vendredi 1 septembre 2017

Comment le gouvernement italien mène sa bataille contre l'argent liquide
OLIVIER TOSSERI Le 30/08 à 06:00


Les artisans et commerçants italiens devront proposer le paiement électronique.

Dans un pays où l'évasion fiscale est estimée à environ 120 milliards d'euros par an, le gouvernement a déclaré la guerre à l'argent liquide. Dans le cadre de la loi de finances 2016, il avait déjà supprimé le seuil minimal pour l'usage de la carte de crédit (jusque-là fixé à 30 euros) et réduit les commissions bancaires pour les paiements inférieurs à 5 euros. A partir du 1er septembre, une mesure symboliquement forte va entrer en vigueur : les commerçants et artisans auront l'obligation d'offrir la possibilité à leurs clients d'effectuer des paiements électroniques.
En cas de refus, ils seront sanctionnés, avec des amendes d'un minimum de 30 euros. La mesure ne fait pas consensus : tout en se félicitant de cette initiative, les associations de consommateurs, à commencer par la plus importante d'entre elles, la Codacons, jugent la sanction dérisoire. Quant aux représentants des petits commerçants et des artisans, ils ont souligné les coûts engendrés par la gestion des POS (terminaux de paiement) imposés par les banques, qui peuvent dans certains cas atteindre 550 euros par mois.

La péninsule, championne des terminaux de paiement

Le paradoxe, c'est que les POS se sont pourtant largement diffusés en Italie, qui est aujourd'hui le pays européen le plus équipé, avec un taux de 3,2 pour 1.000 habitants. Et pourtant 83 % des transactions demeurent réalisées en liquide dans la péninsule, contre une moyenne de 65 % chez ses voisins. De même, plus de 80 % des Italiens ont une carte de crédit ou de débit, mais seuls 60 % environ l'utilisent fréquemment. Le nombre annuel de transactions numériques , quelles qu'elles soient, est ainsi de 44 dans le Bel Paese contre 154 en France, 224 au Royaume-Uni et 285 dans les pays scandinaves. Cette prédilection pour l'argent liquide a un coût évalué par Bankitalia à 8 milliards d'euros par an, soit 133 euros par habitants. En adoptant des habitudes de paiement similaires à ceux de ses voisins, l'Italie économiserait 1,5 milliard d'euros par an. Les comportements des Italiens sont en train d'évoluer. D'après l'observatoire Digital Innovation de l'Ecole polytechnique de Milan, les paiements numériques représentaient 190 milliards d'euros en 2016 parmi lesquels 30,4 milliards d'euros dus aux ordinateurs, tablettes et autres téléphones portables. Ils devraient tripler à l'horizon 2019, à 100 milliards d'euros. Autre boom, celui des cartes sans contact  : 40 millions sont aujourd'hui en circulation (soit 2 cartes sur 5), une solution désormais acceptée par la moitié des POS, deux fois plus qu'en 2015. En un an, les paiements par carte sans contact ont explosé de 700 %, pour des transactions estimées à 7 milliards d'euros, qui représenteront entre 50 et 70 milliards d'euros en 2019. Si le gouvernement italien n'a pas encore remporté la guerre contre l'argent liquide, il affine ses armes pour la mener.
Olivier Tosseri, Les Echos
 Correspondant à Rome
@OlivierTosseri
(Ca avance pour que les banques puissent encore plus nous "enculer" et le gouvernement, mieux nous contrôler. Un clic et plus aucun revenu, plus de sécu, plus de remboursement, suppression du téléphone, de l'eau, de l'électricité, plus de moyen de payer son loyer.....la mort social en un seul clic. note de rené)

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