Usine à légumes: quand l'agriculture débarque en ville
Par Sébastien Julian, publié le 24/10/2016 à 06:50 , mis à jour à 12:45
Cultiver des légumes en milieu urbain, c'est possible. C'est même un marché prometteur sur lequel se positionnent des entreprises japonaises, américaines et françaises.
Le bâtiment pilote n'a rien d'impressionnant: il ne fait que 50 mètres carrés au sol et à peine 7 mètres de haut. Mais, à terme, c'est bien une usine de 1000 mètres carrés qui devrait voir le jour en pleine agglomération de Lyon. Une usine verticale de cinq étages entièrement dédiée... à la production de plantes et de légumes!
"Ce n'est pas un canular ou un truc de baba cool. C'est une ferme urbaine techno. Nous y recherchons la productivité, la pureté dans le végétal", prévient d'emblée Christophe Lachambre, l'un des trois cofondateurs de FUL (Ferme urbaine lyonnaise). Au sein de cette chaîne de production d'un nouveau genre, les légumes poussent sans toucher le sol, grâce à l'hydroponie, une technique qui permet de faire de l'agriculture partout, même dans des zones bétonnées.
L'ensemencement du substrat se fait à l'abri des regards, dans de la tourbe, de la fibre de coco ou de la mousse synthétique. Les injections de nutriments assurent le développement des végétaux. Les algorithmes donnent aussi un coup de pouce: au fur et à mesure que la plante pousse, l'usine lui fournit - en la déplaçant automatiquement, si nécessaire - l'espace et la luminosité artificielle dont elle a besoin! Le système a de nombreux avantages: il utilise beaucoup moins d'eau et de pesticides que l'agriculture traditionnelle, le rendement est élevé...
Produits haut de gamme et qualité sanitaire
Au Japon, les géants du high-tech (Panasonic, Fujitsu, Toshiba) ont déjà leurs propres usines à légumes. Spread, le leader du marché japonais, produit déjà 20000 à 30000 laitues par jour dans son usine géante de Kameoka, qui alimente 2000 magasins! "Au Japon, c'est un peu particulier, il y a la pollution des sols par la radioactivité, et l'acceptation de la technologie est plus forte", explique un expert.
FUL, de son côté, mise autant sur la qualité sanitaire que sur le côté haut de gamme de ses produits. "Nous allons produire de nouveaux types de légumes et de nouvelles plantes destinées au secteur alimentaire, mais aussi au secteur pharmaceutique ou à celui des cosmétiques. Le marché qui se présente devant nous est immense", s'enthousiasme Christophe Lachambre.
Il n'est pas le seul à avoir prévu l'explosion de ce nouveau marché. L'assureur Prudential ou encore la banque d'affaires Goldman Sachs ont déjà investi quelques millions de dollars dans le secteur. Reste encore une inconnue: quel sera le goût de ces légumes 2.0? Pour certains experts, rien ne vaut la saveur d'un produit du terroir élevé dans la terre. Faux, réplique-t-on à FUL. "Nous avons fait des tests. Et nos produits sont supérieurs en goût et en visuel." Info ou intox? Les Lyonnais en auront bientôt le coeur net.
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