lundi 6 novembre 2017



Les Paradise Papers révèlent la soustraction au fisc de plusieurs millions d’euros par des proches du premier ministre canadien Justin Trudeau, champion de l’égalitarisme fiscal.
source : France Inter
Paradise Papers : Justin Trudeau éclaboussé
Paradise Papers : Justin Trudeau éclaboussé © Maxppp / Chris Roussakis
"Le système [fiscal] actuel encourage les plus riches à payer moins d’impôt et oblige les Canadiens de la classe moyenne à payer plus" déclarait Justin Trudeau sur son compte Twitter en octobre 2017.
Depuis son élection en 2015, le Premier Ministre canadien promet plus de transparence et défend depuis l’été 2016 un projet de réforme fiscale qui vise notamment à "sévir contre les fraudeurs du fisc" en investissant 523,9 millions de dollars supplémentaires sur cinq ans pour prévenir l’évasion fiscale et améliorer l’observation des règles fiscales.
Un an après le scandale des Panama Papers et les appels de Justin Trudeau à une coopération internationale contre les fraudeurs fiscaux, les Paradise Papers lèvent pourtant le voile sur un scandale qui vient éclabousser l’entourage proche du Premier ministre. Des acteurs clefs du Parti Libéral canadien sont en effet impliqués dans des montages offshores très opaques.
Milliardaire et ami d’enfance du Premier Ministre, Stephen Bronfman est un personnage central du Parti Libéral : il a orchestré les levées de fonds pour le parti pendant la campagne électorale de 2015 qui a abouti à la victoire de Justin Trudeau. Côté vie civile, il est à la tête de l’entreprise familiale, Claridge Inc., une société d’investissement située à Montréal qui se présente comme un "mécène" et investit notamment dans les tournées des Rolling Stones et de Madonna. 
Certains documents présents dans les Paradise Papers révèlent que Bronfman utilise Claridge pour créer un trust aux Iles Caïmans au début des années 90 : le Kolber Trust est ouvert en 1991 pour le compte du sénateur libéral Leo Kolber afin d’abriter 60 millions de dollars.
Rien d’illégal jusque-là : n’importe qui peut créer un trust offshore tant que les revenus gérés via ce trust sont déclarés aux juridictions dont dépendent ses propriétaires. Les données ouvertes américaines permettent d’ailleurs de voir que le Kolber Trust est présenté comme "un trust au profit de la famille Kolber", et plus précisément, les enfants du sénateur : Jonathan, chef d’entreprise israélo-canadien qui vit à Tel Aviv, et sa fille Lynne. "Le trust est organisé en vertu des Iles Caïmans, son activité principale consiste à investir dans les activités liées à la sécurité et aux intérêts commerciaux de tout genre"
Bien que le trust soit établi au nom du sénateur Kolber, les documents et nombreux échanges de mails découverts par le consortium international des journalistes d’investigation ICIJ, dont Radio France est partenaire, montrent que l’essentiel des fonds du trust provient de la famille Bronfman. Un prêt de 9 millions de dollars puis, quelques années plus tard, un second prêt d’un montant de 5 millions de dollars viennent l’abonder. 
Au fil des années, de prêts en prêts, le trust grossit pour atteindre 60 millions de dollars. Des montants dont une partie est dépensée par les enfants Kolber notamment au titre de “dépenses de vie courante”. On voit que le trust alimente aussi le développement des affaires familiales en Israël. C’est en effet là que le fils du sénateur, Jonathan, dirige les activités du groupe familial : "c’est la raison pour laquelle le trust a été créé" précise la fiche de renseignement d’Appleby à l’égard de son client. Des échanges de mails révèlent également des prêts importants du Kolber Trust à Anfield Ltd, société dirigée par Jonathan Kolber.

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