samedi 21 janvier 2017


Asthme : un tiers des patients diagnostiqués n’a pas la maladie (Canada)

Les personnes diagnostiquées asthmatiques ne souffrent pas toutes de l'asthme. C’est le renversant constat auquel sont parvenus des chercheurs canadiens dans une étude publiée dans le Journal of the American Medical Association.  

La spirométrie

La spirométrie consiste à mesurer à l'aide d'un spiromètre les volumes et débits d'air qu'une personne est capable d'inspirer et d'expirer.
B. BOISSONNET / BSIP

















MAUVAIS DIAGNOSTIC. De nombreuses personnes soignées pour de l’asthme n’auraient tout simplement pas la maladie en raison d’un mauvais diagnostic. Pour l’équipe conduite par le Dr Shawn Aaron, pneumologue à l’hôpital d’Ottawa, près de 33 % des adultes examinés pour l’asthme dans le cadre de l’étude n’en souffriraient en réalité pas. Une précédente recherche menée en 2008 par le chercheur avait d'ailleurs abouti à des résultats similaires. Cette erreur s’appuie sur le fait que les personnes maladroitement déclarées asthmatiques n’ont pas subi le test approprié au moment du diagnostic. En effet, selon l'étude, seulement un peu plus de la moitié des sujets chez qui la maladie a été confirmée ont subi une spirométrie, la technique de dépistage consistant à inspirer dans un tube afin de permettre de connaitre le volume et la vitesse de circulation de l’air dans les poumons. Trop souvent, plusieurs patients sont déclarés asthmatiques sur la seule base des symptômes qu’ils présentent, déplorent les chercheurs. « Si l'on se fie juste aux symptômes et que l’on ne confirme pas par d'autres tests, on va se tromper souvent », s’insurge le Dr Shawn Aaron qui insiste sur « l’éducation des médecins et du public pour obtenir un bon diagnostic ».

Un traitement inutile

À l’origine de l’étude, les chercheurs ont d’abord voulu savoir si des patients diagnostiqués pouvaient se passer de traitement. Des médicaments qui coûtent parfois chers et qui peuvent provoquer des effets secondaires sévères. C’est ainsi que 613 participants présentant des antécédents d’asthme diagnostiqués par un médecin au cours des 5 dernières années ont été suivis entre janvier 2012 et février 2016 dans le cadre d’une étude de cohorte prospective multicentrique dans une dizaine de villes du Canada. Des tests actifs de provocation bronchique et une surveillance des symptômes ont permis de conclure qu’un patient sur trois n’avait pas la maladie. Chose préoccupante, l’étude a surtout permis de savoir que plusieurs personnes qui avaient été précédemment diagnostiquées à tort comme souffrant de l’asthme présentaient d’autres problèmes médicaux comme l’hypertension artérielle ou une maladie cardiaque pour lesquelles elles ne recevaient aucun traitement. Ces mêmes patients prenaient des médicaments contre l’asthme dont ils n’avaient clairement pas besoin, ce qui les exposait à des effets indésirables comme des mycoses buccales ou de l’ostéoporose.

Réévaluer le diagnostic

L’accès au test et les difficultés d’interprétation par le personnel médical sont des difficultés à considérer, selon les chercheurs. C’est pourquoi ils plaident pour une réévaluation du diagnostic de l’asthme chez les patients adultes afin de mieux cerner toutes les complexités entourant la maladie. « Les patients qui ont des difficultés à respirer devraient demander à leur médecin d'ordonner un test respiratoire (spirométrie) pour déterminer s'ils pourraient avoir de l'asthme ou des maladies chroniques, même pulmonaire obstructive chronique (MPOC) », recommandent les scientifiques. En tempérant tout de même : le mauvais diagnostic n’explique pas tout, car l’asthme peut s’améliorer dans bien des cas et le taux de rémissions spontanées n'est pas connu. Il est alors possible que des participants soient guéris.
Par Godefroy Chabi

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