 ont été épargnées de toutes les pathologies dues à la sénescence. Leur durée de vie a quadruplé.
(Encore que vivre plus vieux dans cette société qui devient une caricature d'une société aristocratique ne soit pas vraiment la panacée à moins que l'on ne guillotine les aristocrates. note de rené)
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