(Le FBI ressort une ancienne affaire concernant bill clinton. Et, il me semble qu'il y a une odeur de corruption qui s'y mêle. Il aurait versé des petits sous au parti démocrate et peut-être aussi à la fondation clinton créée en 1997. note de rené)
Grâcié par Clinton, Marc Rich avait acheté l'or de Salsigne
source : LADEPECHE.fr
Publié le 25/02/2001
Grand Sud - GRAND SUD : Ce milliardaire poursuivi pour fraude fiscale est réfugié en Suisse. Il aurait obtenu son pardon en échange d'un don au parti démocrate.
Bill Clinton n'est pas parti de la Maison Blanche sur la pointe des pieds. Il a, en effet, gracié quelques personnalités qui sont en délicatesse avec la justice américaine. Des grâces qui font scandale. Passe encore pour son demi-frère Roger, suspecté d'avoir touché à la drogue.
Roger a été arrêté alors qu'il conduisait en état d'ivresse et il est soupçonné d'avoir offert ses bons offices pour obtenir le pardon de Bill. Il y a pire: le financier Marc Rich, accusé de fraude fiscale, a, lui aussi, bénéficié de la clémence présidentielle. Il vit en Suisse depuis longtemps - il a obtenu la citoyenneté helvétique -, il possède un passeport espagnol, il est aussi citoyen israélien. La justice américaine se demande si Marc Rich, par l'intermédiaire de son ex- femme, Denise, n'a pas « acheté » son pardon. Denise, en effet, a contribué pour un million de dollars au parti démocrate en général, à la campagne sénatoriale d'Hillary Clinton, et à la bibliothèque Bill-Clinton de Little Rock, dans l'Arkansas. Clinton a démenti. mais il y a doute. Car Marc Rich a vraiment acheté de tout. Ainsi a-t-il acquis, en 1989, à Salsigne dans l'Aude, des terrils dans lesquels il restait de l'or. Las! la mine a sombré.
Quand il allait incognito à Carcassonne
Marc Rich vient encore d'acheter. Depuis trente ans, ce multimilliardaire ne fait que ça. Son métier, c'est « trader ». Il achète des matières premières, si possible à bas prix pour les revendre avec le maximum de bénéfices quand le cours est très haut. Cette fois pourtant, Marc Rich n'aura pas de retour sur investissement: c'est sa grâce présidentielle qu'il a payé. La tractation a eu lieu pendant les derniers jours du mandat Clinton. On ne connaît du montant total que les honoraires de l'avocat, qui a engagé la procédure d'amnistie auprès de l'ancien président des Etats-Unis (plus de 2 millions de francs) et le prix du salon persan offert par la compagne de Marc Rich au couple Clinton, pour leur nouvel appartement de New-York (1,2 MF). Le parti démocrate aurait aussi reçu des dons via des « amis » de Marc Rich.
Le fugitif le plus recherché du monde, le « Sirven » de l'Amérique pourra couler une retraite dorée dans son palace suisse.
Car cette grâce lui évite les poursuites du fisc américain et du FBI, qui le traquent sans relâche depuis 1982. Trafics en tous genres, espionnage, une escroquerie qui porterait sur 10 milliards de dollars et une dette au fisc américain qui s'élève au moins à 350 MF: l'amnistie n'est finalement pas chère pour cet homme dont la tête fut mise à prix pour 750.000 dollars et qui n'a jamais osé remettre les pieds sur le sol américain. Pas même pour les obsèques de sa fille.
500 ans de salaire dans le sac de sport
La seule fois où un enquêteur a pu l'approcher, Marc Rich a fait apporter un sac de sport et il lui aurait dit: « il y a là-dedans tout ce vous gagnerez dans une carrière de flic qui durerait 500 ans ».
