mercredi 22 novembre 2017

(Tiens, donc, le premier ministre hariri a laissé deux de ses enfants en Arabie Saoudite, en otage ? note de rené)

Le Français Macron couvre l'agression saoudienne (SCF)

par Finian Cunningham 21 Novembre 2017, 12:02 Hariri Macron Bin Salman Collaboration Arabie Saoudite France Liban Articles de Sam La Touch
Le Français Macron couvre l'agression saoudienne
Article originel : France’s Macron Covers for Saudi Aggression
Par Finian Cunningham*
Strategic Cullture Foundation, 20.11.17
Traduction SLT
(c) AFP
(c) AFP
 L'invitation faite par la France à Saad Hariri, premier ministre libanais assiégé, de passer " quelques jours à Paris" avec sa famille, a été perçue comme l'entrée en matière du président français Emmanuel Macron, doté d'une habile puissance douce, afin de résoudre les tensions entre l'Arabie saoudite et le Liban.
Moins charitablement, ce que Macron fait réellement, c'est donner une couverture cynique aux dirigeants saoudiens pour leurs actes extraordinaires d'agression contre le Liban et leur violation de la souveraineté de ce pays.
Deux des enfants de Hariri ont été laissés dans la capitale saoudienne Riyad alors qu'il se rendait en France le week-end dernier. Ont-ils été utilisés comme otages par les Saoudiens pour s'assurer que Hariri maintienne la position saoudienne sur les événements ? Certes, l'arrangement soulève des soupçons, mais le président français cherchait plutôt à affecter une apparence "normale", rien n'est inhabituel.
 La semaine dernière, le président libanais Michel Aoun a accusé publiquement l'Arabie saoudite de détenir Hariri à Riyad contre sa volonté. M. Aoun a déclaré que les dirigeants saoudiens violaient le droit international en arrêtant M. Hariri et en le forçant à démissionner de ses fonctions de Premier ministre libanais. De tels actes sont assimilables à de l'agression, a déclaré le Président Aoun.
Pourtant, Macron n'a rien dit sur l'ingérence saoudienne. Au lieu de cela, il a ensemencer le virtuel en accusant l'Iran d'être responsable d'une "agression" régionale, soutenant ainsi les affirmations saoudiennes selon lesquelles l'Iran fournissait des missiles balistiques au Yémen. L'Iran a rapidement condamné Macron pour avoir "alimenté les tensions régionales".
C'est tout le mérite du président Aoun de s'exprimer clairement, de dire ce qu'il est et d'exprimer ce que de nombreux citoyens libanais et de nombreux observateurs du monde entier ont conclu. L'ensemble de la débâcle est un affront scandaleux au Liban et au droit international par les dirigeants saoudiens, alors qu'il est pris en considération la convocation hâtive de Hariri à Riyad, la capitale saoudienne, plus tôt ce mois-ci, son discours télévisé de démission à la télévision saoudienne et son long séjour retardé dans ce pays. Ce qui est encore plus méprisable, c'est que l'ingérence saoudienne dans les affaires souveraines du Liban menace de relancer une guerre civile au sein du petit pays méditerranéen et, pire encore, une guerre dans la région avec l'Iran.
