Le Japon se lance dans la monnaie virtuelle
Vincent Lucchese source : Usbek et Rica
Des banques nippones veulent lancer une monnaie virtuelle complémentaire du yen à l'occasion des Jeux olympiques de 2020. Le projet vise autant à gagner de l’argent en réduisant la circulation d’espèces qu’à rattraper le retard pris par l’archipel sur le voisin chinois sur le marché des paiements mobiles. Un signe de plus de la course mondiale qui s’engage sur le terrain des crypto-monnaies.
Elle devrait être baptisée « J Coin ». Une monnaie virtuelle, complémentaire du Yen et convertible à taux constant avec la monnaie nippone (1 J-Coin = 1 yen). L’information vient du Financial Times (article réservé aux abonnés) qui affirme qu’un consortium de banques privées japonaises, porté par le Mizuho Financial Group et la Japan Post Bank, prévoit de lancer le J-Coin à l’occasion des Jeux Olympiques de Tokyo en 2020.
Du pionnier Bitcoin, il y a déjà 8 ans, à Ethereum en passant par le Namecoin, les crypto-monnaies se multiplient ces dernières années, donnant des idées à de nombreux Etats. (photo Flickr / domaine public)
La banque centrale du Japon et les autorités de régulation soutiennent également le projet. Un encouragement qui n’est pas anodin dans un pays où 70 % des transactions financières se font encore en liquide. Or, la gestion et le transport des espèces sont bien plus coûteux pour les banques et l’Etat que ne le serait une monnaie virtuelle. Sans compter le manque à gagner dû à la fraude, également favorisée par la circulation de cash.
Le consortium aurait chiffré, selon le Financial Times, le gain de l’arrivée de la monnaie virtuelle pour l’économie à hauteur de 10 milliards de yens, soit 75 millions d’euros. La stratégie nippone viserait aussi à rattraper le retard pris sur la Chine dans le secteur du paiement mobile, largement dominé en Asie par le géant chinois Alibaba, comme le souligne Les Echos.
Ruée mondiale vers les monnaies virtuelles
On ne sait pas encore si le consortium compte utiliser la blockchain pour sécuriser le J-Coin. La future monnaie virtuelle devrait en revanche être disponible via une application mobile et un système de QR code. Le Financial Times rappelle qu’avant cette initiative collective, une autre banque japonaise, le Mitsubishi UFG Financial Group a déjà lancé une crypto-monnaie basée sur la blockchain : la « MUFG coin ». Quelques 1 600 employés du groupe l’utiliseraient déjà pour régler leurs frais professionnels.
L’idée d’avoir sa propre monnaie virtuelle trotte dans la tête de plus en plus de nations. La Chine et la Russie sont en pole position pour développer la leur. Pékin a déjà annoncé vouloir utiliser bientôt la blockchain pour prélever des taxes sociales et émettre des facture électroniques, tandis que Moscou pourrait viser un véritable avantage géostratégique. Les Palestiniens en veulent une pour affirmer leur souveraineté. Enfin, les Suédois et les Allemands sont eux aussi sur le coup.
Autant de projets qui annoncent la disparition du cash davantage que la généralisation de la technologie blockchain. Car celle-ci reste peu compatible, pour ne pas dire antinomique, avec les ambitions centralisatrices des Etats. Et surtout, elle n'a toujours pas résolu le problème de son énorme consommation d’énergie, qui ne rend guère enviable sa globalisation.
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