Kurdistan irakien: Erdogan met en garde contre un «risque de guerre ethnique»
Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est déjà exprimé sur le référendum d'indépendance du Kurdistan irakien, à Istanbul, lundi 25 septembre 2017 (image d'archives).REUTERS/Murad Sezer
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a mis en garde ce mardi 26 septembre contre un risque de « guerre ethnique et confessionnelle » si le Kurdistan irakien menait à terme son projet d'indépendance auquel Ankara s'oppose fermement. La Turquie promet de recourir à des sanctions économiques, voire militaires, contre les autorités d'Erbil.
Le président turc ne décolère pas. Non seulement Recep Tayyip Erdogan n'est pas parvenu à convaincre Massoud Barzani, le leader kurde irakien dont il s'était fait un allié, d'annuler son référendum sur l'indépendance, mais cette « trahison », ainsi qu'il l'a nommée, risque de ne provoquer rien de moins qu'une « guerre ethnique et confessionnelle », s'est emporté le chef de l'État turc.
La Turquie se dit prête à mettre en péril dix années d'échanges commerciaux fructueux - de l'ordre de 7 milliards de dollars chaque année - avec son voisin régional pour lui faire entendre raison, indique notre correspondante à Istanbul, Anne Andlauer. Recep Tayyip Erdogan a ainsi menacé de fermer la frontière terrestre et « les vannes » de l'oléoduc qui permet au Kurdistan irakien d'exporter, via le port turc de Ceyhan, la majeure partie de son pétrole.
En plus des représailles économiques, des « options militaires » sont aussi à l'étude, a ajouté le président turc dont l'armée mène depuis une semaine des manœuvres à la frontière irakienne.
Mais avant d'appliquer, une à une, les sanctions prévues, les responsables turcs affirment vouloir se coordonner avec le gouvernement de Bagdad ainsi qu'avec l'Iran, un autre voisin régional hostile au référendum. Recep Tayyip Erdogan sera à Téhéran la semaine prochaine.
La Syrie évoque une « autonomie » des Kurdes
En Syrie voisine, le ton est différent. Rappelant l'attachement de Damas à l'unité de son voisin irakien, le régime de Bachar el-Assad a certes critiqué le référendum d'indépendance des Kurdes d'Irak. Le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem écarte l'idée d'un référendum similaire dans les régions kurdes de Syrie. Mais pour la première fois, il évoque une possible « autonomie » des Kurdes syriens. « Cette question est négociable et peut faire l'objet d'un dialogue » lorsque le groupe Etat islamique aura été vaincu, déclare le chef de la diplomatie syrienne.
La question est en fait déjà posée. Les années de guerre en Syrie ont permis aux Kurdes de ce pays de prendre le contrôle de vastes territoires dans le nord du pays où ils installent progressivement leur système politique et administratif. Pour les Kurdes de Syrie, l'autonomie est déjà une réalité. En témoignent les premières élections locales organisées vendredi dernier dans les régions qu'ils contrôlent.
Ce sont des forces armées commandées par les Kurdes qui font chaque jour reculer l'organisation Etat Islamique dans l'est de la Syrie avec l'appui de la coalition internationale. Une situation que les Kurdes syriens comptent bien utiliser à leur avantage pour obtenir un jour le statut d'autonomie qu'ils revendiquent.
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