Macron reçu à Ryad par le prince héritier pour parler Iran, Yémen et Liban
Rédaction Reuters
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RYAD (Reuters) - Emmanuel Macron s‘est entretenu jeudi soir à Ryad avec le prince-héritier d‘Arabie saoudite, Mohamed Ben Salman, des derniers développements de la crise au Moyen-Orient, insistant sur l‘importance de la stabilité au Liban.
Emmanuel Macron s'est entretenu jeudi soir à Ryad avec le prince-héritier d'Arabie saoudite, Mohamed Ben Salman, des derniers développements de la crise au Moyen-Orient, insistant sur l'importance de la stabilité au Liban. /Photo prise le 31 octobre 2017/REUTERS/Jean-François Badias
Cette visite surprise du président français s‘inscrit en plein regain de tensions entre Ryad et Téhéran, les deux puissances antagonistes de la région, avec des répercussions au Liban et au Yémen, et cinq jours après une vague spectactulaire d‘arrestations dans les cercles du pouvoir saoudien ordonnées par le prince-héritier dans le cadre de la lutte anti-corruption.
“Le président de la République et le prince héritier Mohamed ben Salman ont échangé longuement sur l‘importance de préserver la stabilité de la région, lutter contre le terrorisme et surtout travailler à la paix”, rapporte l‘Elysée dans un communiqué publié dans la nuit de jeudi à vendredi.
Les deux dirigeants ont également “passé en revue les relations franco-saoudiennes, le partenariat stratégique entre les deux pays et discuté des possibilités de développer encore la coopération bilatérale dans le cadre de la Vision 2030 du royaume d‘Arabie saoudite”, ajoute l‘agence officielle de presse saoudienne SPA en référence au projet de modernisation et diversification économique du royaume porté par “MBS”.
“La France soutient la stratégie de développement du prince héritier définie dans sa ‘Vision 2030’ et salue son discours sur l‘ouverture de son pays et l‘appui à un islam modéré”, précise l‘Elysée.
MACRON INSISTE SUR LA STABILITÉ DU LIBAN
Leur entretien a porté sur la situation du Liban, cinq jours après la démission du Premier ministre Saad Hariri. “Le président Emmanuel Macron a rappelé l‘importance que la France attache à la stabilité, la sécurité, la souveraineté et l‘intégrité du Liban”, peut-on lire dans le communiqué de l‘Elysée.
Le Premier ministre sunnite du Liban a annoncé sa démission samedi depuis l‘Arabie saoudite, ajoutant qu‘il disait craindre pour sa vie. Il n‘a pas regagné le Liban. Emmanuel Macron avait annoncé dans la journée à Dubaï que Hariri n‘avait formulé aucune demande pour venir en France, démentant les rumeurs de ces derniers jours faisant état de sa possible venue à Paris.
“Des contacts informels ont été établis à ce stade mais aucune demande n‘a été faite en ce sens”, a-t-il poursuivi.
Le département d‘Etat américain a parallèlement annoncé dans la soirée que le chargé d‘affaires américain en Arabie saoudite avait rencontré Hariri mercredi à Ryad tandis que deux responsables gouvernementaux libanais ont accusé l‘Arabie saoudite de retenir le Premier ministre démissionnaire contre son gré.
L‘annonce samedi de la démission de Saad Hariri, dont le père Rafic Hariri a été tué en février 2005 dans un attentat imputé au Hezbollah - lié à l‘Iran - a attisé les tensions déjà vives entre Ryad et Téhéran.
Quelques heures plus tard, le ton montait encore d‘un cran entre les deux puissances antagonistes de la région avec l‘interception, près de Ryad, d‘un missile tiré du Yémen. L‘Arabie saoudite a accusé l‘Iran - qui soutient dans le conflit au Yémen les rebelles Houthis - d’être l‘auteur de cette “agression militaire”, ce que Téhéran a démenti.
Sur le Yémen, le communiqué de la présidence française indique qu‘Emmanuel Macron “a souligné sa préoccupation sur la situation humanitaire et sa disponibilité à faciliter une sortie de crise politique”.
Le Conseil de sécurité des Nations unies a demandé mercredi à la coalition dirigée par l‘Arabie saoudite de lever la fermeture temporaire des accès aériens, terrestres et maritimes annoncée en début de semaine afin d‘empêcher l‘armement des rebelles par l‘Iran.
L‘agence de presse officielle saoudienne SPA ajoute qu‘Emmanuel Macron a fait part de la condamnation française du tir de ce missile balistique.
”AUCUNE NAÏVETÉ À L’ÉGARD DE L‘IRAN (...)
MAIS AUCUNE POLITIQUE JUSQU‘AU-BOUTISTE”
Le communiqué de l‘Elysée ne mentionne pas l‘Iran, mais lors de sa conférence de presse à Dubaï, Emmanuel Macron a exprimé le souhait d‘ouvrir des discussions sur le programme balistique de la république islamique et sur la stratégie régionale iranienne.
“Le missile tiré depuis le Yémen qui est manifestement un missile iranien montre la force de l‘activité balistique et leur activité dans toute la région sur le plan balistique est aujourd‘hui extrêmement préoccupante”, avait-il estimé.
Tout en réaffirmant son intention de se rendre en Iran l‘année prochaine - “il est important de parler à tout le monde” -, le chef de l‘Etat a jugé nécessaire d‘encadrer l‘activité balistique iranienne et “d‘ouvrir un processus, avec des sanctions si besoin était, de négociation qui permettra d‘encadrer cette dernière”.
Au-delà de la question balistique, a-t-il estimé, il est indispensable d‘encadrer “l‘hégémonie iranienne ou les tentations hégémoniques iraniennes dans toute la région”.
“Il s‘agit de n‘avoir aucune naïveté à l’égard de l‘Iran, il s‘agit d’être aux côtés de nos alliés, en particulier les Emirats arabes unis, mais il s‘agit de n‘avoir aucune politique jusqu‘au-boutiste qui viendrait créer des déséquilibres voire des conflits dans la région”, a-t-il poursuivi.
Emmanuel Macron avait annoncé son déplacement impromptu à Ryad lors d‘une conférence de presse jeudi en fin après-midi à Dubaï, au deuxième jour de sa visite aux Emirats arabes unis.
Bureau de Ryad avec Sylvia Westall à Dubaï, Marine Pennetier et Jean-Baptiste Vey à Paris; édité par Yves Clarisse et Henri-Pierre André
(Trop tard pour le Liban, c'est en Israël que macron aurait dû aller. note de rené)
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