Car Marc Rich achète aussi tous ceux qui l'embêtent. Et quand il ne peut pas, il fuit. Surtout les journalistes. Pendant qu'il vit en Espagne, il emploie un sosie pour qu'il détourne l'attention des paparazzi. Un jour, dans un restaurant suisse, il reste dans les toilettes, jusqu'à ce que ses garde-du- corps évacuent manu militari un reporter américain présent dans la salle. Il ne se promène jamais sans garde du corps et ne roule qu'en limousine à vitres fumées.
L'une des rares fois où Marc Rich a parlé à la presse, en 1999 et par fax, c'était pour déclarer à un quotidien de Tel Aviv: « les Américains s'acharnent sur moi parce que je suis juif, que j'ai réussi et que j'ai contrarié les grandes firmes pétrolières ». Dommage car Marc Rich aurait beaucoup à raconter.
Né en 1934 dans une famille juive de diamantaires d'Anvers, Marc Rich passe son enfance en France. Il aurait suivi une cure à Luchon. La famille émigre aux Etats-Unis lorsque les Allemands franchissent la ligne de démarcation. A l'école, c'est un surdoué pour le calcul mental et les langues. Entré dans un cabinet de courtage comme stagiaire, il en devient, en six ans, le directeur général. Marc Rich « sent bien les coups » comme on dit dans le milieu. Il acquiert des tonnes de mercure dans les années 1950 juste avant la pénurie. Il réinvestit les bénéfices à Cuba, sous la dictature mais a déjà tout revendu avant la révolution castriste. Marc Rich n'hésite pas à aller là où les autres ne s'aventurent pas. En Amérique du Sud, il est le premier à acheter des céréales puis des fruits qui inondent les rayons des grandes surfaces d'Amérique du nord.
Il manipule les marchés
Mais Marc Rich sait aussi manipuler les marchés. Ainsi en 1981, il confisque tout l'étain mondial en accord avec l'état malais. Le cours flambe en six mois de 1000 à 4.000 dollars alors que le métal est globalement déprécié. Les acheteurs n'ont pas le choix et passent à la caisse. Quand le cours retombe, des milliers de mineurs malais perdent leur emploi et se révoltent.
En Afrique, il joue habilement de la décolonisation pour récupérer, en graissant la patte des nouveaux dirigeants, des tonnes de bois, de cacao, de minerais. Malgré l'embargo et l'apartheid, il réussit à alimenter l'Afrique du Sud au prix fort.
Mais c'est le pétrole qui a fait la fortune inquantifiable de Marc Rich. Dans les années 1960, il vit en Espagne, où Franco lui donne d'ailleurs une nouvelle carte d'identité. Il crée sa société. Et surtout, il invente le marché « spot » du pétrole à Rotterdam. Les chaînes d'hypermarché, les gros acheteurs comme les petits détaillants, parviennent ainsi à contourner les grosses compagnies. Et, en 1974, quand les cours flambent, Marc Rich qui a mis de coté du brut iranien à prix réduit réalise d'énormes profits.
L'OPEP ne fourre pas son nez dans les affaires: quand ils se rendent aux Pays-Bas pour vérifier les carnets de commande du spot, les contrôleurs passent en fait plus de temps devant et derrière les vitrines à lampes rouges d'Amsterdam qu'à Rotterdam, aux frais de Marc Rich. La success-story est trop belle pour être légale. A la mort de Franco, le « trader » de génie est déjà parti en Suisse. Il change encore de passeport. Le FBI le traque, mais ne parvient pas à le coincer quand il quitte la Suisse où l'autorité refuse toute extradition.
Sur internet, l'un des policiers « incorruptibles » affecté à sa recherche confie: « Nous avions des moyens considérables pour l'appréhender. Mais lui en avait encore plus pour nous échapper. On a tout essayé. Un jour en Espagne, on suivait sa Mercedes. Nous allions l'intercepter quand la guardia civil est arrivée en force avec des mitraillettes pour nous arrêter et simplement contrôler nos papiers et souffler dans un ballon. On a failli échanger des coups de feu. le contrôle a duré une heure ».
