L'ONU s'inquiète du sort des pollinisateurs
Plusieurs espèces d'abeilles sauvages, de papillons et d'autres pollinisateurs sont menacées d'extinction, et la planète doit réagir avant que la chaîne alimentaire ne commence à en souffrir, prévient un impressionnant rapport scientifique compilé par les Nations unies.
ASSOCIATED PRESS
Les quelque 20 000 espèces de pollinisateurs sont cruciales à la récolte de centaines de milliards de dollars de cultures chaque année - des fruits aux légumes, en passant par le chocolat et le café.
Pourtant, 40 % des pollinisateurs invertébrés, comme les papillons et les abeilles, semblent se diriger tout droit vers l'extinction, affirme le premier rapport jamais réalisé sur la question. Les pollinisateurs ayant une colonne vertébrale, comme les chauves-souris et les oiseaux-mouches, s'en tirent à peine mieux, avec une espèce sur six menacée d'extinction.
Le rapport est incapable d'identifier un seul facteur responsable du déclin et en évoque donc plusieurs : l'évolution de l'agriculture qui entraîne une réduction de la diversité et des fleurs sauvages dont les pollinisateurs se nourrissent; le recours aux pesticides, notamment les néocotinoïdes, qui attaquent le système nerveux; la perte d'habitat causée par l'étalement urbain; la maladie, les parasites et les pathogènes; et le réchauffement climatique.
Le rapport découle de deux ans de travaux par des chercheurs de partout dans le monde qui se sont regroupés sous l'égide de plusieurs agences onusiennes pour évaluer l'état de santé de la biodiversité de la Terre, en commençant par les pollinisateurs.
Le rapport a été approuvé par 124 nations réunies vendredi à Kuala Lumpur.
« La variété et la multiplication des menaces aux pollinisateurs et à la pollinisation entraînent des risques pour la population et leur gagne-pain, peut-on lire dans le document. Ces risques découlent essentiellement de changements à la couverture terrestre et aux systèmes de gestion agricole, y compris le recours aux pesticides. »
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Mais ce sont des problèmes auxquels on peut trouver des solutions et, contrairement à la menace du réchauffement climatique, aucune action concertée des pays n'est nécessaire - ils peuvent agir localement, a dit le chercheur britannique Robert Watson, le vice-président du comité scientifique.
Les solutions concernées touchent essentiellement la gestion de la terre et de l'agriculture.
« On parle de mécanismes simples, relativement peu dispendieux, pour renverser la tendance favorables à des pollinisateurs indigènes », a dit le scientifique américain David Inouye, qui a collaboré au document.
Une partie du problème provient du fait que des territoires immenses sont consacrés à une seule culture et que les fleurs sauvages disparaissent. Les pollinisateurs apprécient notamment les pâturages - mais 97 % des pâturages européens sont disparus depuis la Deuxième Guerre mondiale. Le Royaume-Uni doit maintenant payer ses fermiers pour planter des fleurs sauvages.
« Les pesticides, et surtout les insecticides, ont une vaste gamme d'effets létaux ou sublétaux sur les pollinisateurs lors d'expériences contrôlées », explique le rapport, qui note que leur impact dans la nature est moins bien documenté. Les herbicides tuent les mauvaises herbes, dont les pollinisateurs ont besoin.
Les changements climatiques représentent « clairement un danger futur » puisque les pollinisateurs et les plantes ne seront peut-être plus au même endroit au même moment, poursuivent les chercheurs. Le quart des espèces anglaises de bourdons sont menacées, et ce type d'abeille est le plus vulnérable aux changements climatiques.
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