ALENA : une ronde de négociations au goût amer
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Le reportage de Jean-Michel Leprince
La cinquième ronde de négociations sur l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) a pris fin mardi, à Mexico. La ministre des Affaires étrangères du Canada, qui n'était pas présente, assure que les négociateurs canadiens ont fait des progrès. Un avis que ne partage pas son interlocuteur américain.
RADIO-CANADA AVEC REUTERS
« Je suis très fière de dire que le Canada a déposé son chapitre sur les peuples autochtones, une première, et que nos négociateurs ont fait des progrès importants sur plusieurs autres chapitres », a déclaré Chrystia Freeland en point de presse, mardi après-midi.
Parmi les chapitres de l’accord qui ont progressé lors de cette cinquième ronde, on retrouve notamment la lutte contre la corruption, les télécommunications, les bonnes pratiques réglementaires, le commerce en ligne ainsi que plusieurs annexes techniques.
Sans surprise, la ministre note du même souffle que des différences persistent sur d’autres enjeux, par exemple sur « les règles d’origine et le chapitre 19 », ce dernier étant le mécanisme de règlement des différends, un point crucial selon le Canada.
« Nous voulons un bon accord, pas n’importe lequel », a-t-elle répété mardi.
Washington appelle au déblocage
Du côté américain, le ton est franchement plus pessimiste : le chef de la délégation de Washington, Robert Lighthizer, a ainsi déclaré mardi que « si nous avons accompli des progrès pour moderniser certains aspects de l'ALENA, je continue de m'inquiéter du manque de développements ».
« Jusqu'à maintenant, nous n'avons vu aucune preuve voulant que le Canada ou le Mexique soient prêts à s'engager sérieusement sur des aspects qui mèneront à un accord rééquilibré. Sans ce rééquilibrage, nous n'obtiendrons pas un résultat satisfaisant », a-t-il ajouté.
Entre Ottawa et Washington, Mexico adopte un ton plus posé. Le ministre mexicain de l'Économie Ildefonso Guajardo a mentionné que son gouvernement attendait que les États-Unis clarifient leur position sur la question des règles encadrant l'industrie automobile avant de présenter une contre-proposition.
Le Mexique et le Canada ont tous deux rejeté une proposition américaine visant à faire passer à 85 % le taux de pièces automobiles composant les voitures nord-américaines, en hausse par rapport aux 62,5 % actuels. Les deux pays ont aussi refusé d'accepter que la moitié du contenu d'un véhicule soit produit aux États-Unis, une demande à propos de laquelle l'industrie automobile a elle-même des réticences.
Ces exigences ont d'ailleurs entraîné des frictions lors de cette cinquième ronde de négociations, cette semaine; au dire du ministre Guajardo, le Mexique a consacré bien du temps à tenter de pousser les États-Unis à détailler les justifications sous-tendant leurs propositions.
Peu de progrès possible
Pour la première fois depuis que les pourparlers sur la nouvelle mouture de l’ALENA ont commencé, les chefs de délégation n’étaient pas présents lors de la cinquième ronde de négociations.
Des sources bien au fait du dossier ne s'attendaient d’ailleurs pas à ce que la séance à Mexico débouche sur des développements majeurs.
Ces sources qualifient la rencontre de « calme avant la tempête ». La dernière séance a mené à des querelles publiques et les dernières rondes devraient également produire des flammèches, alors qu'il reste des éléments-clés à aborder et que les États-Unis menacent constamment de déchirer l'accord.
Les négociateurs ont donc préféré discuter de sujets faisant plus consensus.
La suite aura lieu à Washington, en décembre, pour des discussions techniques, avant que les négociateurs ne se rendent à Montréal en janvier, pour la sixième ronde de tractations.
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