 M. Hariri a affirmé dans un entretien accordé plus tard aux médias, en Arabie saoudite, et dans des communications avec sa famille et ses amis qui sont de retour au Liban, qu'il n'avait pas été contraint de rester en Arabie saoudite. Cette allégation est trompeuse compte tenu des circonstances étranges du départ soudain de Hariri et de son séjour prolongé de près de deux semaines en Arabie saoudite.
Quoi qu'il en soit, le président du Liban, Michel Aoun, a conclu que quelque chose clochait dans cette saga, et il a explicitement accusé les dirigeants saoudiens de violer la souveraineté de son pays.
Par conséquent, s'il existait un principe ou une adhésion au droit international, les actions de l'Arabie saoudite devraient être condamnées catégoriquement par la communauté internationale, les Nations unies, l'Union européenne et la France, en particulier en raison de ses relations historiques avec le Liban en tant qu'ancienne puissance coloniale avant l'indépendance en 1943.
 Et bien non. Ce que nous avons à la place, c'est soit un silence honteux de Washington, soit des déclarations farfelues de l'UE. La chef de la politique étrangère de l'UE, Federica Mogherini, a publié une déclaration vague mettant en garde contre "l'ingérence étrangère" dans les affaires du Liban. Mais quelle est cette circonstance lâche ?
Le Premier ministre libanais Saad Hariri a été, en effet, détenu par l'Arabie saoudite et contraint de remettre sa démission à titre d'ultimatum. Il a été rapporté de manière fiable que les dirigeants saoudiens wahhabites étaient exaspérés par le fait que le groupe chiite du Hezbollah faisait partie du gouvernement de coalition à Beyrouth. Hariri est un politicien sunnite parrainé par les Saoudiens qui s'oppose au Hezbollah et, par extension, à l'Iran. Mais apparemment, il n'était pas suffisamment hostile aux yeux de ses partisans saoudiens. Hariri fut donc convoqué à Riyad et reçut l'ordre de démissionner le 4 novembre. (La défaite de la guerre secrète de terreur commanditée par les Saoudiens en Syrie a sans aucun doute joué un rôle dans le choix du moment).
Le président français Macron joue un jeu particulièrement glissant de soumission et d'opportunisme envers les despotes saoudiens.
Comme l'a rapporté la semaine dernière le briefing WorldView du Washington Post :"Le président français Emmanuel Macron a déclaré aux journalistes qu'il était important de dissiper l'implication selon laquelle Hariri était un prisonnier saoudien".
 Le journal poursuit en citant Macron en disant de façon plutôt creuse : "Nous devons avons besoin de dirigeants qui sont libres de s'exprimer. Il est important que[Hariri] puisse faire avancer le processus politique dans son pays dans les jours et les semaines à venir."
La question devrait être posée : pourquoi est-il important pour Macron de "dissiper l'implication que Hariri était un prisonnier saoudien"?
D'après la quasi-totalité des témoignages, y compris celui du Président libanais Michel Aoun, dont l'opinion devrait certainement primer ici, c'est exactement ce que Hariri a été auprès des Saoudiens - un prisonnier.