Les « rejets de flottation »
Avec une société installée à Zurich, dans ce pays peu regardant sur l'origine de l'argent et la légalité des transactions, il réussit des coups de poker sur le manganèse, l'argent, l'uranium. Il profite encore de l'envolée du pétrole brut en 1980 après la crise iranienne.
L'une des rares fois où Marc Rich s'est planté, c'est à Salsigne dans l'Aude. L'hiver 1989, il se rend dans la plus totale confidentialité à Conques sur Orbiel, près de Carcassonne. Il passe une nuit dans un hôtel 3 étoiles au pied de la Cité sous une fausse identité, nuit au cours de laquelle il se rend au siège des MPCS, la société qui gérait à l'époque la mine d'or. Il a rendez- vous avec trois hommes, pas un de plus, l'ancien directeur des MPCS, le représentant de la Cheni, une banque à capitaux koweitiens, et du BRGM, société à capitaux publics, actionnaires et propriétaires de la mine. Marc Rich leur rachète les « rejets de flottation », sortes de terrils baptisés haldes, dans lesquels il reste de l'or que l'on peut extraire par un procédé nouveau et peu coûteux, la cyanuration. Le cours de l'or est alors au plus bas. Marc Rich parie à la fois sur une remontée de l'or et sur cette nouvelle technologie. Et puis, l'or lui donne un peu la fièvre et manque à son palmarès. En plus, sa société, la SNC Lastours dont il détient 51 % des parts est programmée pour vivre six ans, de 1991 à 1996, le temps de vider tous ces tas de terre de leurs onces d'or. Mais le cours du métal jaune plonge encore et tout autour de la SNC Lastours, la mine de Salsigne sombre.
Six voitures par an
Marc Rich aurait englouti 22 MFdans l'affaire. Un gros mois de son train de vie. Car l'homme dit-on, change de voiture six fois par an de (jolie) femme tous les deux soirs (son divorce lui a coûté 200 millions de dollars). Il posséde quelques châteaux en Espagne et en Suisse, acquiert une impressionnante collection de tableaux impressionnistes (Renoir, Corot...) et se montre d'une générosité sans limite pour des oeuvres humanitaires. Mais à cette époque, il a cependant des raisons plus sérieuses de s'inquiéter que l'or perdu de Salsigne. En 1990, il détient à lui seul un tiers de la production mondiale d'aluminium tout simplement parce qu'il a devancé tout le monde lors des derniers jours de l'URSS de Gorbatchev. Aux charges d'escroquerie, les Américains ajoutent alors celle d'espionnage.
Même en Suisse avec beaucoup d'argent, c'est gênant. D'ailleurs, les affaires sur les matières premières sont moins florissantes dans cette époque où la nouvelle génération de « traders » s'oriente dans la nouvelle économie et dans l'ex-URSS où il est désormais grillé.
Marc Rich ne peut revenir en Espagne, où pourtant, hormis les journalistes, personne n'est trop regardant sur son passé et ses affaires. Marc Rich change à nouveau de nationalité: il trouve refuge en Israël, « le seul pays qui est vraiment le mien » dit-il.
Il veut revoir New-York
Depuis trois ans, il partage son temps entre Ashkelon, la station balnéaire d'Israël, et sa résidence luxueuse et peinte en rose de Züg dans les Alpes suisses. A 66 ans, dépassé par les nouvelles pratiques commerciales, il envisage d'abandonner les affaires. Il est sur le point de céder sa société au nouveau roi du pétrole, le multimilliardaire russe Mikhaïl Fridman. ses proches assurent qu'il n'a que deux rêves: garnir sa collection d'oeuvres d'art et revoir Ellis Island à New-York, où il débarqua avec ses parents pendant la guerre.
Il n'est cependant pas certain que sa grâce lui permette de revenir aux Etats-Unis. Une commission parlementaire s'intéresse de près à la façon dont il l'a obtenue auprès de l'administration Clinton. Et l'un des sénateurs qui la compose assure: « Cette fois, Marc Rich ne pourra acheter personne ».
Pascal JALABERT
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