Mais que se passe-t-il au Haut-Karabakh ?
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5 avril 2016 source : Yahoo actualités
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C’est une enclave montagneuse coincée entre Azerbaïdjan et Arménie. Depuis 1994 la province faisait partie des “conflits gelés”. Mais depuis vendredi les combats ont repris. On tire au canon. Au moins 60 morts et 200 blessés dans les rangs des 2 armées. Que se passe-t-il ?
C’est ce que l’on appelle un conflit gelé. Quand les rapports de force s’équilibrent. Ni la paix, ni la guerre. La vie, la méfiance et les mémoires à vif.
A la chute de l’URSS, les Républiques soviétiques prennent leur indépendance. Dans le Caucase, à la frontière de l’Iran, l’Azerbaïdjan proclame son indépendance. Son voisin, l’Arménie, fait de même. Mais entre les deux, il y a une région de montagnes, le “jardin noir”, le Nagorny Karabakh ou Haut Karabakh.
Des montagnes enneigées, des plateaux à 2500 mètres, 150 000 habitants à majorité arméniens qui souhaitent vivre avec leurs cousins d’Erevan. La guerre éclate. Près de 30 000 morts, des massacres de civils. On comptera jusqu’à 800 000 personnes déplacées de part et d’autres. Le cessez le feu arrêtera le sang mais ne réglera rien politiquement.
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La carte du Haut-Karabakh (crédits : iTélé)
Les pyromanes sont ailleurs
Paix impossible, guerre improbable disent les experts. L’improbable risque pourtant bien de se produire à nouveau. L’étincelle n’est pourtant pas venue des combattants des montagnes. Les pyromanes sont ailleurs. A Moscou et à Ankara. En Russie et en Turquie.
L’Azerbaïdjan turcophone est traditionnellement soutenue par la Turquie. Certes le président Ilham Aliyev ménage son puissant voisin Poutine mais le cœur n’y est pas. Avec la Turquie, il partage une langue commune, une religion, une histoire et un ennemi commun : les Arméniens. Erdogan ne s’en cache pas : “Le Haut-Karabakh retournera un jour à l’Azerbaïdjan, son propriétaire originel” assurait-t-il lundi. Son Premier ministre en rajoute une couche : “la Turquie restera aux côtés de l'Azerbaïdjan, frère jusqu'à l'apocalypse”. Voilà qui s’appelle jeter un litre d’huile sur le feu.
L’Arménie elle, sait qu’elle peut compter sur Moscou. Même culture chrétienne, histoire commune aussi, et même si les Arméniens tentent de se rapprocher de l’Europe et des USA où vit une grande partie de la diaspora, les relations avec la Russie sont incontournables. Les Russes disposant d’une base militaire en Arménie.
Poutine veut sa revanche
En coulisse donc, deux ennemis, deux grands pays comme parrains. La Russie et la Turquie, deux puissances engagées dans un bras de fer dangereux. Depuis qu’un avion russe a été abattu sciemment par un chasseur turc à la frontière avec la Syrie, Poutine n’a pas décoléré. Il veut sa revanche. Par tous les moyens. Et le chef du Kremlin a la rancune tenace. Pression économique, énergétique, tout y passera. En face, Erdogan a pris la posture du fier Sultan qui ne cédera pas. On rejoue la fin de l’Empire ottoman. Le grand jeu, la diplomatie d’avant la guerre de 1914 où Russie et Turquie étaient en opposition frontale.
Du coup, on ressort la vieille recette de l’instrumentalisation des conflits. La guerre directe est impossible. Elle se fera par des intermédiaires. A chaque fois les marionnettes en sortent perdantes, mais l’histoire a la maladie du bégaiement. Le Haut Karabakh est à nouveau entré dans la spirale. A Moscou et Ankara, on s’amuse à tirer les ficelles. Le tonnerre gronde dans les montagnes noires.
(Le Haut Karabakh, comme la Crimée ont été cédés pendant l'ère soviétique à des républiques voisines et aujourd'hui, cette situation provoque des guerres et la mort des populations concernées. Dans le cas du Haut Karabakh, une population chrétienne, les arméniens, s'est retrouvé intégré dans une république à dominante musulmane. note de rené)
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