Le développement cérébral des enfants affecté par certains pesticides
source : Sciences et avenir
Une étude de l’Inserm indique qu’une classe d’insecticides couramment utilisée pourrait affecter les performances cognitives d’enfants qui en ont absorbé.
Des insecticides présents dans les shampoings antipoux notamment pourraient affecter le développement cognitif des enfants. B. BOISSONNET / BSIP
PELAGIE. La cohorte PELAGIE (Perturbateurs Endocriniens : Étude Longitudinale sur les Anomalies de la Grossesse, l’Infertilité et l’Enfance) est une étude qui a assuré le suivi de mères et de leur enfant, de la grossesse à l’âge de six ans. 300 couples mère-enfant de cette cohorte ont servi de base à une autre étude menée par l’Inserm pour évaluer la neurotoxicité des pyréthrinoïdes, molécules présentes dans des insecticides d’usage courant. Publiée en juin 2015 dans la revue Environnement International, elle laisse suspecter un impact sur le développement cognitif des enfants en contact avec ces produits.
Des résultats à confirmer
Les pyréthrinoïdes sont des produits utilisés comme insecticides par les agriculteurs, comme antiparasitaires chez les animaux et également dans les shampoings anti-poux. Ils agissent en bloquant la transmission des signaux nerveux chez les insectes, ce qui provoque leur paralysie. Ils sont fréquemment employés car leur toxicité sur l’homme et les mammifères est considérée comme faible par rapport à d’autres familles de molécules anciennement utilisées. Toutefois, compte-tenu de leur mode d’action, une équipe de l’Inserm a voulu tester leur innocuité sur le développement du système nerveux des enfants.
Grâce à la cohorte PELAGIE, les chercheurs ont pu recruter 287 mères au sixième anniversaire de leur enfant. Des psychologues se sont rendus à leur domicile pour évaluer les performances neuro-cognitives de l’enfant et les différents élément familiaux et environnementaux (tabac notamment) qui auraient pu influer sur leur développement. L’exposition aux insecticides pyréthrinoïdes a été estimée par le dosage de cinq produits de dégradation dans les urines de la mère lorsqu’elle était enceinte et dans celles des enfants à leur sixième anniversaire.
Une baisse significative des performances cognitives
Les résultats indiquent "qu’une quantité importante de deux métabolites chez l’enfant est associée à une baisse significative des performances cognitives" rapporte l’Inserm dans un communiqué. Aucun lien n’a pu cependant être établi entre l’exposition de la mère pendant la grossesse et le développement de l’enfant. "Bien que ces observations doivent être reproduites par d’autres études afin de pouvoir conclure définitivement, elles pointent sur la responsabilité potentielle à faibles doses des insecticides pyréthrinoïdes" sur le développement cognitif souligne Cécile Chevrier, chargée de recherche à l’Inserm, principal auteure de ces travaux.
L’Inserm souligne que les enfants sont fréquemment exposés aux pyréthrinoïdes du fait qu’ils ont une plus grande proximité aux poussières du sol, plus de contacts mains-bouches et plus de risques d’attraper des poux et donc d’avoir droit à un bon shampoing antiparasitaire. Chez les enfants, ces insecticides sont principalement par voie digestive et dans une moindre mesure par voie cutanée.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire