mercredi 27 avril 2016


Vendée : une PME invente le béton de demain

Par Emmanuel SérazinFrance Bleu Loire Océan et France BleuLundi 25 avril 2016 à 4:00
Les premiers blocs de béton, réalisés à partir du HP2A
Les premiers blocs de béton, réalisés à partir du HP2A © Radio France - Emmanuel Sérazin

Une PME vendéenne vient de déposer un brevet mondial ces dernières semaines. Son invention ? Le HP2A, une préparation à base d'argile qui promet de révolutionner le marché du ciment. Les enjeux économiques sont énormes.
Ce produit révolutionnaire a été mis au point dans le laboratoire de la société Argilus, à Chaillé-sous-les-Ormeaux, en Vendée. Il est né d'une rencontre entre un ingénieur, Daniel Hoffman, et Julien Blanchard, le PDG de la société. Le premier a expliqué au second qu'il venait de faire une découverte intéressante : il a trouvé le moyen de rendre l'argile aussi solide que du béton. Après deux années de mise au point dans le laboratoire d'Argilus, les deux hommes ont donné naissance à un procédé unique au monde : le HP2A, pour Haute Performance Activation Alcaline.

Un produit respectueux de l'environnement

Evidemment, les deux hommes se gardent bien de dévoiler la composition exacte de ce nouveau ciment à base d'argile. Pour protéger leur découverte, ils ont même déposé un brevet à l'échelle mondiale. Tout ce que l'on sait, c'est que l'HP2A est fabriqué "essentiellement à base d'argile, à laquelle on ajoute une série de molécules issues de matières premières que l'on trouve partout et à moindre coût". Et sa production affiche un bilan carbone très allégé, car il n'y a pas de cuisson. En effet, pour produire du ciment classique, il faut brûler du calcaire dans un four à 1300°. La fabrication d'une tonne de ciment génère une tonne de CO2, là où la fabrication d'une tonne de HP2A n'en génère que 50 kg, soit 20 fois moins ! Et cerise sur le gâteau, ce "ciment argileux" est recyclable jusqu'à 40 ans après son utilisation, et peut être réutilisé comme liant pour fabriquer à nouveau du béton.

Un enjeu économique mondial

Pour fabriquer du béton, il suffit de mélanger ce HP2A avec de l'eau et du sable. Mais là encore, le "ciment argileux" présente un énorme avantage sur le "ciment calcaire" : il peut être utilisé avec n'importe quel type de sable, voire avec des agrégats de construction ou des matières végétales comme le chanvre. A l'inverse, le "ciment calcaire" ne peut produire du béton que s'il est mélangé avec du sable dit noble, issu de rivières, de plages ou de carrières. C'est ce qui amène aujourd'hui des pays comme l'Arabie Saoudite à importer du sable pour produire le béton nécessaire aux constructions immobilières. Avec le HP2A, les Saoudiens n'auront plus qu'à piocher dans leur désert pour obtenir un béton aussi solide que celui que l'on connaît aujourd'hui. Et quand on sait qu'il se coule 100 tonnes de ciment à la seconde à travers le monde, on mesure bien l'enjeu économique que représente cette innovation.

Inventer les objets en béton de demain

Autre avantage de ce ciment argileux : son coût de production est identique, voire légèrement inférieur, à celui du ciment calcaire. L'invention est donc viable sur le plan économique. Cela n'a pas échappé à Total, Michelin et Airbus, qui ont décidé de soutenir la PME vendéenne pour l'aider à développer son produit, puis à le commercialiser. Comme il présente la même résistance que du béton classique, le béton à base de HP2A peut servir à construire tout ce que l'on connaît déjà : des trottoirs, du mobilier urbain, des panneaux anti-feu, les séparations centrales des autoroutes, etc. Mais comme il s'agit d'un procédé alcalin et pas cristallin, ce béton argileux offre davantage de souplesse dans la manière de le couler, permettant par exemple de créer sans difficulté des objets arrondis. La PME de Chaillé-sous-les-Ormeaux s'est donc associée à l'école de design de Nantes, pour demander aux étudiants d'inventer les objets en béton de demain.
La production de ce HP2A va débuter au début de l'année prochaine, et son arrivée sur le marché est annoncée pour le second semestre de 2017. Pour cela, le PDG d'Argilus envisage d'installer l'unité de production en Vendée, à deux pas des carrières d'argile déjà utilisées par la briqueterie qui a donné naissance à Argilus. La société emploie une quinzaine de salariés aujourd'hui, et elle envisage de doubler son effectif dans les trois années à venir.

(Cette manière de fabriquer des briques en terre, béton romain ou autre existe actuellement et est utilisé pour toutes les constructions en terre, sauf, que, eux ont breveté une manière de fabriquer qui est libre d'utilisation. Alors........vol de "recette traditionnelle ? note de rené)

Aucun commentaire: