vendredi 5 février 2016


Issu de la société civile, ce collectif entend rassembler les citoyens français. Sa méthode ? Créer un nouvel espace de débat, dans lequel des participants tirés au sort deviendraient députés, afin d'essayer de faire entrer la démocratie participative directement au Parlement.


Image d'illustration issue du clip de présentation de Ma Voix (Crédit : Ma Voix)
Image d'illustration issue du clip de présentation de Ma Voix (Crédit : Ma Voix)
Ses membres sont des citoyens qui se retrouvent autour d'un même désir : celui d'un renouveau démocratique. Né en septembre 2015, au début de la campagne des élections régionales, le mouvement Ma Voix, soutenu par la journaliste Quitterie de Villepin  (anciennement proche du Modem), veut envoyer des membres anonymes issus de la société civile siéger au Parlement. 

Pour cela, le collectif entend former ses membres volontaires à l'activité de député. Une fois formés, un tirage au sort interne permettrait de présenter,"dans l'idéal", plusieurs d'entre eux aux élections législatives. Ces derniers auraient pour objectif d'exercer la fonction de député pendant cinq ans, soit la durée d'un mandat parlementaire. Le tout, en tentant d'insuffler une méthode de démocratie directe, dans laquelle chaque citoyen participe directement à l'écriture des lois.  
 
"[Nous voulons] nous réapproprier ce lieu qu'est l'Assemblée Nationale, la maison du peuple, notre maison. [Nous ne partons] pas à la conquête du pouvoir pour [nous], puisque [nous savons] qu'un tirage au sort désignera les candidats. Si je suis désignée, je serai heureuse de me mettre en disponibilité, mais ce qui compte vraiment, c'est que certaines et certains d'entre nous gagnent quelques sièges pour expérimenter la démocratie avec des outils du XXIe siècle", précise ainsi Quitterie de Villepin via son blog sur Médiapart.

Réunion de Ma Voix le 5 janvier à Paris, au Numa (Crédit : Ma Voix)
Réunion de Ma Voix le 5 janvier à Paris, au Numa (Crédit : Ma Voix)

Proposer une alternative en pratiquant la démocratie directe

À la base de ce projet, unevidéo, postée sur les réseaux sociaux à l'occasion de la conférence TEDx de La Rochelle les 5 et 6 novembre, et vue aujourd'hui plus de 300 000 fois sur Facebook. On y entend des bouches anonymes réciter un même slogan :"Nous sommes de ceux qui n’arrivent plus à aller voter la tête haute". Les raisons invoquées sont multiples et prennent leur source dans une désillusion politique partagée par 82 % des Français, selon un dernier sondage  CEVIPOF. Parmi elles, le sentiment de déconnection des élites ou encore la lassitude de"signer des chèques en blanc" aux parlementaires. Ces parlementaires, Ma Voix leur reproche leur appartenance à des partis politiques "archaïques". 
 
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Le mouvement entend donc mettre en place des outils modernes dans l'hémicycle : La formation à l'activité de député, par exemple, se fera grâce à des MOOC, des cours gratuits en ligne. Une école que Quitterie de Villepin définit comme "un simple cours d'éducation civique 3.0" et dont elle précise les modules : "Qu'est-ce que l'Assemblée Nationale ?", "Quel est le rôle du député ?", "Quel est le chemin de la loi ?", "Quel sera le rôle de ce député 'augmenté' ?"

Intervention de Dominique Cardon le 5 janvier à la réunion de Ma Voix au Numa (Crédit : Ma Voix)
Intervention de Dominique Cardon le 5 janvier à la réunion de Ma Voix au Numa (Crédit : Ma Voix)

Pas de ligne politique spécifique ?

Parallèlement à l'élaboration de ces MOOC, le collectif monte une plateforme de vote et de discussion qui doit "permettre aux citoyens de participer au débat des lois et à la prise de décisions". Ce site se veut consultable en temps réel par les membres du collectif, les internautes et le(s) futur(s) "député(s) Ma Voix" qui siègeraient à l'Assemblée. Et ce, pour permettre à tout moment au citoyen élu de communiquer avec n'importe quel électeur en ligne, et d'en entendre les doléances. 
 
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Des doléances que le collectif ne fait que rassembler pour le moment. Dirigé par aucun leader, il ne mentionne aucun porte-parole, et ne révèle ni le nombre de ses membres, ni leur identité. Interrogé par We Demain via Facebook quant à cette démarche d'anonymat, l'un d'entre eux s'est contenté de répondre "qu'aucun n'est plus légitime que l'autre pour parler au nom de [ce mouvement]". Sur sa page, Ma Voix n'en dit pas beaucoup plus, se présentant comme "un groupe de [personnes] d'horizons extrêmement divers, par [leurs] métiers, âges ou éventuels engagements militants". 

Sans hiérarchie ni représentant officiels, le collectif déclare en outre ne pas défendre de ligne politique spécifique :

 "Il ne s'agit pas de promouvoir une idée en particulier, mais de faire émerger une [autre] méthode pour permettre aux idées de se confronter et de se concrétiser." 

L'Acropole, à Athène, symbole de la démocratie (Crédit : A.Savin/Wikimedia Commons)
L'Acropole, à Athène, symbole de la démocratie (Crédit : A.Savin/Wikimedia Commons)
Leur méthode, le groupe tente de la définir dans leur charte collective , en cours de rédaction, mais aussi lors de réunions publiques organisées dans plusieurs villes de France. Des événements auxquels les internautes intéressés par Ma Voix ont collectivement invité, tour à tour, Dominique Rousseau, codirecteur de l'École de droit de la Sorbonne en 2013, Brigitta   Jónsdóttir  , député et membre du parti pirate islandais, et Dominique Cardon  , sociologue français. Ensemble, ils ont discuté du lancement "d'un nouveau mouvement politique qui ferait bouger les lignes".  
 
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Quant à son éventuel succès, on n'en sait pas davantage à ce jour. Seule indication : le nombre de "followers" sur sa page Facebook, qui rassemble 7 400 personnes depuis sa création en septembre. Pour autant, ce nouveau mouvement semble intéresser un certain nombre de personnalités. La prochaine invitée d'une réunion publique, qui se tiendra à Paris le 3 février, n'est autre que la philosophe Cynthia Fleury. Connue, elle aussi, pour sa volonté de créer "de nouveaux outils de citoyenneté active pour entrer dans un nouvel âge démocratique ".

("Un moyen d'éviter de nous laisser enfermer dans le piège "démocratique"  dans lequel nous enferme l'oligarchie anglosaxonne ? note de rené)

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