La chute du prix du baril, en régression continue depuis juillet 2014, pourrait être un quasi-désastre pour l’Algérie. Selon les informations communiquées par les douanes algériennes, les revenus pétroliers du pays – et sa principale ressource – ont chuté de près de 40% au premier trimestre de cette année par rapport à la même période 2015.
Ainsi, sur les trois premiers mois 2016, les ventes d’hydrocarbures ont rapporté 5,5 milliards de dollars (4,85 milliards d’euros) contre 9,1 milliards de dollars (8 milliards d’euros) au premier trimestre 2015, ce qui correspond à une baisse de 39%.
Alors que de nombreuses années déjà, des voix s’élevaient pour alerter de la précarité économique du pays véritablement dopé à la manne pétrolière alors même que ses ressources en hydrocarbures tendaient à fortement chuter en volume à plus ou moins long terme, les hydrocarbures continuent à représenter l’essentiel des ventes algériennes à l’étranger, soit 93,19% du volume global des exportations, précisent par ailleurs les douanes.
Une diversification n’en est que plus urgente … alors que la chute des recettes pétrolières a conduit à creuser le déficit commercial, lequel a atteint 5,6 milliards de dollars (4,9 milliards d’euros) au premier trimestre contre 3,4 au premier trimestre 2015 (trois milliards d’euros).
Désormais, l’Algérie se voit contrainte de puiser dans ses réserves de change ainsi que dans le Fonds de régulation des recettes (FRR), constitué par l’excédent de revenus pétroliers d’hydrocarbures à partir d’un prix prévisionnel de 37 dollars le baril.
Après avoir dû renoncer ces derniers mois à de nombreux projets d’infrastructures, le pays envisage désormais de s’endetter sur le marché international. A noter qu’elle a épongé totalement sa dette externe datant des années 1990.
En février dernier, le groupe public algérien Sonelgaz a ainsi annoncé envisager de recourir aux marchés internationaux pour réaliser ses projets d’investissements, d’une valeur de plus de 9 milliards de dollars d’ici 2018. Les analystes considèrent que si différentes options existent pour financer les investissements de l’entreprise, seul l’endettement extérieur pourrait permettre de mobiliser le montant relativement important des besoins du groupe estimés à 1000 milliards de dinars, soit plus de 9 milliards de dollars.
Recourir à un financement auprès des banques algériennes ne peut pas être envisagé, puisque celles-ci disposent de capacités de financements limitées par rapport aux besoins de Sonelgaz. Lequel se trouve entre le marteau et l’enclume alors que l’absence d’investissements conduirait inévitablement à la dégradation des infrastructures du parc énergétique algérien, aux lourdes conséquences prévisibles y compris sur la paix sociale .
Or, le recours à l’endettement extérieur par Sonelgaz devrait très vraisemblablement nécessiter la garantie de l’État algérien. Lequel pourrait être amené à s’engager auprès des banques et organismes internationaux à supporter l’éventuel risque de défaut de paiement de Sonelgaz. Une manière en quelque sorte pour l’État algérien de s’endetter à travers le groupe pétrolier, après avoir affiché pendant des années un refus total des financements extérieurs.
Reste à savoir le taux d’intérêt qui sera appliqué, la règle étant en règle générale qu’il soit établi à partir de la notation émise par les agences de notation financière, telles que Standard and Poors, Moody’s et Fitch.
Or, l’Algérie, qui n’emprunte plus sur les marchés internationaux depuis plus de 15 ans, ne figure dans aucune liste de ces principales agences, et devra donc les solliciter en vue d’obtenir une notation. Et ce, alors même que la période est on ne peut plus défavorable pour elle.
Sources : AFP, TSA
Elisabeth Studer – 20 avril 2016 – www.leblogfinance.com
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