 Trois jours avant sa convocation à Riyad et son discours manuscrit de démission le 4 novembre - dans lequel Hariri a affirmé avec un ton dramatique incroyable qu'il était menacé d'un complot d'assassinat par le Hezbollah et son allié l'Iran - il a été rapporté que Hariri était en train de dîner avec le ministre français de la culture à Beyrouth. Pendant leur repas, il a reçu un appel téléphonique. Son attitude s'est assombrit, et il s'est éloigné immédiatement de la table pour un vol vers Riyad. Sans la compagnie d'assistants, Hariri a été accueilli à son arrivée par des fonctionnaires saoudiens qui lui ont pris son téléphone portable. Il n' a pas été accueilli par de hauts dirigeants saoudiens comme le prince héritier Mohammed bin Salman, ce qui aurait été un protocole diplomatique coutumier.
Tout ce qui concerne les deux prochaines semaines du séjour de Hariri en Arabie Saoudite marque une détention de facto contre sa volonté. Certes, il a effectué un bref vol vers les Émirats arabes unis pendant cette période, ce que les Saoudiens ont prétendu être la preuve de sa libre circulation. Les dirigeants des Émirats Arabes Unis sont étroitement alignés avec la Maison Saoudienne, et d'ailleurs Hariri fut bientôt de retour dans sa résidence de Riyad, d'où il continuait à tweeter à ses amis qu'il allait "bien".
 Ceci n'est qu'une imposture. Le fait est que l'Arabie saoudite s'est ingérée effrontément dans les affaires intérieures du Liban, essayant de forcer son premier ministre à démissionner. En outre, les dirigeants saoudiens ont accusé le Liban d'"actes de guerre" en soutenant les rebelles Houthi au Yémen; les Saoudiens ont également ordonné à leurs ressortissants de quitter le Liban; et il y a des informations selon lesquelles les Saoudiens poussent maintenant à suspendre Beyrouth de la Ligue arabe. C'est un comportement incendiaire insouciant de la part des dirigeants saoudiens.
Mais devrions-nous être surpris ? L'Arabie saoudite a fait preuve d'un mépris criminel absolu pour le droit international en raison de ses bombardements et de son blocus génocidaire contre le Yémen, où des groupes d'aide humanitaire ont averti que 50 000 enfants pourraient mourir cette année en raison de la privation forcée de la guerre saoudienne contre le Yémen, qui dure depuis près de trois ans.
 La monarchie saoudienne absolue s'est également livrée à un déchaînement interne d'arrestations de ses propres ministres du gouvernement et autres hommes d'affaires dans une audacieuse prise de pouvoir sous couvert d'une "lutte contre la corruption". En outre, les dirigeants saoudiens ont joué un rôle déterminant dans l'organisation d'un commerce juridiquement douteux et d'un blocus diplomatique contre le Qatar, au motif que ce dernier est un allié de l'Iran et qu'il soutient singulièrement les terroristes (ces dires émanent des Saoudiens qui ont financé des terroristes pour renverser le gouvernement en Syrie).
La criminalité et la conduite malhonnête de l'Arabie Saoudite est particulièrement fréquente et saute brutalement aux yeux de tous.
C'est pourquoi la prétendue "communauté internationale", les Nations unies, Washington, l'Union européenne et la France en particulier méritent une cinglante condamnation. Leurs déclarations muettes et farfelues sur la mauvaise conduite des Saoudiens à l'égard du Liban sont une honte. Ils se rendent complices de l'anarchie en se rendant complices des despotes saoudiens.
 Mais le Français Emmanuel Macron apparaît comme la première honte. Son invitation à Saad Hariri et sa famille à venir en France relève du cynisme pour couvrir les despotes saoudiens. À propos de l'annonce de l'invitation, Macron a déclaré que "ce n'était pas une offre d'exil".  Macron adoucit les entournures pour masquer ce qu'il en est réellement.
Vendredi, la veille de l'arrivée de Hariri à Paris, Macron a accusé l'Iran d'"agression" et a demandé des sanctions contre le programme iranien de défense antimissile balistique. Ainsi, Macron, sournoisement, apporte de l'eau au moulin du récit saoudien et blâme l'Iran, au lieu de condamner Riyad pour son ingérence et son agression flagrantes.
Encore une fois, en invitant Hariri à Paris, Macron se livre à la farce Saoudo-Haririenne selon laquelle tout est " normale " - alors qu'en réalité, les sordides manigances des deux dernières semaines constituent une violation scandaleuse et très grave du droit international et de la souveraineté d'un pays voisin par les Saoudiens.
 Avec cette sorte de "diplomatie" cynique, Macron montre que la France est loin d'être capable de jouer un rôle de leadership ou d'autorité morale au Moyen-Orient ou dans le monde.
Bien sûr, les intérêts économiques de la France aux côtés des despotes saoudiens, des ventes d'armes aux projets énergétiques et d'infrastructures, sont au cœur des calculs opportunistes de Macron.
Les ambitions de Macron d'engendrer une sorte de renaissance de la France en tant que puissance mondiale sont vaines et rien que de la vanité pure et simple. La lâcheté du président français face à l'agression saoudienne contre le Liban montre que Macron et ses prétentions de "puissance mondiale" n'est que de la poudre aux yeux.
*Finian Cunningham a beaucoup écrit sur les affaires internationales, avec des articles publiés en plusieurs langues. Il est titulaire d'une maîtrise en chimie agricole et a travaillé comme rédacteur scientifique pour la Royal Society of Chemistry de Cambridge, en Angleterre, avant de poursuivre une carrière dans le journalisme de presse. Il est également musicien et auteur-compositeur. Pendant près de 20 ans, il a travaillé comme rédacteur et rédacteur dans de grands médias d'information, dont The Mirror, Irish Times et The Independent.

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