Les ressources convoitées de la Corée du Nord
Aujourd’hui, l’attrait pour l’exploration pétrolière perd du terrain face à l’émergence des nouvelles énergies et technologies, le plus souvent produites à partir de « Terres Rares » et les éléments qu’elles contiennent. Ces matériaux ne sont pas rares à proprement parlé, mais dispersés un peu partout sur la planète selon différentes concentrations. Cette situation fait de leur exploitation un enjeu géopolitique et économique majeur, désormais probablement encore plus que pour les ressources fossiles.
L’information, qui reste à confirmer avec précision, pourrait chambouler l’état géopolitique mondial actuel. Selon plusieurs sources, il se trouverait en effet qu’une très importante concentration de terres rares se trouverait en Corée du Nord. Cependant, la République Populaire Démocratique de Corée du Nord, pratiquement coupée du monde, n’exploite pas encore ces ressources.
Accès aux Terres Rares : un enjeu économique mondial
Erbium, Thulium, Cérium, Samarium… voici quelques-uns des nombreux éléments que contiennent les “Terres Rares” aujourd’hui au cœur de nombreux enjeux géopolitiques. Ces minerais ne sont en réalité pas rares en terme de quantités. On les nomme de la sorte car elles sont très dispersées sur l’écorce terrestre. Les métaux qu’il est possible d’en extraire sont utilisés par tout un chacun au quotidien dans de nombreux domaines, notamment technologiques. On en trouve dans la fabrication de smartphones par exemple, d’écrans plats HD, ou encore de batteries de voiture électriques. On les utilise également en médecine, comme le “gadolinium” injecté parfois lors d’IRM pour rendre les images plus contrastées. Bref, ce qui découle de ces « terres rares » est aujourd’hui partout autour de nous, et notre civilisation technologique repose sur leur accès.
Détail non négligeable, les terres rares sont également une matière essentielle à l’industrie de l’armement. Le “néodyme” est utilisé dans la réalisation de bombes, de lasers, de radars et de sonars, le “dysprosium” pour le guidage des missiles et des systèmes vidéos, ou encore le “terbium” en motorisation électrique. Selon les estimations de Statista et de La Tribune, le marché mondial de l’armement est depuis 2016 au plus haut point depuis la Guerre Froide. Sur le marché de l’exportation, les États-Unis dominent avec un tiers des ventes, devant la Russie, la Chine, la France et l’Allemagne, tandis que l’Inde et l’Arabie Saoudite achètent des armes en masse. Partout, ce marché est en croissance. La France vient d’ailleurs de marquer un (triste?) record historique avec plus de 20 milliards d’euros d’armes françaises vendues en 2016.
Selon l’United States Geological Survey (USGS), les principaux gisements accessibles de terres rares se trouveraient à ce jour, par ordre d’importance, en Chine, au Brésil, aux États-Unis, en Inde, en Australie, en Malaisie, en Russie, et au Vietnam. Les États-Unis posséderaient la 3ème plus grande réserve mondiale, avec la mine de Mountain Pass en Californie. Ils étaient ainsi les premiers producteurs mondiaux jusque dans les années 80, période à partir de laquelle la Chine a renversé le marché des Terres Rares pour conquérir aujourd’hui son quasi monopole mondial.Les principaux facteurs de cette prise de force du marché sont la mise à disposition d’une main d’œuvre peu chère, et un certain désintérêt pour les conditions environnementales et sociales du travail.
Cependant, de récentes études mènent à penser que la Corée du Nord, en dépit de sa petite taille, posséderait les plus importantes réserves en Terres Rares de la planète. Cependant, ces gisements ne seraient, à l’heure actuelle, pas encore exploités, faute de demande importante (le pays étant coupé du marché extérieur et n’ayant pas encore développé une société basée sur la consommation de masse).
La Corée du Nord assise sur une véritable mine d’or ?
Selon des experts, le site de Jongju, appartenant à Pyongyang, abriterait près de 216 millions de tonnes d’oxydes de terres rares, le double des réserves mondiales connues. En terme de valeur pécuniaire, si ces chiffres sont réels, la Corée du Sud estime à 2 800 milliards d’euros la valeur des ressources minérales de son voisin nord-coréen. En comparaison, le PIB de la Corée du Sud est d’environ 1 411 milliards d’euros.
Aujourd’hui, le pays est toujours sanctionné de nombreuses façons, principalement économiquement, par l’Otan et l’ONU. L’exploitation de ces matières premières représenterait un élément important dans les plans de Kim Jong-Un pour le développement du pays. En effet, l’utilisation de ces minerais pour l’industrie nord-coréenne rendrait possible un enrichissement sans précédent de cette nation, sans aucun besoin de réformer des institutions controversées. En dépit des convoitises, rien ne semble pouvoir débloquer l’exploitation des minerais du sous-sol Nord-Coréen à des fins extérieures, si ce n’est d’éventuels accords internationaux, la levée de sanctions commerciales, ou, cas extrême, une intervention militaire. Ainsi, ces éléments offrent un éclaircissement nouveau sur la situation géopolitique qui entoure la Corée du Nord, bien loin des frasques médiatiques et des calculs politiciens des différents hommes d’État.
D’aucuns estimeront que l’enrichissement et le développement possible de la Corée du Nord induira d’importantes conséquences sur la politique internationale et les échanges économiques mondiaux. Tandis que la Chine prend de la distance avec son ancienne alliée, diminuant drastiquement son importation de charbon depuis la Corée du Nord, au motif la “non-compatibilité avec leurs nouvelles normes anti-pollution”, la Russie de son côté lorgne de plus en plus sur les ressources de terres-rares du pays. Des entreprises sud-coréennes envisageraient également des accords économiques inédits pour pouvoir exploiter le filon.
De leur côté, les États-Unis, sous la présidence de Donald Trump, continuent de maintenir leurs menaces “de détruire la Corée du Nord” tant que Kim Jong-Un n’aura pas pleinement renoncé au développement de son arsenal nucléaire. Arsenal et armement dans lesquels l’usage de terres rares est hautement nécessaire. L’Europe, quant à elle, continue d’appliquer de grandes sanctions économiques. Ces sanctions consistent pour la plupart à l’interdiction des exportations de matière première et de tous les investissements faits en Corée du Nord par les entreprises de l’Union Européenne.
Néanmoins, il reste primordial de rappeler que les chiffres avancés pour la Corée du Nord doivent être pris avec prudence. En effet, les enjeux géopolitiques qu’ils induisent sont importants et les manipulations possibles, comme le rappelait déjà Jean-Christophe Victor dans l’émission « Le dessous des cartes » en 2015. Si les chiffres avancés viennent de la Pacific Century Rare Earth Mineral Limited, une société Britannique indépendante installée dans les Îles Vierges, certains observateurs Sud-Coréens suggèrent un manque de preuve pour confirmer ces données.
M.D
Sources : Arte
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